Le CSA épingle CNews : un combat d’arrière-garde ?

Capture d'écran
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Par une publication du 27 août, on apprend que le CSA « a mis en garde » la chaîne CNews, et plus précisément l’émission de Pascal Praud « L’Heure des pros » du 26 avril dernier consacrée à la tribune des militaires. Émission signalée au CSA par de zélés téléspectateurs…

Cette tribune signée par plus d’une vingtaine de généraux en retraite qui alertait le chef de l’État sur le délitement de la France et la situation d’urgence sécuritaire dans laquelle elle se trouve avait fait grand bruit, fin avril, une dizaine de jours après sa parution dans le plus grand silence des médias. Extraite des limbes médiatiques par une gauche soucieuse d’allumer un dérisoire contre-feu après l’attentat islamiste du 23 avril au commissariat de Rambouillet, cette lettre ouverte fut l’objet de débats enflammés, l’actualité ne faisant que tristement avaliser le constat posé par les militaires.

La délibération du CSA rappelle que, selon ses statuts, il contrôle que « l’éditeur […] veille au respect d’une présentation honnête des questions prêtant à controverse, en particulier en assurant l’expression des différents points de vue par les journalistes, présentateurs, animateurs ou collaborateurs d’antenne ». À voir cette émission, on constate que Pascal Praud se réfère au texte, le cite abondamment afin de désamorcer toutes les interprétations et conclusions hâtives tirées jusque dans les rangs même du gouvernement. Les invités du plateau, assez rapidement, s’intéressent plus aux faits dénoncés dans cette tribune qu’à la polémique, gonflée artificiellement, qui en est résultée. Bref, les invités de Praud ont surtout disserté sur le message délivré plutôt que sur les messagers.

Est-ce cela qui leur est reproché ?

Sur le site du CSA, on apprend que, par sa mission, « il ne s'immisce pas dans la ligne éditoriale des chaînes ni dans leur choix de programmation ». C’est pourtant exactement ce qu’il vient de faire dans cette mise en garde adressée à CNews.

On serait tenté, assez facilement, de demander au CSA s’il exerce la même sourcilleuse vigilance sur les chaînes et radios concurrentes - BFM TV, France Info ou France Inter, pour ne citer qu’elles.

Ces quelques lignes ne seraient qu’un énième billet d’humeur sur la mise au pas du PAF quand celui-ci ne se règle pas suffisamment sur une ligne « pravdesque » si une petite voix, modeste mais insistante, ne venait pas nous prévenir que, peut-être, le CSA est en train de livrer un combat… d’arrière-garde. Assiste-t-on aux contre-feux fébriles d’une gauche culturelle et médiatique en perte de vitesse ?

La reprise d’Europe 1 par Vincent Bolloré, également propriétaire du groupe Canal+ (et, donc, CNews), a fait grand bruit, en juin dernier : qu’un milliardaire français de droite ait décidé d’investir dans les médias n’en finit plus d’étonner jusque dans les cercles où régnait un entre-soi des plus confortables. En se pinçant le nez, on évoque la distinction pas très subtile et quasi éthique entre les médias d’information et les médias d’opinion : une demi-heure d’écoute de France Info suffit à nous convaincre que cette distinction n’est pas toujours effectuée à bon escient.

Ces derniers jours, Libération évoquait, ainsi, la matinale de France Inter assurée par Nicolas Demorand et Léa Salamé, où Alexandre Devecchio sera invité à débattre :  « L’une des seules nouveautés du format, une page d’opinions ouverte à cinq éditorialistes, est vue comme une concession à la droitisation de l’espace médiatique. » On ne saurait mieux avouer que culture du débat et liberté d’expression sont souvent l’apanage… de la droite ! Cet hommage du vice à la vertu, venant du média historique de la gauche, est assez savoureux.

La chape de plomb posée sur l’espace médiatique se fissure, tout le monde en conviendra. Il n’est pas jusqu’à Raphaël Glucksmann, député européen mais aussi conjoint de Léa Salamé, pour s’en indigner, sur France Inter justement, le 25 août dernier : « Je n'en peux plus que ce soit Zemmour qui dicte l'agenda de la présidentielle. Il faut des mobilisations autour de causes, de projets. Pour qu'on puisse à nouveau reprendre la main ! »

Une fébrilité de bon augure ?

 

 

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Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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