Le secrétaire perpétuel de l’Académie française lance un appel pour faire revenir la statue de Voltaire

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Cela fait près de deux ans que la statue du célèbre philosophe des Lumières manque à l’appel. Sculptée par Léon-Ernest Drivier, cette œuvre trônait dans le square Honoré-Champion, à deux pas de l’Académie française, depuis 1962. Vandalisée il y a deux ans, la statue a été retirée le 17 août 2020… sans espoir de retour ?

Déplacée pour être restaurée, la statue a été confiée au CNAP, le Centre national des arts plastiques, qui l’a nettoyée et consolidée. Toutefois, selon la mairie de Paris, la sculpture serait trop fragile pour être ainsi remise à sa place originelle, une exposition aux intempéries n’étant pas recommandée d’après les restaurateurs.

Une explication qui n’a qu’à moitié convaincu le secrétaire perpétuel de l’Académie française Hélène Carrère d'Encausse, outrée par ce déboulonnage qui ne dit pas son nom. « Il est scandaleux que cette statue, représentant un homme de l'Académie française, faite par un sculpteur de l'Académie des beaux-arts, ne soit plus en place. Si on commence à enlever les génies, où va-t-on ? », a-t-elle notamment martelé sur LCI, dénonçant également auprès du Figaro « cette politique systématique de dégommer les statues ». Pour elle, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’absence de la statue est due à des raisons idéologiques. « Il n'était pas assez inclusif », fulmine-t-elle, fustigeant ce regard anachronique qu’il est aujourd’hui de mise de porter sur les œuvres. Difficile de ne pas abonder dans son sens, lorsque l’on pense aux récents événements qui se sont produits aux Sables-d’Olonne ou encore à La Flotte-en-Ré, où des statues de saint Michel et de la Vierge Marie sont soudainement devenues des objets de honte absolue. La volonté de déconstruction est claire et toutes les occasions sont bonnes pour effacer des pans entiers de notre Histoire sous couvert - ou même pas - de bonnes intentions.


Emmanuel Macron s’était pourtant prononcé sur le sujet, le 14 juin 2020, déclarant comme un chef d’État respectueux des traditions : « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires. » On notera, au passage, l’évocation soudaine et miraculeuse d’un semblant de culture française, ou en tout cas d’une Histoire propre à la France, ce qui est une reconnaissance de taille de la part d’un homme qui n’en semblait pas particulièrement convaincu trois ans auparavant. Quoi qu’il en soit, peut-être serait-il indiqué que notre Président, qui semble avoir des crises de lucidité, fasse respecter ce qu’il assène fièrement devant les foules. « La République ne déboulonnera pas de statue », certes, mais du coup, si c’est la mairie, ça passe ?

Il ne reste plus qu’à espérer que le combat de Mme Carrère d'Encausse porte ses fruits. Le secrétaire a écrit à Anne Hidalgo pour l’alerter sur ce sujet de taille, si symbolique aux yeux des Français, et également, bien sûr, aux yeux de ceux qui n’aiment pas la France. Le parti qui remportera la victoire sait tout ce qu’induit le retour ou non de cette statue et il est permis de souhaiter que celle-ci retrouve son socle laissé vacant au lieu d’être remplacée par on ne sait quel personnage inclusif érigé en héros universel.

Gageons que notre cher maire de Paris, entre deux visites de chantiers, trouvera le temps de signer le retour ferme et définitif de Voltaire à la place qui lui est due.

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

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