Scandale de la maltraitance animale : Le Point nous apprend, sous la plume de Jean de Kervasdoué, que la République, en la personne d'une inspectrice soucieuse de son devoir, vient de sanctionner un agriculteur en lui infligeant une lourde amende. « Un monstre » serait plus approprié. Qu'on se figure que ce paysan breton a oublié d'offrir à 128 de ses 2.600 porcelets... des jouets en plastique pour qu'ils puissent se détendre. Vous savez, ces balles antistress en mousse que l'on vend également pour les chiens. La moindre des choses. On comprend, ainsi, que la mise au pilori, pour cette barbarie, de l'intéressé, taxé tout de même d'une amende de 96.000 euros, était la moindre des choses, elle aussi. Ainsi fut donc fait.

Je ne suis pas personnellement opposé au bien-être animal, évidemment. Je comprends que certaines personnes soient révulsées par l'état de certains élevages ou les arrière-cours de certains restaurants chinois, comme l'a dénoncé récemment Le Parisien. Mais foin des délires écolos : il n'en va pas de même, évidemment, pour la chasse (dont les prélèvements sont une nécessité) et la corrida (qui est un spectacle tragique et grandiose, dans lequel tout le monde risque sa vie). Fin de la parenthèse. On peut, cependant, ajouter que le bien-être pourrait également être recherché pour les humains - et singulièrement pour les plus petits et les plus faibles d'entre eux. Mais passons.

En revanche, les directives européennes sur le bien-être des petits cochons me laissent songeur. Bien sûr, il paraît qu'une viande d'animal détendu est plus goûteuse. Il paraît que les bœufs japonais de Kobé, dont on peut couper la viande à la fourchette, sont massés quotidiennement à la bière. Mais on ne peut s'empêcher, à la fois, de compatir à l'injustice qui frappe stupidement cet agriculteur et de sourire devant tant de déconnexion tatillonne.

On frémit, au passage, à l'idée des sanctions que pourrait infliger une Union européenne vengeresse à des parents indélicats, à des maris violents, à des professeurs sadiques, si elle appliquait aux personnes la même sollicitude qu'aux animaux. On songe, aussi, avec délice aux pénalités qui s'appliqueraient à la finance, aux laboratoires pharmaceutiques ou aux fabricants d'OGM si la moindre dérive était aussi durement punie que lorsqu'il s'agit d'agriculteurs déjà saignés à blanc. Mais il n'en est évidemment pas question.

Un cochon qui manque de hochets, en voilà, un scandale ! Un scandale métaphorique, puisque de hochets nos cochons de Bruxelles ne semblent pas manquer.

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16 septembre 2021 à 13:30

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