Le revers de la médaille de Hollande aux victimes du terrorisme
124 victimes du terrorisme reçoivent – certaines à titre posthume -, ce 4 novembre, la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme. Une décoration instituée par François Hollande, le 12 juillet 2016, deux jours avant l’attentat islamiste de Nice… Cette décoration prend place, dans l’ordre de préséance des décorations françaises, juste après la Légion d’honneur, l’ordre de la Libération, la médaille militaire et l’ordre national du Mérite.
Le monde combattant n’aura donc pas été entendu. Quoi d’étonnant, quand on nous explique qu’il ne faut pas que la commémoration du 11 novembre 1918 soit trop militaire, que nos poilus étaient essentiellement des civils que l’on avait armés… Quand on célèbre Clemenceau, à juste titre – quoiqu’on pourrait discuter de sa volonté acharnée de faire disparaître la double monarchie des Habsbourg -, mais en reléguant au second plan, pour ne pas dire plus, les grands chefs militaires de la Grande Guerre...
Que le pouvoir ait voulu manifester, comme le précise le décret, "l’hommage de la Nation aux victimes d’actes terroristes commis sur le territoire national ou à l’étranger contre les intérêts de la République" peut sembler légitime, même si, en première approche, concrétiser cet hommage par une médaille peut paraître discutable. L’attribution d’une décoration est, en effet, souvent associée à la reconnaissance d’un mérite : action d'éclat, accomplissement d’une œuvre, d’une carrière remarquable. À tort. Ainsi, les médailles commémoratives, par exemple, rappellent simplement à leurs détenteurs qu’ils ont participé à telle ou telle campagne. Et, par ailleurs, l’attribution d’une médaille à des victimes n’est pas chose nouvelle. Ainsi, le 1er juillet 1918, Jules Pams, ministre de l’Intérieur, prenait un décret instituant un insigne pour les victimes civiles de guerre. En 1921 était créée une médaille des victimes de l’invasion pour les personnes qui eurent à subir, durant la Grande Guerre, des brutalités, la déportation ou une prise d’otage.
En revanche, ce qui est vraiment contestable dans la médaille créée par François Hollande, c’est sa place dans l’ordre protocolaire. En septembre 2016, le président de la puissante Union nationale des combattants (association créée en 1918 et qui compta Clemenceau dans ses fondateurs) n'avait pas mâché ses mots. "Vraisemblablement une décision prise à la hâte, sans concertation auprès de ceux qui luttent contre le terrorisme, qui s’intègre dans cette ambiance de victimisation comme ces commémorations focalisées essentiellement sur la repentance : esclavage, guerre de colonisations, etc. Contraire à tout esprit de défense, et au patriotisme, elles se révèlent aussi peu efficaces que des incantations." En juillet 2017, la sénatrice Nathalie Goulet, se faisant l’écho de l’émoi du monde combattant, appela l’attention du ministre des Armées, Florence Parly, estimant qu’on donnait "une priorité aux victimes “passives” par rapport aux femmes et hommes qui ont combattu pour la France". En effet, cette médaille passe devant toutes les croix de guerre, croix de la Résistance, médaille des blessés, des évadés, de courage et de dévouement, etc… En vain. Car voici la réponse du Premier ministre en date du 8 mars 2018 (huit mois pour accoucher d’une réponse…) : cette médaille "est en effet attribuée au nom du Président de la République et placée sous son autorité directe". Et alors ? Un décret s’abroge, se modifie : il eût suffi de placer cette médaille sous l’autorité du Premier ministre, par exemple, ou du ministre de l’Intérieur... Mais là où la réponse du Premier ministre atteint des sommets de mauvaise foi, c’est lorsqu’il précise que "la place ainsi retenue ne vise pas à établir une hiérarchie entre les décorations et encore moins entre le mérite de leurs titulaires respectifs, qui ne saurait être comparé". On se demande, alors, à quoi sert un ordre protocolaire !
N’allons pas plus loin : Emmanuel Macron et Édouard Philippe sont les dignes continuateurs de François Hollande.
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