Législatives : le gouvernement pris à son piège !

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61 circonscriptions ont accouché, au second tour, d’un duel NUPES-RN, affirmait, ce lundi matin, Jordan Bardella lors d’une conférence de presse. Si cette configuration donne des sueurs froides au pôle centriste, elle donne aussi à la coalition de la gauche et au RN de grandes chances de victoire. Et met au passage l’exécutif dans un embarras non dissimulé.

« Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, même combat. » Ce mantra aura été celui de la majorité présidentielle pendant cinq ans. Après avoir éparpillé LR et le PS, LREM pouvait gouverner sans réelle opposition, hormis La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le RN de Marine Le Pen qui n’avait même pas été en capacité de créer un groupe parlementaire. Manœuvre politique classique, ce « ni-ni » a finalement fini par se retourner contre ses promoteurs. Ne dites plus « extrême droite » mais dites « les extrêmes ». En bref, la majorité a joué la carte de la raison contre les complots et celle de la modération contre la radicalisation. Et Gabriel Attal d’en remettre une couche, toujours ce lundi matin, sur France Inter : « Nous portons un projet profondément républicain, là où la NUPES et le RN s'éloignent de la République. ». Interrogée, le soir des résultats, l’ancien ministre Emmanuelle Wargon a, quant à elle, déclaré que lors des duels RN-NUPES, les consignes de vote se feraient au cas par cas. La NUPES tenait enfin son axe de défense face à un RN qui se faisait un malin plaisir de rappeler pour qui Jean-Luc Mélenchon avait appelé à voter lors du second tour de l’élection présidentielle. « La NUPES, c’est la béquille d’Emmanuel Macron », s’est agacé lundi Jordan Bardella depuis le QG du RN à Paris. De fait, la majorité ne sait plus quoi dire, certains appellent au barrage contre le RN, d’autres appellent à ne pas choisir, certains, comme ce jeune militant LREM, disent clairement voter pour le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen en cas d’opposition à NUPES.

Et pourtant, avec son rapport vertical au pouvoir, Emmanuel Macron aura, par jupitérisme, conceptualisé un extrême centre. En fustigeant ceux qui ne sont rien, les analphabètes, en déclarant qu’ils voulait emmerder les non-vaccinés et en défiant les gilets jaunes de « venir le chercher », Macron n’aura fait que fracturer davantage les électorats. Le calcul était peu dangereux et surtout précis, l’assurance pour lui de n’avoir aucune opposition suffisamment forte ou unie pour le priver de majorité. À vrai dire, il n’avait sans doute pas vu venir une gauche suffisamment coalisée pour l’affronter et un RN suffisamment fort et qui, cette fois, ne fait pas partie des grands perdants de l’abstention.

En bref, si la majorité semble pouvoir garder une majorité au pire relative, elle se voit condamnée à arbitrer dans une soixantaine de circonscriptions, un détail sur le plan politique, un séisme sur le plan stratégique et sémantique. S’ils se taisent, ils sont complices de l’extrême droite, s’ils adoubent la NUPES, ils prennent le risque de voir la coalition de gauche se renforcer, s’ils adoubent le RN, c’est la fin du barrage républicain. Il est facile de mobiliser contre le diable lorsqu’il ne représente que 20 % de l’électorat. Mais lorsque plus d’un Français sur deux s’est abstenu et que vous faites jeu égal avec le diable, il est urgent de décélérer sur la pédale de diabolisation au risque de perdre le contrôle.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/06/2022 à 8:52.
Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

8 commentaires

  1. Raphaël « Quinquennat », et « Du, du Bon, Dubonnet ». (Bonnet blanc ou Blanc bonnet).
    Nous voilà revenus aux temps anciens…
    L’Absinthe est remplacée par l’Abstention…
    « Qu’importe le Flacon pourvu qu’on ait l’Ivresse ! »
    Comme toujours, chacun criera Victoire, les Français, Ivres de Désolation, n’auront que ce qu’ils méritent.

  2. Quand la macronie est à court de réponse voir Attal , elle emploie tout de suite le mot  » république » , c’est un emballage . En ce qui me concerne , la république macroniste ne m’intéresse pas parce qu’elle nous conduit à la république islamique , c’est la France qui m’inquiête .

  3. Ah ah, plus aucun Fillon à diaboliser comme en 2017, on rentre dans le dur après que LR ait fini d’appeler à voter LREM ,et ne puisse plus servir, puisqu’il est à la poubelle ! Le diable se prend sa diabolisation dans la figure !!!

  4. La NUPES n’est pas autre chose que la soupape de la cocotte minute France. Elle a été commandée par Macron pour essayer de tenir encore un peu et ainsi traverser l’orage qui se prépare au plan économique. La NUPES c’est la gauche du grand système capitaliste apatride, elle s’apparente à certains syndicats bien à gauche toujours prêts à venir aider les patrons en difficultés et permet aussi de fidéliser notre belle diversité.

  5. la grenouille qui se veut grenouille et en même temps être aussi grosse qu’un boeuf . paf ! ça finit mal …

  6. Qu’importe une majorité de Chambre dans une République sans démocratie qui se trouve soumise à l’Europe, colonie des USA wokistes ? Si peu d’importance qu’un électeur sur deux s’abstient d’aller aux urnes .

  7. Parions que la droite qui pourrait profiter de la situation en monnayant son appui collectif pour infléchir les choix politiques proposés par EM préférera rester dispersée et ses leaders iront laper dans les gamelles du pouvoir.La droite ne doit rien donner à EM contrairement à ce que prétendent certains de ses leaders mais doit absolument négocier et chèrement chaque détail du projet non révélé d’EM. Ne pas le faire serait une erreur de plus.

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