Livre : Venezuela – Récit d’un désastre, de Jean-Marie Beuzelin
Les lecteurs de Boulevard Voltaire connaissent bien Jean-Marie Beuzelin à travers ses nombreuses et toujours très documentées chroniques sur le Venezuela et, plus largement, sur l'Amérique du Sud. Ce spécialiste du monde hispanique nous livre un petit livre qui permet de se faire une idée sur ce pays dont, finalement, nous ne connaissons pas grand-chose. Les Français sont tellement bons en géographie qu’ils seraient sans doute prêts à situer sa capitale au Panama ! "Les soirs depuis Caracas/Je panama, je partaguasse", chantait Brel… Un pays qui est tout de même grand comme une fois et demie la France et compte plus de 31 millions d'habitants.
Venezuela - Récit d’un désastre : un titre qui fâcherait sans doute notre leader massimo, Jean-Luc Mélenchon, défenseur acharné de la cause chávezienne. On se souvient de sa réplique, lors d’une débat en novembre 2017, avec Laurence Debray, fille de Régis : "C’est impossible de discuter en dix minutes d’un pays qui, depuis quatorze ans… simplement il vous fait enrager, ce pays, parce qu’il tient tête à tout le monde…" Impossible, peut-être, d’en parler en dix minutes, mais en cent trente pages, on peut rapidement se faire une petite idée sur ce pays découvert par Christophe Colomb en 1498, regorgeant de beautés, mais aussi de ressources naturelles et humaines… C’est tout le mérite de l’ouvrage de Jean-Marie Beuzelin, qui nous donne "les clefs pour comprendre", pour reprendre son sous-titre.
1998, élection d’Hugo Chávez à la présidence de la République. Cet officier parachutiste, on l’oublie un peu vite, avait fomenté, en 1992, un putsch, dans la grande tradition des pronunciamientos sud-américains. Échec, condamnation à trente ans et sortie de prison au bout de deux ans. Chávez fonde, alors, son mouvement politique et gagne l’élection présidentielle. "Le 2 février 1999, il prête serment sur la Constitution, qu’il qualifie aussitôt de moribonde… le chávisme est né." Le modèle de Chávez ? Le général Simón Bolívar (1783-1830), surnommé Le Libérateur, tour à tour président du Venezuela de 1813 à 1814, président de Grande Colombie de 1819 à 1830, président du Pérou de 1824 à 1827, président de Bolivie d’août à décembre 1825). Avec Chávez, tout devient alors bolivarien : la République, la Garde nationale, l’Aviation militaire, les missions, la radio, la bibliothèque et, bien entendu, la monnaie. Sans oublier le grand plan de redressement du pays, Plan Bolívar 2000. Hugo Chávez a-t-il lu Tintin et s’est-il inspiré du général Tapioca ? Jean-Marie Beuzelin ne nous le dit pas mais, vingt ans après, "le pays est dans une crise politique, économique, sociale, sanitaire sans précédent".
En octobre 2012, le nouveau Bolívar est réélu mais un cancer l’oblige à adouber son vice-président, Nicolás Maduro. En mars 2013, ce dernier annonce officiellement le décès de Chávez en accusant les ennemis du Venezuela d’avoir provoqué son cancer. À l’époque, on n’avait pas encore trouvé le vaccin à Cuba, comme l’a récemment prétendu Jean-Luc Mélenchon ! Chávez serait mort, en fait, le 30 décembre 2012, le temps de préparer la transition. Toute ressemblance avec… etc. Maduro, c’est un autre profil. Cet ancien syndicaliste de 120 kg et 1,90 m, qui n’a pas le charisme de son para de mentor, a commencé sa carrière politique comme garde du corps. Comme quoi tous les espoirs sont permis à certains…
En avril dernier, au moment où paraissait ce livre, le taux d’inflation du Venezuela était de… 18.000 %. Comment en est-on arrivé là ? Lisez ce livre… et les tribunes de Jean-Marie Beuzelin dans Boulevard Voltaire !
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :