Le bilan anti-drogue de Gérald Darmanin est-il satisfaisant ?
Lors d’un point-presse, lundi dernier, Gérald Darmanin, qui s’est fixé comme « priorité des priorités » la lutte contre les trafics de drogue, annonçait quelques chiffres. Le Parisien du 13 décembre relate ainsi que, depuis le début de l’année, c'est, en « Île-de-France, 10 tonnes de cannabis et 3 tonnes de cocaïne saisies ». Et selon Beauvau, 384 points de deal ont définitivement fermé sur les 3.950 recensés, soit une baisse de 9,7 %. Mais entre les lignes, cela signifie en somme que le ministère a connaissance de 3.566 points recensés encore actifs…
Par ailleurs, Gérald Darmanin précise que la lutte contre la drogue, « c’est dans tous les quartiers difficiles comme dans les quartiers bourgeois ». Si le politiquement correct l’empêche d’établir une corrélation avec la sociologie, que ses policiers vont partout, il concède que « c’est plus difficile d’aller à Sarcelles que d’aller à Neuilly-sur-Seine ».
Mise en place en septembre 2020, l’amende forfaitaire délictuelle (AFD, inscrite au casier judiciaire, fixée à 200 euros, minorée à 150 euros si le paiement intervient dans un délai de 15 jours et majorée à 450 euros au-delà de 45 jours) est un système de sanction immédiate censé, sur le papier, lutter contre le « sentiment d’impunité ». Mais en réalité, d’une part cette amende est inapplicable sur les mineurs, et d'autre part, comme le soulignait Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance police nationale, dans Le Parisien du 1er septembre 2020, « encore faut-il que les amendes soient effectivement payées et que, dans le cas contraire, les poursuites judiciaires soient engagées. Sinon, ce système ne sera que du vent… » Gérald Darmanin a présenté ses chiffres lundi : 276 AFD sont dressées chaque jour par les policiers ou les gendarmes. La première place du podium revient aux Bouches-du-Rhône avec (selon Le Figaro et l’AFP, le 9 août dernier) plus de 9.000 AFD établies en un an : « De nombreux quartiers de Marseille sont gangrenés par une criminalité liée au trafic de drogue, de cannabis en particulier. » Avec 8.867, la Seine-Saint-Denis arrive en seconde position de ce classement, avant le Nord. Mais au classement régional, c’est bien l’Île-de-France où se concentre le plus grand nombre de ces amendes (35.802 selon La voix du Nord), et la ville de Paris en compte à elle seule 5.957…
Mais l’exercice d’autosatisfaction du ministre ne s’arrête pas là. Il se vante de connaître les cinq ou six gros importateurs en Île-de-France et de préciser qu’il y a un « Rungis de la drogue » en Eure-et-Loir aux environs de Dreux. Ville qui comptait, en 2018, 23 % de sa population immigrée et dont Valeurs actuelles décrivait déjà, il y a deux ans, « la violence, les incivilités, les trafics et le communautarisme musulman ». Là encore, si le fameux Rungis de la drogue est notoire, tout comme les points de deal recensés plus haut, pourquoi n’est-il toujours pas complètement démantelé ? Il semble plus facile, aujourd’hui, en France, à un dealer mineur de vendre sa drogue qu’à une personne non vaccinée d’aller en terrasse boire un café. In fine, ce gouvernement si puissant quand il menace ses compatriotes de désactiver les passes demeure impuissant et incapable de reconquérir les zones de non-droit.
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