[LIVRE] Mathieu Bock-Côté : face au wokisme, connaître son ennemi pour résister

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« Touz sont de nationalité allemande mais als vivent en France. » À Lyon-2, les étudiants en licence de droit ont eu la désagréable surprise de devoir déchiffrer un sujet d’examen rédigé en écriture inclusive. Adieu les « ils », les participes passés et adjectifs accordés au masculin… place, désormais, à la novlangue woke. Cette transformation de la langue française, accusée d’être inégalitaire, discriminante et sexiste, ne date pas d’hier. Mais de plus en plus, le langage inclusif, bras armé du wokisme, gagne du terrain en France, notamment dans les sphères intellectuelles. « Dans plusieurs endroits, l’écriture inclusive s’est imposée comme norme », s’inquiète, ainsi, Mathieu Bock-Côté, dans la nouvelle préface de son essai La Révolution racialiste et autres virus idéologiques (Éditions Litos, 2023), réédité en version poche. Et d’ajouter : « Qui demeure fidèle au français classique s’affiche de facto comme réactionnaire. »

Une société « trop » blanche

Le wokisme, virus venu des campus américain – ces « asiles à ciel ouvert », comme les décrit le sociologie québécois -, prend racine en France. Si, en 2021, date de la première parution de cet essai, le terme était encore inconnu, aujourd’hui, il n’est plus un jour sans que nous n’ayons pas à constater une offensive woke. Cible principale de cette offensive, le mâle blanc hétérosexuel, « nouveau bouc émissaire » de notre époque, est sommé de mettre un genou à terre et d’implorer le pardon. Après avoir déboulonné les statues, « on appelle à décoloniser les musées, le cinéma, le théâtre, la littérature en "déblanchissant" nos sociétés ». Et c’est ainsi que Cléopâtre, la petite sirène et même la reine d’Angleterre se retrouvent interprétées par des actrices noires. Côté littérature, Charlie et la chocolaterie et les romans policiers d’Agatha Christie sont les premières victimes de ce nouveau « politiquement correct ».

Mais les tenants du décolonialisme ne s’arrêtent pas là. Devenus champions de la comptabilité ethnique, ils en viennent à dénoncer toutes les sphères de la société qui ne seraient pas assez inclusives. Et ce, jusqu’à la cérémonie des César. Souvenez-vous, « en France, début 2020, on a pu entendre dire à Aïssa Maïga, au moment de la cérémonie des César : "C’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle" », souligne Mathieu Bock-Côté. Et de préciser : « Il s’agissait, sur le mode insolent, de faire le procès d’une salle trop blanche en réinventant le délit de faciès. »

Comment y résister ?

Ces théories racialistes, accompagnées de leur pendant LGBT et néo-féministe, doivent être « prises au sérieux ». Alors que nos nations ne parviennent plus à transmettre un sentiment d’appartenance patriotique et alors que les religions s’essoufflent, le mouvement woke offre à la jeunesse en quête d’absolu de nouvelles identités auxquelles se raccrocher.

Dès lors, comment résister à ce rouleau compresseur qui sape nos racines ? Est-ce peine perdue ? La première chose à faire « relève de l’hygiène intellectuelle et linguistique », soutient Mathieu Bock-Côté. Nous ne devons pas nous « laisser bluffer par la novlangue du régime diversitaire et toujours questionner le sens des formules qu’on nous présente comme des évidences ». Refuser cette novlangue woke, c’est refuser une déformation des consciences et de la réalité. Alors que le wokisme gagne chaque jour de nouveaux adeptes, le sociologue québécois refuse de baisser les bras. « Il est bien possible de croire que nous soyons déjà dans le monde d’après et que la civilisation que nous souhaitons défendre ne soit plus qu’une ombre sans que nous ne nous en rendions compte », admet-il. « Mais même si tel était le cas, cela ne nous dispenserait pas d’entrer dans une forme de dissidence inédite. »

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:22.
Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

19 commentaires

  1. L’occident post-45 a décidé de s’offrir un dernier trip qui le mènera inéluctablement à sa perte. Les élites de gauche et de droite « molle » ont autorisé puis administré les pires poisons à leurs sociétés. Le wokism et la Cancel Culture ne son que les symptômes d’une overdose. La devise de ces élites bien sûr est: « Quitte à partir, autant se défoncer une dernière fois. »

  2. « … le nombre de noirs dans la salle » et il y a toujours plus de noirs que de blancs à Dakar, Lagos et Brazzaville ? Le wokisme n’effacera pas la pire catastrophe maritime (par incompétence) du Joola au Sénégal qui fit plus de morts que celle du Titanic. Le wokisme ne masquera pas qu’en 2006, 80 compagnies aériennes africaines étaient interdites de survol de l’Europe car l’Afrique représentait 3% du trafic aérien mondial et 30% des accidents. Le wokisme n’oblitèrera pas que dans la plupart des pays d’ Afrique Subsaharienne les coupures d’eau et d’électricité sont récurrentes (c’est du vécu) et qu’en 2009, la totalité des brevets déposés par les 54 pays d’Afrique ne représentait que 0.3% des brevets du monde entier (source Bernard Lugan). Le wokisme n’évite pas que des millions d’africains fuient l’Afrique pour l’Europe et l’Amérique du Nord (en prenant des risques énormes) fuient le désastre qu’ils ont créé, fuient leur incompétence.

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