Législatives : la famille, grande absente ?

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L'aviez-vous remarqué ? Pas de ministère de la Famille dans le nouveau gouvernement Macron cette année, pas de ministre non plus, pas de politique familiale, donc... Oubli ? Souci d'économie ? Volonté de raboter les budgets ? Choix idéologique ? En 2016, le ministère de la Famille avait fait peau neuve, mué en ministère « des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes », histoire d'inclure le « caractère désormais pluriel des familles ». Cette fois-ci, il a carrément disparu.

Au grand regret de Pascale Morinière, présidente de l'association familiale « AFC » (des familles catholiques) qui, lors des présidentielles, déplorait l'absence de débat autour de cette question pourtant fondamentale. Elle nous explique : « La famille mérite une vision globale. On ne peut pas se contenter (comme sous le gouvernement Macron 1) de s'occuper uniquement des violences intrafamiliales ou des inégalités des familles monoparentales en s'adressant toujours plus aux individus, gommant du même coup cet échelon indispensable que sont les familles. » Et de rappeler que « le pays ne se réduit pas à 65 millions de citoyens, notre société repose sur 18 millions de famille, ne l'oublions pas ! »

Pour la présidente des AFC, personne ne fait mieux que les familles

Les AFC ont ainsi identifié les six grands chantiers que le gouvernement devrait entreprendre d'urgence dans l'intérêt des familles : le niveau de vie (un toit, un métier), l'enseignement (un échec massif), la solidarité et la natalité (clé pour les retraites, non-sujet du précédent quinquennat), la dignité de la personne (handicap, PMA et euthanasie qui se profile), l'exposition des mineurs à la pornographie. Plus surprenant, car jamais évoqué : la lutte contre les ruptures conjugales, sujet d'importance pour Pascale Morinière, car « premier facteur d'appauvrissement des familles », avant de conclure : « Sans schéma correct, il ne peut pas y avoir de politique familiale valable : toutes les sociétés qui ont remplacé la famille par l'État ont échoué. Exemple avec les anciens modèles soviétiques : personne ne fait mieux que les familles. »

Des propositions jamais ou si peu débattues. Nous avons interrogé des candidats embarqués dans cette campagne des législatives sous des bannières différentes sur le sujet.

Laurence Trochu, Christophe Bentz, Laure Lavalette : des valeurs communes, des choix stratégiques divergents

Laurence Trochu mène sa campagne dans la première circonscription des Yvelines. Cette présidente du Parti conservateur a de bonnes raisons d'avoir rompu avec son parti d'origine Les Républicains : « Je les ai vus de près. Ce parti a cessé de réfléchir et n'a pas de vision d'ensemble de la famille. À l'instar d'un Emmanuel Macron qui n'évoque le sujet que sous l'aspect social (tout en achevant de déconstruire), les LR, eux, ont choisi le seul aspect fiscal. Valérie Pécresse ne parlait que d'exonération fiscale pour aider les familles, sans aucune transversalité. » Son choix de rejoindre Reconquête s'est imposé naturellement « en raison de cette homogénéité dans notre ligne de pensée : nous défendons tout ce qui concerne la vie des familles handicap, mères célibataires, instruction des enfants, fin de vie.... Pour Reconquête, la nation, c'est la famille des familles. » Si elle ne dénie pas à Marine Le Pen un attachement à la structure familiale, elle lui reproche de « ne pas se mouiller ».

Christophe Bentz, lui, est un candidat qui « mouille sa chemise » en Haute-Marne. Son parcours conservateur pur jus (il a été longtemps délégué général et salarié du PCD, devenu VIA, le parti de Jean-Frédéric Poisson, et militant de la Manif pour tous), l'aurait tout naturellement conduit chez Reconquête. Mais c'est Marine Le Pen qui l'a choisi pour la rejoindre aux côtés de cette dizaine d'autres candidats issus d'horizons variés. « Elle sait d'où je viens, au RN, on me laisse libre, on ne m'a pas demandé d'adhérer », nous affirme Christophe Bentz, qui se voit déjà à l'Assemblée nationale où il siégera « en toute loyauté » et se conçoit « comme une valeur ajoutée au parti pour la défense de la famille ».

Laure Lavalette est à la fois candidate dans le Var et porte-parole du Rassemblement national. Autant dire que les plateaux télé, elle connaît. Lorsqu'on évoque avec elle la politique familiale, elle met en avant cette double approche de Marine Le Pen : le social (prime aux femmes seules et autres mesures fiscales avantageuses pour la natalité) et le civilisationnel, car « Marine Le Pen refuse la fin de la France ».

La grande fracturation du camp national ? Ils n'en parlent que s'ils sont interrogés. Pour Christophe Bentz, « pas d'ennemis à droite, d'ailleurs, la candidate Reconquête de ma circonscription se présente à côté de moi, pas contre moi, on se connaît... » Et Laure Lavalette va plus loin : « Pas d'ennemis sur tout l'échiquier politique pour ceux qui partagent [ses] valeurs. »

Des candidats qui ont compris l'enjeu de l'existence d'une politique familiale. La base, peut-être, un jour, d'une réconciliation ? Mais ça, c'est autre chose, c'est une affaire de famille...

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

22 commentaires

  1. On a connu : « Familles, je vous hais ! »
    Désormais, c’est : « Familles, je vous ignore ! »
    Avec un (supposé) Président qui se vante d’avoir des petits-enfants sans jamais avoir eu d’enfants, on entre dans la 4ème dimension du mondaprès, la famille virtuelle succédant à la famille recomposée.
    On pourrait donc concevoir un ministère virtuel de la famille, où tout serait virtuel, du ministre au dernier personnel, le tout dans un bâtiment totalement virtuel, sauf sur les consoles de jeux.

  2. de la part d’un individu qui se revendique d’une planète gazeuse ( Jupiter) franchement je ne suis pas étonnée ! détruire, brasser de l’air, s’agiter dans tout les sens pour donner l’impression d’agir, évidemment que  » la famille » n’est pas un sujet pour cet ostrogo dont la seule préoccupation est le  » paraître »!

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