Les européennes transformées en nouveau duel Macron-Le Pen ?

MACRON LE PEN

Le 26 mai, va-t-on avoir le droit à la revanche du 6 mai 2017 ? Il semblerait que le Président Macron, qui n'est pourtant pas candidat, veuille à tout prix transformer les élections européennes en un débat national, un affrontement entre lui et son adversaire unique et préféré - Marine Le Pen - sans se préoccuper de Jordan Bardella, sa très jeune tête de liste.

En fait, le président de la République a réussi à éliminer les deux têtes de liste des européennes, Nathalie Loiseau et Jordan Bardella, pour que le duel Macron-Le Pen se répète. Et il a confirmé que, le 26 mai, c'est lui qui va affronter la liste du Rassemblement national, celle du fascisme, celle du chaos. La messe est dite. Notre Président a peur. Et il est bien isolé, à l'image de sa sinistre descente des Champs-Élyséesn le 8 mai, au milieu d'une foule... quasi absente, d'où émana quelques « Macron démission » et autres noms d'oiseaux criés par des gilets jaunes qui avaient réussi à passer les barrages filtrants.

Toujours est-il que, face à la désastreuse campagne de Nathalie Loiseau, il a décidé de se lancer dans la mêlée, espérant ainsi casser la dynamique du RN qui risque fort de mettre son parti en seconde position. Et c'est, d'ailleurs, en chef de parti que, depuis la Roumanie - où le Président assistait, jeudi soir, à un sommet européen informel - Emmanuel Macron a déclaré sans aucune ambiguïté qu'il mettrait « toute son énergie pour que le RN ne soit pas en tête ». Fermez le ban. C'était, sans doute, dans le but de faire réagir illico presto la présidente du RN qui, effectivement, s'est empressée de réagir au micro de franceinfo : « Le Président transforme donc volontairement, et de son fait, cette élection européenne en référendum pour ou contre lui. Très bien. J'accepte cela. Mais, dans ces conditions, il faudra qu'il ait la hauteur, l'honnêteté et la dignité qu'a eues le général de Gaulle et il devra partir si, effectivement, il perd cette élection européenne. » Et de confirmer sa position par ce tweet : « Macron est aujourd'hui chef de parti. Il met tout son poids dans la balance. Ces européennes deviennent donc un référendum contre Macron. Dans ces conditions, il doit faire comme le général de Gaulle : s'il perd, alors il devra partir ! »

Certains élus ont mal réagi à cette injonction : « On n'a pas le droit d'appeler à la démission du président de la République. Lui seul peut faire ou pas ce choix. Cela n'est pas sérieux. Si on arrive devant LREM de 1 %, il serait obligatoire qu'il s'en aille ? »

En revanche, pour l'ancien Républicain et ministre Thierry Mariani, numéro 3 de la liste RN, il a confirmé son accord à la « logique » de Marine Le Pen : "Les gros sabots, c'est Macron qui les utilise… Il ose nous désigner comme les ennemis à combattre depuis un sommet européen en Roumanie, c'est la suite logique, Marine n'allait pas se laisser faire. » Et un autre de rajouter : « Elle a eu raison de saisir cette occasion pour bien installer le duel à deux semaines du scrutin. »

Car c'est devenu évident : le duel est annoncé, et le débat qui va opposer le jeune Bardella à l'ancien ministre Loiseau, mercredi 15 mai sur BFM TV, sera du pur spectacle télévisuel. Tout cela laisse peu de chance au brillant Bellamy. Encore que celui-là, au milieu de ce brouhaha politique provoqué par le Président, peut créer la surprise.

Il est tout de même très contestable de voir se lancer dans une campagne électorale un chef de l'État censé être le Président de tous les Français. Si, effectivement, il n'arrivait qu'en seconde position, son aura, s'il en avait encore une, subirait des dommages difficilement récupérables, surtout après avoir montré son incapacité à régler la crise sociale des gilets jaunes.

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Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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