Le média de Solidarność en France, Tysol, jette l’éponge

SOLIDARNOSC

Pour ceux qui ont un certain âge et un peu de mémoire, Solidarność est un nom qui marque, un exemple, une référence. Un des premiers coins, sinon le premier, enfoncé dans le puissant tronc de l’Empire soviétique. Entre 1980 et 1989, il a fendu, lentement, coup après coup, ce bois dur, dense et résistant comme une porte de cachot d’un régime totalitaire. Il a dû survivre dans la clandestinité, malgré un état de siège et l’arrestation de ses dirigeants. Son arme fatale au régime communiste polonais était la grève de travailleurs, il était composé de travailleurs, c’est donc un syndicat. Mais son identité était aussi catholique et polonaise, et elle l’est restée.

Aujourd’hui, des syndicats français (CFDT, CFTC, CGT, FO et UNSA) s’émeuvent de certaines de ses positions et n’ont pas hésité à saisir l’ETUC, la confédération européenne des syndicats, d’une demande de suspension ou même d’exclusion de Solidarność. Le casus belli, c’est un entretien accordé, en novembre dernier, par Marine Le Pen à Tysol, le média du syndicat. Il fut jugé complaisant envers la candidate qui n’a pas caché sa solidarité envers la Pologne dans son opposition aux oukases et diktats de l’Union européenne. Les syndicats français n’ont, en outre, pas apprécié qu’une émanation française de Tysol puisse, sur Internet et avec une diffusion limitée, se livrer à l’apologie d’idées « conservatrices, patriotiques et catholiques ». Comme celles que portent parfois Éric Zemmour ou Marine Le Pen. C’est bien à la crainte de voir sauter les digues entre le monde du travail et l’extrême droite (fantasmée ?) que fait allusion M. Laurent Berger, de la CFDT.

Il faut dire que l’ETUC ressemble fort à une officine progressiste. Au menu, ils servent du « et en même temps » qui pourrait être estampillé En Marche ! Avec une injonction comme « la liberté de circulation des travailleurs européens et la fin du dumping social », il est difficile de déterminer si l’ETUC souhaite abroger ou renforcer la directive services. Il y a aussi l’incantatoire « promotion des valeurs sociales européennes dans d’autres parties du monde », mais ces valeurs ne semblent pas plus définies que celles de notre République. Ces chevaliers blancs d’une mondialisation équitable devront peut-être comprendre qu’il s’agit d’un oxymore et que l’argument « Doctrine sociale de l’Église » avancé par Solidarność promeut une vision plus respectueuse de l’homme, du travailleur et du bien commun que leur gloubi-boulga progressiste.

Et puis, il faut s’interroger : d’où parlent-ils, ces syndicats qui tombent dans le travers bien français de donner des leçons de morale au monde entier ? Du piédestal de leur lilliputienne représentativité, la plus basse de l’Union européenne ? De l’aura morale que leur confèrent les affaires de corruption  ou de mœurs qui défraient parfois la chronique ? De l’autorité extorquée par leur quasi-monopole institutionnel de fait dans les structures paritaires de la protection sociale et les secteurs annexes (formation, 1 % logement...) ?

Aujourd’hui, le syndicalisme français signe une victoire d’étape. Sur injonction de Solidarność, Tysol France cesse de publier de nouveaux contenus.

Du fait d’une diffusion confidentielle, cette nouvelle passera peut-être inaperçue, mais en ces temps de censure à grande échelle et hors de tout cadre judiciaire de médias, il faut s’alarmer du moindre de ces signaux récurrents qui alertent sur les menaces pesant sur la liberté d’expression.

Vos commentaires

11 commentaires

  1. N’oublions pas que ces syndicats ont en 2017 soutenus Emmanuel et seront encore prêt à s’opposer à ceux qui proposent un vrai changement cette année. La soupe est trop bonne, mais jusqu’à quand?

  2. les syndicats : un seul pouvoir, celui de détruire l’emploi en France. La liberté d’opinion n’a jamais existé chez eux. Encore une preuve !

  3. Ou étaient nos syndicats quand il fallait défendre les soignants pour qu’ils aient le matériel nécessaire pendant la pandémie et pour les protéger de ce « vaccin non obligatoire » mais a laissé ses gens qui refusaient la vaccination sans emploi . En 43 années de travail j’ai constaté que les syndicalistes étaient de mèche avec les patrons à 98 %.

    • Vous faites bien de soulever cette question : « où étaient les syndicats pendant la crise du Covid ? » Pour ma part, je cherche encore !

  4. On peut en parler des syndicats français politisés à mort , qui mangent dans la main de la macronie , ils ne représentent plus rien , ont même laissé tomber ceux qui ont perdu leur travail parce que non vacciné , je dirai même qu’aujourd’hui , ils sont inutiles mais bien payés et souvent avec notre argent .

  5. Solidarnosc, 4 années de mes activités de bénévoles en couple pour soutenir la Pologne et participer à l’envoi de cinq semi-remorques de secours à l’Eglise Polonaise , rien que pour la région de Nice. A l’époque nous n’étions guère soutenus par les bien-pensants actuels. Nous avons clos cette époque par plusieurs pèlerinages à pied de Varsovie à Czestochowa dans le groupe 17 (étudiants et enseignants).
    Prague, Budapest, Gdansk ;.. et maintenant Kiev !
    Continuons le soutien à la Pologne !

  6. Tysol est victime de ses délits d’opinion et condamné à fermer par la police de la pensée des syndicats européistes comme RT et Sputnik le sont de la commission européenne ! La CE qui n’en a pas le pouvoir par ses statuts a censuré ces media car ils sont russes. Pourtant, le CSA ne les a pas condamné (autant que CNews). Certes, ils étaient orientés mais pas plus que France TV… Où est la liberté si « chère » à la CE ?

  7. La liberté d’expression n’existe pas chez les syndicats. Tout doit aller dans la même direction, c’est à dire à gauche toute. Emblème en son temps, Solidarnosc devient pesteux pour avoir accordé une interview. C’est risible

  8. La gauche madame, oui la gauche, toujours aussi intransigeante, qu’elle soit syndicale ou de gouvernement, seulement ses idées doivent s’exprimer. Un bâillon sur tous ceux qui pensent autrement.

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