Les médicaments opiacés sont-ils devenus un fléau ?
Depuis quelques semaines, la presse fait état d’une augmentation des décès par overdose de médicaments opiacés aux États-Unis, et cette épidémie commencerait à se répandre en France. L'Observatoire français des médicaments antalgiques constate, en effet, une augmentation des patients traités par opiacés pouvant créer une dépendance, et entraîner par la suite un usage en dehors de toute action thérapeutique, donc susceptible de créer des excès et des décès par overdose.
On estime que les décès par overdose ont été d'environ 72.000 en 2017 aux États-Unis ; ces chiffres augmentent régulièrement d'année en année et semblent être dus à la surprescription de ces médicaments.
Les opiacés sont-ils devenus plus dangereux qu'auparavant, ou est-ce simplement la généralisation de leur usage qui entraîne ces dérives ?
Ces médicaments sont les plus actifs dans la thérapeutique antidouleur. Cette gamme thérapeutique comprend des antalgiques légers, dits de niveau 1, comme le paracétamol, l’aspirine ou certains anti-inflammatoires ; d'autres plus efficaces, dits de niveau 2, essentiellement constitués par le tramadol et la codéine, remplacent depuis quelques années les médicaments qu’on utilisait jusque-là dans les douleurs d'intensité moyenne à forte, qui avaient, certes, quelques inconvénients, mais qui étaient beaucoup plus maniables que ceux employés actuellement, qui sont souvent mal tolérés ; ainsi, les médicaments opiacés normalement utilisés pour les douleurs intenses sont donc venus souvent remplacer ceux de niveau 2, alors qu’ils n’étaient pas destinés à cet usage. Ces médicaments sont essentiellement représentés par l'oxycodone, qui est un alcaloïde dérivé d'un alcaloïde synthétique de l'opium, la thébaïde, et par ceux dérivés du fentanyl, opioïde de synthèse, qui a un effet antalgique nettement supérieur à celui de la morphine.
Ces médicaments, lorsqu’ils sont utilisés dans des prescriptions adaptées, présentent, certes, quelques risques, mais qui sont acceptables par rapport au bénéfice qu’ils entraînent. Hélas leur consommation a eu tendance à augmenter en raison de la mauvaise tolérance des antalgiques de niveau 2 destinés aux douleurs modérées.
Il existe aussi un risque de dépendance, mais lorsque ces drogues sont utilisées à des fins thérapeutiques, la dépendance est très modérée et on peut assez facilement y remédier. Cependant, lorsqu’elles sont utilisées chez des sujets qui ne mériteraient pas forcément l'usage des opiacés, il peut s'ensuivre un bien-être qui incite le malade à demander aux médecins une poursuite des prescriptions alors qu'elle ne se justifie plus vraiment. Mais quoi de plus difficile, pour les prescripteurs, que d'évaluer de manière précise la douleur du patient ?
Il serait donc souhaitable de pouvoir bénéficier d’antalgiques de niveau 2 bien tolérés qui éviteraient, bien souvent, d'avoir recours aux opiacés.
On peut, cependant, se poser aussi quelques questions, car conjointement à ces articles faisant état des dangers des opiacés, on voit apparaître dans la presse de plus en plus d'articles vantant les mérites du cannabis thérapeutique. Certes, le cannabis peut avoir un certain intérêt thérapeutique (le tabac et la nicotine en ont un aussi), mais à condition d'être utilisé sous forme de gélules ou de comprimés conditionnés et prescrits selon des normes bien définies, et non pas pour favoriser la fumette comme il est possible que cela se produise.
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