L’injonction faite aux athlètes : montrez vos appas mais cachez votre ventre !

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Le Festival de Cannes s’est achevé ce week-end, ses tralalas et ses froufrous renvoyés en fond de scène par une actualité politique chargée. Reste que stars de la politique ou stars du septième art, c’est toujours du cinéma. Et, là aussi, il y a les premiers et les seconds rôles, les figurants, ceux qui rament et ceux qui se la pètent, ceux qui collent les affiches et ceux qui se poussent du coude pour être sur l’écran ou sur le tapis rouge.

Le Festival a toujours eu ses starlettes. Des « créatures » qui n’ont, sur leur CV, que leurs mensurations avantageuses et l’audace pour en tirer profit. Un envoi du Figaro sur le site de son supplément pour les dames titrait, ce lundi : « Les marches du Festival de Cannes sont connues pour être le summum de la gloire. Pourtant, certaines starlettes, sans aucune actualité cinématographique, s'improvisent en aventurières du glamour perdu sur le tapis rouge. Les photographes s'en donnent évidemment à cœur joie. » Forcément, puisqu’elles sont là pour ça. C’est-à-dire pour offrir « la plupart du temps, des tenues pour le moins tape-à-l'œil », mettant en avant « leurs paillettes à gogo et leurs poses outrancières ».

Emballées au mieux comme des bonbons sous cellophane, au pire juste ficelées comme des rôtis, elles offrent à qui en veut leurs seins ou leurs fesses dénudés, voire les deux. D’où cette question : à l’heure où Mme Schiappa prétend faire de toutes les jeunes femmes des victimes en puissance et coller derrière chaque mâle un détecteur de testostérone, est-ce bien raisonnable de lâcher toutes ces jeunes dindes dans la basse-cour ? Question subsidiaire : pensez-vous que les starlettes en question, croisant sur le tapis rouge un Weinstein, refuseraient de monter dans sa chambre ?

Cela pour dire que nous vivons dans un drôle de monde où les corps sont à la fois l’objet d’un culte malsain et celui d’un drôle de commerce.

Stars du cinéma et stars du sport, toutes sont sponsorisées. Marques de vêtements, de produits de beauté, de parfums, d’équipements sportifs… c’est la course à l’image. Dis-moi ce que tu portes, je te dirai ce que tu vaux. Hélas, pour les femmes qui s’avisent d’être mères, ça ne vaut parfois plus grand-chose !

On découvre ainsi – parce que l’article vient d’être heureusement supprimé – que la marque Nike pénalisait, jusqu’ici, les athlètes femmes. Figuraient, en effet, « des clauses de performance dans les contrats des athlètes de retour d’un congé maternité ». C’est le New York Times qui le révélait, vendredi dernier : « Après avoir donné naissance à un enfant, chaque athlète sous contrat avec Nike voit sa rémunération conditionnée pendant douze mois à son niveau de performance. C’est cette clause que le groupe américain s’est engagé à supprimer. »

Cela, moins par grandeur d’âme que pour mauvaise publicité, on s’en doute, la star de l’athlétisme Allyson Felix ayant révélé que « le montant de son contrat de sponsoring avec Nike a été réduit de 70 % depuis qu’elle est devenue mère pour la première fois en novembre dernier ».

Mesdames, le message est clair : montrez vos appas mais pas votre ventre. « Être enceinte, c’est le baiser de la mort pour une femme athlète. En aucun cas je ne voudrais avoir à le dire à Nike si jamais j’étais enceinte », confie une autre au New York Times.

Bref, entre les écolos qui nous expliquent qu’il faut cesser de se reproduire pour sauver la planète et les publicitaires qui trouvent cela mauvais pour leur image, c’est vraiment un sale temps pour les futures parturientes… Un temps dont sont malheureusement complices toutes les créatures qui croient trouver sur le tapis rouge de Cannes un souteneur qui les soutienne…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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