LR : la fin est proche ?

ciotti
L’ambiance était électrique, au conseil stratégique de LR, ce mardi matin. Après le vote de la motion de censure qui a échoué à neuf voix près, les Républicains ont perdu le nord. Car la veille, alors qu’Olivier Marleix venait d'expliquer à la tribune que son groupe ne voterait aucune motion, 19 députés de son groupe l'ont contredit, manquant faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne.

Alors, c’en est fini, de LR ? Cette question se pose à vrai dire depuis l’échec de François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Cela fait six ans que les Républicains n’y arrivent pas. Tout d’abord saignés une première fois par les sirènes de l’élection d’Emmanuel Macron qui ont attiré quelques cadres en manque de ministère, puis séparés à l’Assemblée nationale entre les constructifs et les opposants. Six ans plus tard, les Républicains ne tiennent plus aucune métropole et la ville la plus importante gérée par LR pointe à la vingt-et-unième place du classement national (Nîmes). Récemment, c'est le maire d’Orléans Serge Grouard qui est parti en claquant la porte. « Je ne pense pas que le parti se scindera », déclare à BV l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy Maxime Tandonnet. « Les réfractaires ont besoin de l’étiquette et de l’investiture et aucun n’a intérêt à voir le parti s’affaiblir davantage. » Une impression corroborée par la sortie de Bruno Retailleau en bureau stratégique ce mardi matin, rapportée par le journaliste de Marianne Jules Pecnard : « On ne doit pas mettre la poussière sous le tapis, on est trop faible pour se diviser. »

On a déjà beaucoup écrit, ici, sur la fracture territoriale qui coïncide souvent avec « l’âme et conscience » des députés frondeurs. Ils sont les élus de la France rurale et périphérique dans les derniers bastions ayant échappé au RN et à la gauche, de Belfort à Charolles. En Moselle, dans le Lot et dans les Ardennes, les électeurs LR ne sont pas les cossus retraités des Alpes-Maritimes. Chacun des élus LR ayant voté pour la motion le savait bien évidemment. Et ils savaient aussi qu’ils devaient leur siège à leur enracinement local, certes, mais aussi à une étiquette assumée d’opposant à la politique d’Emmanuel Macron. Facteur primordial qui explique leur maintien. « Il y a trois lignes chez LR, analyse Maxime Tandonnet, les partisans d’un pacte avec Emmanuel Macron, les constructifs et les réfractaires. Ces derniers sont issus de la jeune génération et généralement enclavés dans des territoires ruraux. ». Ce sont ceux-ci qui ont largement voté la motion de censure.

Ils misent tous sur l’après-Macron ?

« Après avoir trahi les Français hier, Éric Ciotti vit désormais sa meilleure vie avec ses amis macronistes. » Le député RN de l’Oise, Alexandre Sabatou, a capté avec son téléphone un moment de rigolade entre Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Éric Ciotti (président LR). Trois anciens de l’UMP. Et cette complicité politique est assez symbolique.

 Sauf modification de la Constitution, Emmanuel Macron ne briguera pas de troisième mandat en 2027. « La Macronie ne lui survivra pas sous cette forme », soufflait, hier soir, un élu de la majorité. Et c’est visiblement ce qu’attendent les LR. « L’enjeu, c’est l’après », affirme à BV Jérôme Lavrilleux. L’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé est aujourd’hui collaborateur du député LR Alexandre Vincendet. Partisan d’un pacte de gouvernement avec Emmanuel Macron, il a fortement milité contre le vote de la motion de censure par les députés LR. La motion n’avait pas ravi non plus la vieille garde, à l’image de Jean-François Copé qui avait condamné l’initiative : « Indignes, ces députés LR qui ont liquidé le discours de vérité que nous tenions », a notamment cinglé le maire de Meaux, ancien président du parti. À l’image d’un Nicolas Sarkozy qui joue le rapprochement avec Emmanuel Macron, tous escomptent un pacte de gouvernement pour préparer 2027. « Je pense qu’ils font une erreur stratégique », réagit Tandonnet. « Le macronisme a atteint un niveau record d’impopularité. En 2027, tout ce qui a trait à Macron servira de repoussoir à électeurs. » Au fond, chez LR, on n’assiste pas à une divergence idéologique mais bel et bien à une divergence stratégique.

On écrivait ici que le radeau de la Méduse LR n’avait aucun intérêt à monter sur le Titanic. À moins de parvenir à remplacer le capitaine avant la venue de l’iceberg. Qu’il s’appelle Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou… ?

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

62 commentaires

  1. Ils préparent leurs valises pour rejoindre la macronie mais attention avec macron ça ne rigole pas ils ont intérêt à marcher droit.

  2. comme si s’opposer à Macron n’était pas beaucoup plus important que cette réformette mal fichue

  3. Je pense que ce Ciotti mérite d’être mieux connu …il vient à l’instant d’accuser gravement macron suite à l’interview de ce midi , après l’avoir soutenu hier en menaçant ses copains LR dé représailles s’il votaient la Motion de censure ….
    Je crois que c’est cet individu qui va achever LR …et tant mieux du coup

  4. Les LR ont certes perdu le Nord mais ils ont aussi perdu le Sud. Sont-ils à l’Ouest ? Je le pense, ils ne sont pas à l’Est puisqu’ils ne soutiennent pas notre amie la Russie dans la lutte acharnée américano-russe.

  5. Je vais employer un mot un peu vulgaire et cru, s’il vous plait Boulevard Voltaire, ne le censurez pas, mais la phrase que je cite est connue depuis des décennies : « Nous avons la droite la plus con du monde ». Je parle évidemment de cette droite qui s’est ralliée à Macron. Hein, Ciotti ?

  6. Les LR sont minoritaires à l’assemblée Nationale, aux prochaines élections législatives ils seront obligés de s’associer avec les Darmanien, les Le Maire, (surtout pas avec RN leur ennemi) afin d’exister. En attendant la droite républicaines n’existe plus, merci les dirigeants LR. Nous les Gauliste, on ira voir ailleurs surtout pas du côté des LR…ces traites!

  7. Vous dites, je cite: « Alors, c’en est fini, de LR ? Cette question se pose à vrai dire depuis l’échec de François Fillon au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Eh bien, que les choses soient claires: à,quoi est dû l’échec de
    François FILLON en 2017 ? La célérité du PNF à instruire une « affaire » pour discréditer François FILLON. Là dessus,
    les deux comparses de l’époque, Marine et Nicolas, se sont engouffrés dans la brèche et ont privé François FILLON des
    465.496 voix qui lui manquaient pour être au second tour. On a vu ce que ça a donné: Macron pour 5 ans et rebelote
    en 2022. Ceci étant, la « tradition » de traîtrise LR a joué, même à l’égard de François FILLON dès le soir du 1er tour. Pour moi, les LR se sont tiré une balle dans le pied; l’électorat saura s’en souvenir.

    • Fillon, hélas, portait en lui bien des tares de LR. Son porte parole ? Un certain Solère. Ses conseils les plus proches ? Le Maire, Riester, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Francois Copé, Benoist Apparu , Hervé Gaymard (Madame roulant pour General Electric après l’acquisition de la branche énergie d’ALSTOM) sa proximité avec Bachelot et puis ses imprudences d’une naïveté colossale, « le général en examen » les costars de Bourgi (actionné par Sarko ? ). Et la cerise sur le gâteau : 20h03 Votez Macron !
      Ciotti avec sa réaction sur de Fournas ne vaut finalement pas beaucoup mieux. Ils sont indécrottables. Ils sont incapables de sortir de leurs petites affaires.

  8. Les LR ne sont que des opportunistes à la recherche des avantages d’être élus . Sans conviction sincère et fiable . Donc au centre à géométrie variable , mais surtout pas à droite. Sinon la France ne serait pas malade comme l’est car ils en sont solidairement responsables avec la gauche macronienne.

    • Certains ont peut-être des convictions, mais ils n’ont plus rien en commun, encore moins que les NUPES. La plupart sont très satisfaits du mouvement brownien de M. Macron : un bon prestidigitateur détourne votre attention en la portant sur des détails insignifiants.

  9. Le dans 4 ans, il n’en restera que de la poussière ! Actuellement toujours pas d’homme providentiel.

    • Comme déjà dit, notre sauveur ou l’homme providentiel existe bel et bien en la personne d’E. ZEMMOUR mais vous l’avez manqué vous aussi, fallait voter pour LUI (à moins qu’il y aie eu une triche colossale n 2022 ?) et nous n’en serions pas. S’il se représente aux PRSIDENTIELLES, ne le manquez pas cette fois-ci sinon, le « coup de grâce » nous sera donné. Pour l’instant nous sommes entre le PURGATOIRE et l’ENFER…. Aux Gaulois de relever la tête et de tout faire en 2027 pour ne pas tomber définitivement dans le chaudron du diable.

  10. « l’étiquette et l’investiture » ça ne vaut que par l’adhésion des électeurs à une ligne politique claire. Autant vous dire cher Monsieur Tandonnet que pour LR ça ne vaut plus grand chose. Depuis pas mal de temps.

  11. Ce sont les derniers soubresauts de LR …C’est la phase terminale! Depuis que N. Sarkozy et Cie se sont moqué et ont TRAHI leurs électeurs ils ne sont plus crédibles.

  12. Ce parti LR est plus prêt de voter avec la NUPES que le RN. Vivement qu’il disparaisse, ils ont assez trahi.

  13. Cioti est l’archétype du traitre par excellence . Comment peut-on trahir ses électeurs et oser se regarder dans un miroir . Honte à ce triste individu et aux autres LR qui sont dans son sillage .

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