Le spectacle Bernadette de Lourdes exclu du pass Culture, au nom de la laïcité

© Capture écran Bernadette de Lourdes, le spectacle musical
© Capture écran Bernadette de Lourdes, le spectacle musical

Mise à jour 16/09/2024 :

Ce 14 septembre 2024, BV révélait que le pass culture offrait aux jeunes l'accès à la Fête de l'Huma. Deux jours plus tard, sur CNEWS, Roberto Ciurleo, producteur de la comédie musicale Bernadette de Lourdes, s'est alors agacé que, contrairement à la fête de l'Humanité, son spectacle ne soit pas éligible au pass culture. « D'un côté, on n'est pas éligible parce qu'on remet en doute la laïcité autour de ce spectacle. Et là, ce week-end, vous pouviez aller à la Fête de l'Humanité. » a-t-il ainsi déclaré. Et il ajoute : « Ce spectacle de la Fête de l'Huma a été financé par votre argent alors que le Pass est refusé pour Bernadette de Lourdes. C'est scandaleux. Je trouve ça répugnant. D'un côté, ce n'est pas respecter le monde de la culture ; de l'autre côté, [...] quand vous allez à la Fête de l'Huma, vous avez des politiques qui interviennent, la distribution de flyers. C'est politisé. » A noter toutefois que la colère du producteur porte sur le pass culture dit « collectif , utilisé par les enseignants pour organiser des sorties culturelles pour leurs élèves, et non sur le pass individuel, utilisé par les élèves, comme c'est le cas pour la fête de l'Huma. Les deux dispositifs ne délivrent pas les mêmes agréments.

Le respect de la laïcité a bon dos… Depuis plusieurs jours, la production du spectacle musical Bernadette de Lourdes, lancé en 2019 et actuellement en tournée dans toute France, se bat contre l’administration. En cause, une décision de la Délégation académique à l’action culturelle (DAAC) de Versailles qui refuse d’intégrer le spectacle à l’offre collective du pass Culture, un dispositif du ministère de la Culture qui ouvre aux jeunes de moins de dix-huit ans un accès à certaines offres culturelles. La DAAC de Versailles refuse aussi de le référencer sur l’application Adage utilisée par les enseignants.

Une fresque française

« Je trouve ça choquant qu’une commission estime, à la simple lecture de l’intitulé de notre spectacle, que nous sommes un danger pour la laïcité », tempête Roberto Ciurleo. Depuis la mi-octobre, ce coproducteur de Bernadette de Lourdes, ne cache pas sa colère. Sur les réseaux sociaux, il dénonce la décision arbitraire de la DAAC de Versailles de ne pas agréer son spectacle pour l’offre collective du pass Culture. Cette offre permet aux enseignants des établissements sous contrat d’inscrire leurs élèves à des activités culturelles et donne droit à un financement pour des activités de sensibilisation des élèves « à la diversité des pratiques artistiques et culturelles ».

Pour bénéficier de cet agrément, les équipes de Bernadette de Lourdes avaient déposé, au printemps dernier, un dossier auprès de la DAAC. Mais le 13 octobre, le verdict est tombé. L’administration reproche tout d’abord au spectacle musical de « ne pas proposer de démarche EAC (éducation artistique et culturelle) en accord avec les trois piliers », à savoir la rencontre (avec des œuvres, artistes ou encore lieux), la pratique (transmission de la démarche culturelle) et les connaissances. Faux, rétorque Roberto Ciurleo. Les équipes du spectacle musical organisent bel et bien des temps d’échanges et de rencontres entre les élèves et les différents corps de métiers impliqués dans cette production.

Plus grave, l’administration estime que « le respect de la charte de la laïcité pose question », deuxième critère à respecter pour obtenir un référencement. Faux, s’agace une nouvelle fois le producteur. « Bernadette de Lourdes est une œuvre historique. Rien n’est inventé ou prosélyte. » En effet, comme le rappelle le site Internet du spectacle, les textes ont été écrits à l’aide d’archives afin de reconstituer au mieux les rencontres et péripéties de la vie de Bernadette Soubirous. Les journalistes du service public eux-mêmes le précisent : « [Il n’est pas question] de prosélytisme. Le spectacle est (présenté) sous forme d’enquête et s’appuie sur des documents authentiques. » Comme le martèle Roberto Ciurleo, « il n’est pas question de religion mais d’une petite fille pauvre, malade, illettrée et qui, pourtant, a changé la vie de millions de personnes. C’est une grande figure française », souligne-t-il. Un argument partagé par l’humoriste Gad Elmaleh, coproducteur du spectacle, qui expliquait que loin de parler de religion, Bernadette de Lourdes parle avant tout « de la France ».

Un recours déposé 

Le prétexte de la laïcité pour motiver le refus est d’autant moins compréhensible que de nombreux lieux de culte, à l’instar de la grande mosquée de Paris ou des ateliers de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sont référencés sur l’offre collective du pass Culture. Les comédies musicales anciennes Les Dix Commandements ou encore Notre-Dame de Paris, incontestables succès populaires qui ont en toile de fond la culture chrétienne, auraient-elles été exclues de ce référencement ?

Le refus de l’administration a soulevé une vague d’indignation. Cette décision est « incompréhensible » pour l’abbé Amar, fondateur du padreblog, qui rappelle que « Bernadette est une figure historique de la France et que Lourdes accueille des millions de visiteurs ». Pascal Praud a également dénoncé un refus motivé « par des raisons idéologiques » sur CNews.

Malgré les réticences de l’administration, le spectacle, actuellement en tournée dans toute la France, rencontre un succès considérable et a déjà rassemblé plus de 200.000 spectateurs. Applaudi par la critique - même par la presse de gauche -, Bernadette de Lourdes s’exporte désormais à l’international. Selon Aleteia, la production a d’ores et déjà déposé un recours contre le refus de la DAAC. « Nous devons être éligibles, car des milliers de jeunes des écoles attendent cette offre. Le pass est une chance d’égalité et vous en faites un instrument de censure ! », s'emporte Roberto Ciurleo, qui en appelle désormais au ministre de la Culture.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/09/2024 à 16:31.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Il n’est qu’à regarder le profil de la ministre de la censure , pardon de la culture, choisie par Macron pour comprendre cette interdiction.

  2. Je suppose que les cornichons (pour rester poli) de la DAAC ont eu le même jugement au sujet du film « Vaincre ou mourir » qui doit être, pour eux, antirévolutionnaire à défaut d’être un film catho !! La cu-culture à la française de la DAAC préfère les navets tout droit sortis des « œuvres » conventionnées, subventionnées, en un mot gauchistes et gauchisantes, dégoulinantes de bien pensance du genre très laïcard LGBT ou familles décomposées recomposées, du social sociétal, quoi.

  3. On peut s’intéresser à Bernadette sans être catholique, cela fait partie de la culture. Et les spectacles de Rap, grossiers, injurieux envers les femmes, la France, les blancs, c’est pris en charge ?

    • Tout à fait vrai. Lisez et essayez d’épeler le nom de la ministre du moment, d’ailleurs bi-nationale ( elle aussi ! ) les 10 ou 12 précédents (tes) n’étaient pas mieux ; sous-culture infiltrée depuis 40 ans..

  4. Je me demande si le refus aurait le même, si ça avait été un spectacle produit par Robert Hossein ?

  5. Hélas on se doute bien que le ministère de la culture dira la même chose vu la terrible christianophobie qui meut nos dirigeants.

  6. Et quand bien même le spectacle parlerait de religion chrétienne ! Et alors ? Qu’on donne un spectacle sur le prophète Mahomet ne me dérangerait pas du tout, c’est un personnage important de l’Histoire mondiale et, pour ma part, largement méconnu. – – – – – – Un Etat laïque signifie qu’il n’y a pas de religion plus ou moins imposée par cet Etat – à l’inverse par exemple des régimes théocratiques. Ca ne veut pas du tout dire que les religions doivent disparaître de la culture. C’est être extrémiste, c’est-à-dire totalitariste, que le vouloir.

  7. La laïcité a bon dos : ces gauchistes s’en servent quand cela les arrange et l’oublient quand il s’agit du voile ou de l’abaya.
    Il faut souhaiter qu’ils n’arrivent jamais au pouvoir

  8. Je suppose que les musulmans auront le droit de présenter une oeuvre dite artistique et qu’elle sera refusée. Voilà on se perd.

  9. Œuvrent de déconstructeurs ou simplement de la lâcheté. Chaque fois que notre culture s’efface, elle est remplacée par une autre. Et la DAAC de Versailles participe à ce désastre.

  10. Pourquoi ne pas expliquer les choses: c’est maintenant le face à face : la destruction du christianisme pour promouvoir l’islamisme

  11. Avec la ministre de la Culture qu’on a, il y a bien peu de chances que cette fresque française soit montrée aux jeunes des écoles.

  12. Il faut dire que la caution fournie par vulgum pecus à la « macronitude » par l’incroyable réélection de son leader à l’Élysée les a maintenant délivrés de toute nécessité de sauver les apparences et donc, de toute prudence et retenue !
    L’accélération des procédures de mise à mal de toutes nos libertés, y compris d’expression tant artistique que politique, n’en est que la conséquence pourtant bien prévisible !

    • En effet ! il s’est cru « carte blanche » ( grâce aux abstentionnistes idiots-fénéants et aux machines à voter)

  13. Emmener des enfants de certaines écoles dans des mosquées fait il partie de la laïcité ? L’histoire de bernadette de Lourdes fait partie de notre culture , nos racines , notre histoire . Honteux que cette commission réagisse de la sorte et bien sur aucun membre du gouvernement pour s’offusquer , comme d’habitude .

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