Livre : L’arnaque antiraciste expliquée à ma sœur (Réponse à Rokhaya Diallo), par Cyril Bennasar
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Cyril Bennasar est d’abord menuisier, c’est peut-être de là qu’il tient son solide bon sens, et ses deux pieds rivés sur Terre, le bois se laissant rarement attendrir par l’utopie et l’idéologie.
Du bois, en revanche, il n’a pas la langue. La lecture de son petit pamphlet, intitulé sans ambages L’arnaque antiraciste expliquée à ma sœur, publiée aux Éditions Mordicus Causeur, nous en convainc très vite. Sa « sœur », c’est Rokhaya Diallo : tout est parti d’une lettre que celle-ci a adressée à ses « ami.e.s réacs » de Causeur, l’été dernier. Et allez savoir pourquoi, Cyril Bennasar, qui contribue au magazine - il dédie, du reste, son petit bouquin à « Élisabeth Lévy, sans qui [il n’aurait] jamais écrit que des courriers à l’URSSAF » -, s’est reconnu. Il lui a donc répondu. Cela se fait, n’est-ce pas ? Cyril Bennasar, en homme bien élevé précise bien, d'ailleurs, qu’il n’est pas de ceux qui « honnissent [sa] personne », et même qu’il « admire la jeune femme vaillante et courageuse », qui « s’expose pour défendre des idées », lesquelles idées il descend aussi sec à la sulfateuse industrielle, modèle XXL : « Vous nous interpellez avec l’expérience d’une personne noire qui vit dans un monde blanc, et j’y suis sensible, plus qu’à vos recherches et à vos travaux. Je vous réponds avec celle d’un Français qui voit la France se tiers-mondiser et sa société régresser, se réensauvager, se déculturer, se déciviliser, se fracturer... » Et Cyril Bennassar de démonter gentiment pièce par pièce le fonds de commerce de la dame. Florilège.
Le contrôle au faciès ? Ce n’est pas une couleur de peau, que ciblent les policiers, mais une attitude, la « J'm’en bats les c… attitude », plus précisément - formule fleurie, mais c'est la saison - dont ils savent d’expérience qu’elle est en général adoptée par ceux qui ont décidé de leur donner du fil à retordre : « Lorsque j’étais plus jeune, avec des cheveux longs, un blouson de cuir et un peu plus de défi dans le regard qu’aujourd’hui, j’arpentais rarement les rayons de la FNAC sans être suivi par un vigile, tout blanc que je suis », témoigne-t-il. « En devenant adulte, en perdant mes cheveux et en mettant une veste, j’ai perdu l’attention des vigiles et des flics, et les surveillances ont cessé. »
La discrimination au logement ? « De votre côté, êtes-vous bien certaine que le propriétaire noir d’une salle de spectacle ne préférerait pas confier son bien aux vieux messieurs tranquilles de la fête de Radio Courtoisie plutôt qu’aux organisateurs d’un concert de gangsta rap ? »
La colonisation ? Parlons-en. « Quand on arrive quelque part et que l’on impose son mode de vie, c’est de la colonisation. Vous savez ce que c’est. À ceci près que cette colonisation ne construit pas les hôpitaux, elle les remplit. » On vous avait prévenu, Cyril Bennasar n’y va pas avec le dos de la cuiller en bois.
Mais après lui avoir montré de quel bois il se chauffe, il lui tend la main et évoque déjà sa rédemption : « La France vous a fait un bien fou, et vous ne voyez pas comment rembourser ? Comment rendre ce qu’on vous a donné, ce qui vous a permis de devenir ce que vous êtes ? Ce n’est pas dur, la France est bonne fille, elle se paye de mots, le témoignage d’un peu de reconnaissance, d’un peu de gratitude suffirait. »
Voici Rokhaya Diallo rhabillée pour le printemps. Jamais méchant, Cyril Bennasar n'est pas fait de ce bois-là, ce n'est pas son tempérament, et pourtant tellement percutant.
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