Livre : Tout va basculer !, de François Lenglet

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Le journaliste François Lenglet avait écrit, dans un précédent ouvrage, que la mondialisation économique s’essoufflait, que les relocalisations étaient de plus en plus nombreuses et que le protectionnisme gagnait du terrain ; dans son nouvel ouvrage (Tout va basculer, Albin Michel, 2019), il nous annonce le retour des frontières, des États et de l’autorité, c'est-à-dire la fin de l’épisode libéral/libertaire dont les figures marquantes furent Margaret Thatcher, Ronald Reagan et… Daniel Cohn-Bendit.

L’idéologie libérale/libertaire, qui fut celle d’une grand majorité des baby-boomers, a eu des conséquences dans tous les domaines - économie, éducation, immigration, disparition des frontières et de notre autonomie législative - et ces conséquences ont provoqué une remise en cause radicale : « Nous sommes probablement à la veille d’un grand basculement idéologique, que jamais les baby-boomers n’auraient cru possible. » François Lenglet pense que les idées qui se répandent depuis 1990 sont à l’opposé de celles des baby-boomers, lesquelles seraient clairement en déclin.

Il distingue deux lignes de force qui traversent toutes les sociétés en ce début de XXIe siècle. La première, c’est la réhabilitation des frontières, autrement dit des nations indépendantes, et la seconde, le retour de la puissance publique et du protectionnisme dans l’économie.

Le reflux de l’idéologie libérale/libertaire serait, selon lui, un phénomène générationnel : « C’est ainsi que l’influence d’une génération progresse à mesure qu’elle s’intègre dans la société, et qu’elle reflue lorsqu’elle part à la retraite, pour s’éteindre lorsqu’elle meurt. Le libéralisme est en train de s’effacer, tout simplement parce que la génération qui le porte, celle des baby-boomers, est elle aussi en train de s’effacer. » Cette théorie est très certainement vraie, au moins partiellement, mais on peut se demander si cet effet générationnel n’est pas une conséquence du balancement perpétuel entre préoccupations individuelles et préoccupations collectives, lesquelles répondent à des tendances psychologiques et comportementales contradictoires acquises au cours de notre évolution.

Edward Wilson, qui est le grand spécialiste contemporain de l’eusocialité, a conclu dans ses derniers travaux (La Conquête sociale de la terre, Flammarion) que l’espèce humaine a subi deux pressions de sélection d’inégales importances : d’une part, une pression de sélection de groupe, dont les effets seraient prépondérants et sous-tendraient les comportements favorables à la cohésion communautaire (dont l’altruisme) et, d’autre part, une pression de sélection individuelle, dont les effets seraient moindres, et qui seraient à l’origine de l’égoïsme individuel et de l’égocentrisme.

Quoi qu’il en soit, le retour en force des sentiments nationaux est un fait majeur qui met en péril la construction européenne : « Par essence même, l’Europe [nota : l’auteur parle de l’Union européenne] est donc la négation des frontières, c’est pour cela qu’elle est complètement à contre-courant aujourd’hui et que ses chances de disparaître sont grandes », ce contre quoi les baby-boomers s’arc-boutent de toutes leurs dernières forces. De la même façon, ils résistent à tout changement qui mettrait en péril leurs économies. François Lenglet pose la question qui fâche : « Pourquoi les Grecs, les Italiens, les Français ont-ils préféré rester dans l’euro au prix d’une telle purge [il parle de la drastique politique d’austérité créée par la création de la monnaie unique] ? Il faut y voir encore la volonté des baby-boomers… Mieux vaut l’euro avec le chômage des jeunes, plutôt que le retour au franc avec la ruine des rentiers. »

Mais les baby-boomers commencent à disparaître (ce qui ne fera l’affaire ni de LREM… ni de LR) et ceux qui sont favorables à la pérennité de la nation et au retour de la solidarité nationale finiront par l’emporter.

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