Les dessous du sommet sur le climat de Joe Biden

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Alors que les médias français s'extasient devant le « virage » des États-Unis et son sommet sur le climat, France Info ayant même titré « Climat : avec Joe Biden, les États-Unis opèrent un virage à 360 degrés » - montrant, au passage, que certains journalistes doivent avoir des lacunes en trigonométrie -, d’autres articles sont sortis expliquant les dessous de la grand-messe virtuelle organisée par Joe Biden.

Selon un article de Boursorama du 22 avril, « un à un, les dirigeants invités à participer à ce sommet virtuel, près de 100 jours après l'arrivée de Joe Biden au pouvoir, ont égrené leurs propres engagements et salué la nouvelle posture américaine après quatre années d'inaction et de déni sous Donald Trump ». Que s’est-il passé pour que cet événement quasi messianique se produise et que les dirigeants égrènent leurs engagements comme les boules d’un chapelet ? John Kerry, l’émissaire de Joe Biden sur les questions climatiques, a fait le tour des capitales pour prêcher la bonne parole, demandant à chaque dirigeant d’accepter un objectif de zéro émission à la prochaine grand-messe de la COP26 qui aura lieu à Glasgow, en novembre prochain. Ces paroles n’engageant que ceux qui les prononcent, même Xi Jingping s’y est mis, annonçant prudemment l’objectif d’une neutralité carbone d’ici 2060 (on a le temps de voir venir).

Les Européens n’ayant jamais hésité à joindre les actes aux paroles, avaient l’ambition, quant à eux, d’imposer une taxe carbone aux frontières. John Kerry, ce grand écologiste, les en a dissuadés, expliquant sans ambages, dans une interview au Financial Times, que cela devait être une solution de dernier recours. Joe Biden se pose en sauveur de la planète, mais les affaires sont les affaires et il ne faut pas gêner les exportations américaines ni troubler les règles de l’OMC.

Mais cette petite claque distribuée aux Européens (qui l’ont bien méritée) n’est rien comparé à ce qui semble s’être tramé avec la Chine. Selon un article de BBC News du 31 mars, la Chine refusait, jusqu’à présent, de participer à cette réunion préparatoire de la COP26 car les Britanniques lui reprochaient ses atteintes aux droits de l’homme contre les Ouighours. Force est de constater que la Chine était présente au sommet sur le climat. Quid des atteintes aux droits de l’homme ?

Le New York Post s’est également posé la même question. Dans un article du 13 avril, il rapporte des échanges « vigoureux » entre des officiels américains et des officiels chinois, ceux-ci se concluant par une phrase du ministre des Affaires étrangères chinois : « Il est impossible de demander le soutien de la Chine dans les affaires mondiales tout en s'ingérant dans ses affaires intérieures et en sapant ses intérêts. »

Les choses sont donc claires. Il ne reste plus qu’à prier pour les Ouighours et les Hongkongais. Dans le même temps, un article de BNN Blomberg* annonçait que l’Inde met aux enchères les licences d'exploitation de 67 nouvelles mines de charbon, mais peu importe, il y a des choses qui ne comptent pas face aux ambitions des « démocrates ».

* NDLR : chaîne de télévision canadienne d'information en continu spécialisée sur le monde des affaires.

Marc Le Menn
Marc Le Menn
Ingénieur en physique-instrumentation, docteur en électronique, auteur de nombreuses publications scientifiques, travaille dans un établissement public dédié aux sciences de la mer

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