À Londres, le 29 novembre, un terroriste a assassiné un homme et une femme et a blessé gravement une troisième personne. Après avoir été maîtrisé par des passants, il a été abattu par la police (Le Figaro).

Ce tueur avait déjà été condamné en 2012, avec une qualification terroriste, à seize années d'emprisonnement et il était sorti en libération conditionnelle au mois de décembre 2018.

Les leçons à tirer sont claires et je ne cesse de les répéter à mon niveau modeste. Elles sont valables dans tous les pays. Le terrorisme est une catégorie criminelle à part et les juges s'abusent quand ils lui appliquent les grilles judiciaires ordinaires.

La principale différence est que le terroriste islamiste, sanctionné, n'a qu'une envie : recommencer le pire ou, s'il n'a pas encore été condamné, le projeter et l'accomplir.

Il y a peut-être des miracles aboutissant à quelques rares succès de déradicalisation, mais la tendance forte est celle que je décris. J'approuve Boris Johnson qui a toujours soutenu que les criminels violents ne devaient jamais être libérés de manière anticipée.

Ce qui est déjà vrai pour la criminalité, si j'ose dire, classique l'est encore plus pour les terroristes. Face aux institutions, ils jouent la comédie, dans la réalité, ils tuent. Les sulpiciens n'ont aucune excuse : le terrorisme ne laisse, systématiquement et sans défaillance, que des morts sur son passage.

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Malgré les apparences, je crois que le rapprochement que je vais opérer avec le 19e arrondissement à Paris, dans le quartier de Belleville, n'est pas incongru. S'y révèle aussi une autre forme d'évidence qui est celle de l'abandon français.

Éric W., âgé de 21 ans, a été séquestré, torturé et frappé mortellement, le 29 novembre, dans les sous-sols d'une résidence.

Il y a sans doute une ironie tragique à ce que la mobilisation des riverains, face à ce crime dont on recherche les auteurs, se manifeste intensément alors que, peut-être, pour cette victime de trop, il s'agirait d'une « dette de drogue » (Le Parisien).

Ce qui importe est que les habitants indignés, lassés de l'indifférence, ont écrit une lettre au préfet de police - si j'en juge par son portrait (Le Parisien), il devrait être à même de réagir -, au maire PS de Paris et au maire d'arrondissement, également PS. Celui-ci, François Dagnaud, a échangé de manière improvisée avec certains d'entre eux sur un trottoir et a évoqué « un quartier mobilisé pour surmonter le traumatisme et avancer ensemble ».

Mais le lénifiant ne leur suffit plus. Les citoyens aspirent à bien davantage alors qu'ils ont « l'impression que malgré les alertes nombreuses des habitants, la ville de Paris, la région et les forces de l'ordre nous ont abandonnés ». Ils avertissent régulièrement, depuis plusieurs mois, « la cellule d'écoute et de doléances du commissariat du XIXe, les forces de l'ordre et les correspondants de nuit de la mairie de Paris concernant la dégradation des espaces publics et privés de notre rue, qui génère un sentiment d'insécurité et facilite l'installation de commerces parallèles dont nous pensons qu'ils ont mené au drame du 22 novembre... Nous avons besoin que nos institutions prennent soin de leurs administrés... »

Ces riverains ont prévenu, protesté, écrit dans le désert.

Les proches d'Éric ont ouvert une cagnotte Leetchi pour aider la famille à faire face aux frais d'obsèques et ils songent à "organiser une marche blanche". Éric W. était animateur scolaire depuis trois ans à l'école élémentaire du XXe... Si la drogue est au cœur de ce crime, on en tirera toutes les conclusions qu'on voudra !

Ce pourrait être une déplorable représentation de certains de nos quartiers. Où la transgression et la compassion, les réalités et les hommages n'ont plus de frontières. Où tout se mêle au plus grand désespoir de citoyens qui continuent à se battre pour un meilleur monde.

Il n'y a pas que les gilets jaunes qui ont été relégués, oubliés, négligés.

Dans le 19e, à Paris, comme dans beaucoup d'autres cités, des citoyens parlent, mais on ne les entend pas. Crient, mais les autorités font la sourde oreille. Préviennent et dénoncent, mais l'État et les institutions ont l'action ailleurs.

Un jour, la France explosera d'une colère trop longtemps rentrée.

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01 décembre 2019 à 12:00

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