Le déclin de la pensée libérale ?

Orban

Le Royaume-Uni semble plus que jamais se rapprocher d'un Brexit, le peuple ayant tranché en donnant une écrasante majorité à Boris Johnson et la Chambre des communes ayant validé l'accord de sortie. C'est ainsi que l'Union européenne, création des « pères de l'Europe », d'inspiration libérale, s’apprête à vivre un véritable bouleversement : l'échec de la pensée libérale en matière de relations internationales ?

Francis Fukuyama prédisait, dans La Fin de l'Histoire et le dernier homme, l'avènement du marché mondial. Avec la fin de la guerre froide - « paix impossible, guerre improbable », selon les mots de Raymond Aron, l'un des premiers à théoriser ce conflit -, le système capitaliste triomphait du communisme et, ainsi, du protectionnisme. Rien ne peut, désormais, arrêter la mondialisation, et certainement pas les États, voués à disparaître selon Fukuyama. Susan Strange, également, annonçait le retrait des États dans le système international. Et très vite, la prophétie s'accomplit : les États, déjà contraints par la pensée libérale des organisations interétatiques, commencèrent à se faire concurrencer par de nouveaux acteurs.

Des firmes transnationales étaient ainsi capables de les concurrencer sur le plan même de leurs prérogatives régaliennes, à savoir le respect des frontières, l'édiction de normes mais aussi le pouvoir de police. Par ailleurs, le terrorisme, à partir de 2001, créa de nombreuses « zones grises » échappant au monopole de la violence physique légitime si cher à Norbert Elias ou Max Weber. Encore plus inquiétant : des organisations terroristes ont été capables de s'ériger en véritables États ; ne leur manquait que la reconnaissance internationale pour s'affirmer dans la diplomatie mondiale. On peut citer, évidemment, l'État islamique ou Boko Haram.

Cependant, la donne semble s'inverser. Les États et la pensée réaliste qui en découle semblent se réaffirmer avec la montée du nationalisme au sein de puissances mais également d'organisations interétatiques. Ainsi, le Brésil a fait le choix, en janvier 2019, d'élire un président prônant le nationalisme et le retour vers des valeurs chrétiennes : Jair Bolsonaro. En Turquie, membre le plus actif de l'OTAN après les USA, la toute-puissance de Recep Erdoğan entraîne une recentralisation du pouvoir et la réémergence d'un passé turc glorieux, rompant ainsi avec la République de Mustafa Kemal. On peut évoquer, également, la percée de Salvini en Italie, d'Orbán en Hongrie ou de Boris Johnson au Royaume-Uni. Tous veulent bouleverser le système international en rejetant la pensée libérale.

Pour l'heure, la France ne suit pas le même chemin que ces pays, avec un Emmanuel Macron qui n'a de cesse de vouloir approfondir la construction européenne. Si la France veut à nouveau jouer son rôle de puissance majeure, elle ne le pourra qu'avec l'Europe, mais cette Europe doit se réformer et sortir du joug allemand.

Joseph Gallard
Joseph Gallard
Étudiant en Sciences politiques

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