« Écoutez, mes amis, il n’existe aucune cause au monde pour laquelle je me sens prêt à tuer. Quoi qu’ils nous fassent, nous n’attaquerons personne, nous ne tuerons personne, mais nous ne donnerons pas nos empreintes, personne n’acceptera de le faire. Ils nous mettront en prison, ils nous feront payer des amendes, ils saisiront nos biens, mais ce qu’ils ne réussiront pas à nous prendre par la force, c’est notre dignité. Je vous demande de livrer un combat, de lutter contre leur colère, pas de la provoquer. Nous ne donnerons pas un seul coup, mais nous recevrons les leurs sans un mot. C’est notre souffrance qui leur fera comprendre leur injustice, notre souffrance, la souffrance de tout combat. Nous ne pouvons pas perdre. Nous ne pouvons pas. Ils nous tortureront, nous frapperont, ils briseront mes membres, ils me tueront peut-être, alors c’est mon cadavre qui leur appartiendra, et non pas mon obéissance. »

Ce texte est le premier discours de Gandhi dans sa lutte pour la reconnaissance de la dignité et de l’égalité des droits de la minorité indienne dans une Afrique du Sud soumise à l’apartheid.

Il est précédé, dans le film qui lui a été consacré en 1982, d’une scène qui pourrait en tous points se calquer sur notre situation actuelle. Gandhi, alors jeune avocat encore inconnu, rassemble sur une place quasi déserte quelques amis et connaissances. Là, sous la surveillance de la police, il leur demande de brûler le « permis » qu’ils doivent montrer à tout instant aux autorités, et qui marque leur statut de sous-citoyens.

Au cours de cette scène, il explique que la première étape vers leur nouveau statut sera l’élimination de cette discrimination. À ce moment, il brûle le document sous les yeux des fonctionnaires de police. Il demande à tous de faire pareil. « Nous allons brûler les permis dans le feu. »

Alors que la police réagit en assenant des coups de matraque à Gandhi, celui-ci, écrasé au sol, blessé, rampe pour rassembler les permis éparpillés au sol. Et il les jette au feu.

Par la suite, il arrive à rassembler une foule de plus en plus nombreuse, et c’est alors qu’il leur adresse le discours cité en introduction.

Ce plaidoyer semble devoir nous inspirer. Le gouvernement français, dans une régression morale sans précédent, a décidé de créer deux catégories de citoyens, accordant tous les droits aux premiers et aucun aux deuxièmes : les vaccinés et les non-vaccinés. Aux premiers la liberté d’aller et venir, de se divertir, de se faire soigner. Aux autres, les nouveaux parias, aucun droit, aucune liberté.

Évidemment, ceci est source d’une profonde injustice et doit être résolument combattu.

La France ne l’accepte pas, et l’ampleur des dernières manifestations le démontre. Il est probable que la mobilisation ira en s’amplifiant, et il faut en tous points la soutenir, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au retrait du passe sanitaire.

Le combat qui s’annonce ressemble au combat de ceux qui nous ont précédés, lorsqu’il s’agissait de défendre les droits de l’homme. Cependant, soyons prudents face au piège que pourrait nous tendre le gouvernement : celui de la violence. L’État aurait tout intérêt à laisser prospérer les extrêmes pour ensuite venir se poser en garant de l’ordre républicain.

Gandhi, dont l’action a permis l’indépendance de l’Inde, montre que seul l’esprit de résistance pacifique, mais déterminé à ne rien céder, peut devenir un levier puissant de transformation politique et sociale.

Puissions-nous alors nous en inspirer.

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04 août 2021 à 15:40

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