Les familles royales : uniquement jet-set ? Réponse à Alain de Benoist
Alain de Benoist le déclare de manière péremptoire dans un entretien sur Boulevard Voltaire : « Le Journal officiel des familles royales, désormais, c’est Closer, Gala ou Voici ! ». On y apprend que des membres de familles royales peuvent se livrer à des déclarations intempestives, voire à des pratiques qui ne sont pas toutes recommandables, aux côtés de la jet-set. Cela n’a rien d’un scoop — les soupers du Régent, au XVIIIe siècle, n’ajoutent rien à sa mémoire. Mais quid du spectacle peu reluisant donné par un président de la Ve République rejoignant en scooter sa maîtresse ? En France, au moins depuis Sarkozy, les « premières dames », qui n’existent pas officiellement, font tout autant la une des magazines people que les membres des familles royales. Bref, la « peopolisation » est un phénomène général : s’y arrêter n’a aucun intérêt.
Malheureusement pour Alain de Benoist, ni les Espagnols, ni les Britanniques, ou encore les Belges, ni les Danois ou même les Australiens ne trouvent, comme lui, les débats sur la monarchie « surtout inutiles ». Avec dédain, Alain de Benoist parle du caractère symbolique des monarchies actuelles. C’est oublier que la force du symbole est de réunir, et de dépasser souvent, en autorité ce que le droit positif laisse de pouvoir au monarque. Aujourd’hui, si l’exil de Juan Carlos provoque un tel traumatisme chez les Espagnols, c’est qu’ils s’attendaient à une autre sortie de celui qui, en tant que roi, avait assuré la transition démocratique. Juan Carlos fut donc tout sauf un monarque d’opérette. Aussi, la question du régime, en Espagne, est-elle tout sauf « inutile ». Le regain de popularité que connaît Philippe VI est précisément dû au fait qu’il a su faire passer la dignité régalienne de sa fonction avant toute chose. Du reste, ni Podemos ni les indépendantistes catalans ne s’y trompent. Si la démarche républicaine des premiers relève du pavlovisme, les seconds ont appris à leurs dépens, au lendemain de leur mascarade référendaire de l’automne 2017, qu’ils avaient devant eux un monarque qui, dans le respect de la Constitution, n’abandonnerait pas un pouce de son auctoritas.
En incarnant la nation, le monarque garantit son unité par-delà toutes les factions : où en serait la Belgique sans une monarchie qui est, par cela même, un objet de scandale aux yeux des séparatistes flamands ? Au Danemark, c’est la reine qui rappelle publiquement, face au défi de l’immigration, que les Danois ne sont prêts à aucune concession sur leur mode de vie. Et cette monarchie active qu’est le Liechtenstein ? Ce sont également vers leurs familles royales que Roumains ou Bulgares ont tourné leur regard, lorsqu’il s’est agi de recouvrer leur identité, au lendemain du communisme. Les membres des familles non régnantes n’hésitent pas à s’engager dans la vie de leur pays, qu’il s’agisse de l’Italie, du Portugal, de l’Autriche, de la Serbie, du Monténégro ou encore de la Hongrie.
En France, ajoute Alain de Benoist, il n’y aurait plus de « prétendant crédible ». Quand on pense au rôle qu’a joué, au plus haut niveau, l’actuel comte de Paris dans la réconciliation, à Amboise, de la France et de l’Italie après que Macron eut perdu ses nerfs en rappelant notre ambassadeur à Rome !
À l’heure où l’adjectif « républicain » sert à qualifier la tenue vestimentaire des ados et où, surtout, la « République » a fini par remplacer la France pour imposer à un peuple une société « inclusive » qui vise à le dissoudre, se gausser de la monarchie c’est faire la preuve d’un parti pris imprudent. Il n’y a pas de sens de l’Histoire. Alors que les Français ne croient plus en leurs institutions, le prince actuel se prépare : si nous le disons en toute indépendance, c’est qu’il le fait savoir lui-même et le prouve par ses interventions et son action. C’est le regretté Jean Raspail, référence d’Alain de Benoist, qui déclarait d’ailleurs, dans sa préface à la réédition de Le roi est mort, vive le roi ! : « Le roi est bien vivant : Jean d’Orléans, doué et prédestiné, dernier maillon solide. Il ne lâchera rien […] ayant considéré et accepté qu’il était incontestablement le roi. »
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