L’interdiction de la messe traditionnelle confirmée : quand le pape François se macronise
Il y a quelque chose de macronien dans le gouvernement actuel du Vatican, ce qui, pour beaucoup de Français, n'est pas un compliment. La « Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements », avec l'assentiment du pape, vient de préciser les modalités d'application du motu proprio Traditionis custodes, qui restreint considérablement la messe selon le Missel ancien. Ce document précise notamment qu'il n'est pas possible de célébrer les sacrements (baptêmes, mariages, ordinations) avec les textes « d'avant la réforme liturgique du concile Vatican II ». Un tour de vis supplémentaire. Un passe liturgique plus contraignant qui doit inciter, sans les obliger, les brebis à aller vers la nouvelle messe : une démarche qui en rappelle une autre... Alors que l'Église prêche l'ouverture aux autres et dialogue avec toutes les religions, même les plus hostiles au christianisme, elle est particulièrement sévère à l'égard des fidèles et des prêtres catholiques qui n'apprécient pas sans réserve le concile Vatican II.
Le Saint-Père a fixé la ligne : il ne reste plus qu'à l'appliquer sans discuter. Nul besoin d'être expert en théologie pour douter de son infaillibilité en matière de liturgie, mais cela ne semble pas déranger ladite congrégation. L'Église a accepté, quand elle ne les a pas encouragées, les dérives de certaines paroisses dans leur interprétation des conclusions du concile, bien qu'elles les aient vidées, mais le pape actuel, à la différence de son prédécesseur, semble plus prompt à comprendre son aile progressiste que ceux qui sont attachés à la tradition.
Ce texte, adressé aux présidents des Conférences des évêques, est caractérisé par un mélange d'injonctions impératives, d'exceptions draconiennement encadrées et de conseils paternalistes pour remettre dans le droit chemin les brebis égarées. Il n'est pas incongru de rapprocher cette démarche de celle de notre gouvernement qui, dans tous les domaines et, notamment, dans la gestion de la crise sanitaire, prétend être le seul dépositaire de la vérité puisque Macron l'a énoncée et qu'il ne peut se tromper.
« Nous ne devons pas nous prêter à des polémiques stériles, capables uniquement de créer des divisions, dans lesquelles le fait rituel est souvent exploité par des visions idéologiques », peut-on lire dans cet écrit. Une façon d'insinuer, avec une prudence de jésuite mais une hypocrisie de tartuffe, que les partisans de la messe traditionnelle seraient, pour la plupart, d'affreux réactionnaires, sans doute d'extrême droite, qui divisent l'Église et les fidèles. N'est-il pas paradoxal de prétendre rechercher l'unité et d'accuser les autres d'y attenter, quand on commence soi-même par diviser et rejeter ceux qui ne suivent pas la norme imposée ?
Rassurez-vous, les auteurs de ce texte, comme nos dirigeants, se défendent d'être des dictateurs en herbe. Ils sont prêts à vous aider, ils appellent les évêques à « accompagner » les égarés qui sont attachés à la forme antérieure de la liturgie, pour leur faire découvrir la valeur de la forme rituelle conciliaire, à faire de la pédagogie : « Une formation liturgique renouvelée et continue est nécessaire, tant pour les prêtres que pour les fidèles laïcs. » Ces dispositions « n’ont pas pour but de marginaliser » les récalcitrants, mais ne visent qu'à leur rappeler qu’il s’agit de « pourvoir à leur bien ». Bref, vous avez toute liberté d'accepter sans rechigner l'interdiction papale.
Serait-il irrespectueux à l'égard du pape de dire qu'il se macronise ? Au lieu de présenter des arguments convaincants pour défendre sa position ou de laisser le choix de penser différemment en matière de liturgie, ce texte, loin de préserver l'unité de l'Église, tend à édicter des règles par la force. Comme Macron, imbu de lui-même, comme Castex, qui récite mécaniquement la leçon de son maître, le pape et la Congrégation pour le culte veulent imposer une conception discutable dans une démarche non moins discutable.
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