Les respirateurs fabriqués à la hâte sont-ils inadaptés ?

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Face à la propagation du virus, la multiplication du nombre de cas et l'insuffisance du matériel disponible, la France a dû trouver rapidement un moyen de produire des respirateurs artificiels en quantité suffisante.

L'État s'est donc adressé au seul fabricant français de ce type de matériel, Air Liquide, qui, associé à PSA, Valeo et Schneider Electric, a décidé de fabriquer, dans l'urgence, 10.000 respirateurs en un temps record de cinquante jours. Le projet a été construit et la fabrication a pu être lancée.

Cela paraissait un défi bien relevé et une mission sanitaire parfaitement accomplie.

Or, selon une enquête de la cellule investigation de Radio France, la plupart des respirateurs artificiels produits par ce consortium, établi dans l'urgence, depuis le début de la crise du Covid-19 pourraient être inutilisables.

Plusieurs spécialistes, sommités médicales, s'entendent pour dire que ces appareils, conçus à la hâte, pourraient être inadéquats.

Sur son propre site, Air Liquide, qui défend son bébé, le décrit néanmoins comme un « ventilateur de transport léger et simple d’utilisation ». Autrement dit, un appareil qu’on utilise dans les ambulances mais pas dans les salles de réanimation. C'est ce que rapporte l'enquête.

Philippe Meyer, médecin-réanimateur à l’hôpital Necker à Paris, fait également part de ses réticences face aux respirateurs Osiris 3. Et il est loin d'être le seul. Yves Rébufat, anesthésiste et réanimateur au CHU de Nantes, dit carrément la chose suivante : « Si vous vous en servez pour un syndrome respiratoire aigu, vous avez un risque de tuer le patient au bout de trois jours. Parce que ce n’est pas fait pour ça » (Ouest-France).

Une note du ministère de la Santé précise, d'ailleurs, elle-même ce que doit être l’usage de chaque modèle de respirateur dans la crise du Covid-19, d'après l'enquête. Dans la liste des appareils pouvant être utilisés pour traiter des patients malades, l’Osiris 3 n’apparaît que dans la cinquième catégorie, la toute dernière. Il n’est jugé utile que dans les cas de transports les plus simples, mais pas pour une salle de réanimation où sont traités les malades à risques.

La Société de réanimation de langue française (SRLF), dont les avis sont unanimement reconnus pertinents en la matière, dit que ces matériels ne doivent être utilisés « qu’en dernier recours »,rapporte Le Figaro.

Du coup, patatras ! le pouvoir se prend encore les pieds dans le tapis. Le Conseil scientifique, si actif autour du Président, n'a pas vu venir le coup. Ce dernier, qui pensait avoir en partie rattrapé les insuffisances prévisionnelles et les carences dans la réponse à la pandémie, se retrouverait, disons-le clairement, ridiculisé si tout cela est confirmé.

Cet épisode vient résonner comme un point d'orgue dans le concert des ratages, des retards et des carences multiples qui se sont révélés à une opinion publique à laquelle on avait voulu faire croire que les caciques du nouveau monde pourraient assumer parce qu'ils le voulaient... « On va gagner parce que c'est notre projet ! »

Là, on se dit vraiment que l'immaturité politique dont se prévaut ce Président va bien au-delà de ce seul domaine, mais qu'elle est certainement la véritable marque de fabrique du personnage.
Comme vont être longs les prochains mois et peut-être les deux années à venir.

Jean-Jacques Fifre
Jean-Jacques Fifre
Retraité - Ancien directeur administratif et financier dans le privé

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