Mantes-la-Jolie : un guet-apens avec plus de 100 individus, des blessés et… « aucune interpellation » ?

émeutes Mantes-la-Jolie

Je n'ai aucune compétence judiciaire ou policière. Simple citoyen, je vois défiler, depuis des années, au sujet des violences qui embrasent régulièrement le pays, toujours les mêmes séries de faits, avec exactement les mêmes éléments de langage - et de réalité - dans la presse. Ainsi, pour les féminicides, le conjoint ou l'ex était déjà violent, souvent connu de la police et de la Justice, mais celle-ci n'a pas réussi à le mettre hors d'état d'assassiner sa femme. Pour les attentats, les terroristes radicalisés étaient aussi connus, parfois signalés, parfois fichés S, mais là encore, la Justice n'a pas su, ou voulu, éviter le passage à l'acte meurtrier. Et puis, pour les pièges tendus par des « jeunes » de banlieue aux pompiers et aux policiers, on a, aussi, toujours le même scénario : la voiture qui brûle comme appât, le coup de fil, les pompiers escortés et le guet-apens. À Mantes-la-Jolie, c'est encore ce qui s'est produit, jeudi soir.

Certes, on retrouve toujours les condamnations des ministres, dont l'un, Laurent Nuñez a reconnu que c'était une « attaque extrêmement violente ». Certes, la Justice a ouvert une enquête pour « violences avec guet-apens, arme et en réunion », « participation à un groupement formé en vue de la commission de violences » et « outrages » sur personne dépositaire de l’autorité publique.

Mais on retrouve aussi, dans le compte rendu de ce « fait divers » par 20 Minutes, la phrase fatidique : « Aucun individu n’a été interpellé. »

Et le simple citoyen de s'interroger. Pourquoi ? La nuit était trop noire ? Les individus cagoulés ? Et ceux qui sont allés directement aux urgences après leur petite attaque ? Ou bien fallait-il laisser retomber la tension ? Permettre à ces jeunes de retrouver leurs esprits après leur coup de feu ? Par crainte d'un embrasement ? Parce que la Justice avance à son rythme ? Parce que la police, déjà contrainte de battre en retraite, n'aurait pas les moyens de ? Il faudra, un jour, nous le dire. Sinon, le simple citoyen se fera son idée. Mais toutes ces raisons cumulées n'ont rien de rassurant. Surtout quand on sait comment la Justice et la police, par exemple lors de manifestations de gilets jaunes, ont procédé à des interpellations « préventives » en mobilisant des moyens exceptionnels, on s'interroge.

Et le simple citoyen pourrait se dire, un jour : si la police ne peut pas, alors... Alors qui ? L'armée ? Mais peut-être que les chefs de la police, et les hommes au-dessus d'eux, ceux pour qui ces choses qui se déroulent dans l'espace public sont un petit peu l'affaire quand même, s'interrogent aussi : alors qui ? Alors quand ?

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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