[Point de vue] Réforme des retraites : « Mobilisation générale », vraiment ? Et les banlieues ?

manif retraites
Les deux motions de censure proposées par ce que l'on appelle « les oppositions » ont été rejetées, ce lundi. Celle que présentait Charles de Courson, brièvement passé de l'ombre à la lumière, pour le groupe LIOT, a échoué à neuf voix près. On comprend, même si on ne l'approuve pas, l'exaspération éructante de Jean-Luc Mélenchon, qui en appelle désormais, face caméra, à une « censure populaire », par la rue. Outre que cette vision des choses ne montre pas une grande confiance dans la représentation nationale, on ne peut pas dire non plus que ce soit particulièrement constructif. Mais ils sont comme ça, les Insoumis : ils vivent encore dans la mystique révolutionnaire, la « mystique du coup de force », disait-on dans le camp d'en face, il n'y a pas si longtemps.
La Ve république est-elle sur le point de tomber ? Peut-être. Tous les chefs d'État, depuis Giscard, ont fait ce qu'ils ont pu pour saper l'édifice. De cette Constitution, que de Gaulle avait taillée à ses mesures et qui est bien trop grande pour un Sarkozy, un Hollande ou un Macron, il ne reste que l'illusion de la grandeur, l'ombre portée du gaullisme, vivante insulte à l'armée d'insectes qui peuple les allées du pouvoir. La rue suffira-t-elle à faire tomber le pouvoir? Peut-être, également. On se souvient que Macron était prêt, lors de la crise des gilets jaunes, à être exfiltré en hélicoptère. Il a peut-être vu en face, pour la première fois de sa vie, ce que pouvaient être les conséquences, dans le réel, des décisions qu'il prenait, d'une main légère, dans des pièces ministérielles et aristocratiques du Grand Siècle, trop belles et trop grandes pour lui, là encore. Les lâches ne pardonnent pas à ceux qui leur ont fait peur. Cela explique peut-être, sans verser dans la psychologie de comptoir, la haine d'Emmanuel Macron pour son peuple : ressorti vivant de l'épreuve, il se venge contre ceux qui l'ont fait chanceler. Cette fois, la réforme des retraites pourrait être le détonateur approprié.
La France, aux yeux du monde, est définitivement passée dans le camp des pays sous-développés. La France n'est pas « en voie de développement », c'est le contraire : elle est en voie de décadence, en voie d'involution, dirait-on avec les mots d'Evola. Elle tombe, de plus en plus vite, dans le bourbier des pays faillis. C'est Haïti dans le décor de Louis XIV. C'est l'Albanie à deux stations du Trocadéro. Hier, il y avait dans Paris des trafiquants de crack, des voleurs à la tire, des vendeurs de tour Eiffel agressifs, des « mineurs » à calvitie précoce et des « surmulots » le long des rues. En ce moment, il y a dans Paris des pyramides de poubelles, parfois en flammes, parfois dévorées par des bataillons de rats ; il y a des manifestants qui cassent et qui brûlent, des policiers qui les frappent, des stations de métro fermées et des trains en grève. Nous n'avons plus beaucoup de leçons à donner à qui que ce soit. Tout ce qui nous sépare de certains États africains ou latino-américains, c'est le décor dans lequel nous commettons ces ignominies, un décor trop grand pour nous, lui aussi, comme la constitution de la Ve pour Emmanuel Macron.
Mélenchon veut une mobilisation générale, une censure par la rue. C'est bien, papy. Mais la banlieue, alors ? Où est-elle ? Où sont-ils, les électeurs de La France insoumise qui se disent solidaires des luttes sociales mais ne défilent que pour demander le port du voile ? Où sont-ils, les fameux musulmans patriotes dont tout le monde (d'Alain Soral à Yassine Belattar) parle depuis vingt ans, mais que personne n'a jamais vus ? La banlieue se tait. La banlieue reste chez elle. D'abord parce que ce sont des histoires de Gaulois, tous ces trucs de retraite, et qu'en banlieue, on se débrouille. Ensuite, parce que tout cela fait les affaires d'une certaine partie de la jeunesse immigrée, qui voit bien que, pan après pan, tout semble se casser la figure et que (clou du spectacle) ce sont des embrouilles de Français entre eux. On n'a pas vu les banlieues pour Charlie Hebdo, on ne les verra pas pour les retraites. Ces deux combats sont ceux d'une France de feignasses lobotomisées qui défendent le blasphème et les acquis sociaux, deux choses qui semblent absurdes à n'importe quel esprit sensé.
Quand les gauchistes se réveilleront, ce sera trop tard. Certains risquent bien de se retrouver à genoux, en pyjama orange, sur un quelconque littoral, prêts à être égorgés. Et à ce moment-là, ils se foutront pas mal de savoir s'ils ont tous leurs trimestres, mais ce sera trop tard. À chacun ses combats.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Mais c’est bien sûr que les banlieues ne bougeront pas ,ce n’est pas leur combat, ils attendent le pourrissement de ce qui reste notre France, pour ensuite profiter de cette situation tout comme au Liban.

  2. Avec une Borne et un borné orgueilleux et méprisant, on avait le choix : « C’est moi ou le chaos » Ouf, nous l’avons échappé belle, il aurait fallu choisir. Nous avons de la chance : Nous avons les deux!

  3. Les français se battent pour leur retraite, ils manifestent pour la,toucher mais les mêmes ne font rien contre le grand remplacement qui leur est imposé, pourtant ils peuvent constater que la diversité n est pas à leur côté, eux s en foutent carrément les droits leurs sont acquis d office même sans n avoir jamais cotisé du moment qu’ils aient plus de 65ans et qu’ils arrivent du Maghreb

  4. L’intervention de Macron vient de se terminer sur les chaînes télé. Comme d’habitude, il a « macroné », parlé pour ne rien dire, sauf accuser les Français de ne rien comprendre et d’être responsables de l’état de notre pays. Il instaure volontairement le chaos pour faire porter le chapeau du désastre aux Français. « C »est pas moi, c’est eux ». Se sauver devant un incendie au lieu de prévenir les pompiers est un comportement de lâche. Mais dans quel monde et sur quelle planète vit cet individu?

  5. Les « banlieues » s’en foutent car le « business » en général et le trafic de drogue en particulier n’imposent pas la retraite à 64 ans ! On s’arrête quand on veut ou quand on peut, parfois forcé pour prendre des vacances « à l’ombre ». Même les accidents du travail (sous forme de règlements de compte) ne sont pas reconnus par la Sécu ! C’est dire à quel point les préoccupations de certains « djeunes » sont loin, très loin de la retraite à 64 ans…

  6. Par contre on a vu les mêmes gens des cités qui brillaient par leur abscence défiler en nombre contre l »islamophobie, donc des revendications communautaires avec la présence remarquée d’un certain Mélenchon qui s’est fait par ailleurs le chantre de l’opposition à la réforme des retraites , donc une lutte plus universaliste celle ci . Toute l’ambiguité du personnage!
    Pour moi Mélenchon symbolise cette ambiguité , parce qu’il a refusé de s’allier avec le RN pour l’organisation d’un référendum qui aurait permis de clarifier les choses et aurait mis le gouvernement dans une sacré embarras .
    Mais est il là pour sauver les retraites ou le soldat Macron? Si Mélenchon et Macron devaient transiger le feraient ils sur le couteux assistanat social ou sur les retraites qui pour certains ne sont pas incomptatibles mais qui le deviennent à supporter en même temps par les français et leurs entreprises .
    On sait qu’un des critères du vote immigré est l’islamo compatibilité, mais aussi l’assurance de recevoir le salaire du RSA qui sera la base la quasi gratuité pour tout le reste . Hors les bénéficiares de ces largesses ont bien compris que les seuls qui ne mettront pas de conditions à cela seront les gauchistes en mal de voix et les mondialistes style Macron qui veulent rassurer le rentier . Pourquoi ? Parce qu’entre des têtes blanches accompagnés de joyeux lycéens , des travailleurs concernés défilant avec leurs petites banderoles et des voyous capables de bruler des écoles et tout ce qui leur tombe sous la main, il n’y a pas photo . On satisfera toutes les exigences des deuxièmes même si cela se fera sur le dos des premiers ! Pierre Gentillet a dit un truc très juste , l’argent de cette réforme va abonder les caisses de l’Etat, mais pourquoi ? Pour financer quoi ??

  7. Arnaud Florac, pas un mot à soustraire de votre commentaire objectif, réaliste, clairvoyant. Vous n’allez pas vous faire que des amis. J’entends déjà certaines réactions « complotiste », « d’extrême droite » , pour les plus classiques. La réalité effraye la France guimauve. On a tourné en dérision les aperçus de Poutine « Europe décadente » . Nous pouvons ajouter, « la France première de cordée ». Car tous les pays européens font les efforts nécessaires pour progresser, même les plus fragiles comme la Grèce. La France, elle, se déconstruit sous le regard complaisant de Macron, l’impuissance en chef.

    • Il n’a pas que le regard mais c’est bel et bien lui qui enclenché cette décadence exponentielle de la FRANCE ! … Le point de départ de son action ? atomiser l’énergie nucléaire électrique industrielle en sachant totalement ce que cela allait « produire » à moyen et à long terme ! … il faisait parti de l’équipe de « branques » qui ont attaqué de toutes parts le « nucléaire français » …

  8. « De cette Constitution, que de Gaulle avait taillée à ses mesures et qui est bien trop grande pour un Sarkozy, un Hollande ou un Macron,… »
    Malheureusement, s’il ne suffisait pas à Macron de se déguiser en aviateur ou en sous-marinier pour en avoir les compétences, le costume de président, lui, donne tous les pouvoirs au mannequin qui le porte, fut-il un guignol de la pire espèce.

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