L’Avenue, un restaurant qui trie ses clients ?
Selon une enquête réalisée par le site BuzzFeed, L’Avenue, un restaurant très en vue de la capitale situé avenue Montaigne – une vitrine du chic à la française – et propriété de Jean-Louis Costes, "n’ouvrirait pas ses portes de gaieté de cœur aux clients “arabes” ou aux femmes voilées" (Le Parisien). Ces informations ont été recueillies auprès de serveuses de l’établissement qui ont reçu des consignes strictes à ce sujet : "Le directeur, Alexandre Denis, dit souvent qu’il préfère avoir deux personnes blondes, belles, en terrasse, avec deux cafés, plutôt que des femmes voilées, même si elles sont riches", raconte l’une de ces anciennes serveuses (op. cit.).
Évidemment, le microcosme bien-pensant – dont beaucoup de ses têtes d’affiche, j’en suis sûr, ont déjà déjeuné ou dîné à L’Avenue et continueront de le faire – se focalisera plus volontiers sur l’islamophobie du directeur de l’établissement, tandis que son sens aigu de la discrimination va bien au-delà, montrant à quel point Paris peut s’avérer une ville odieuse : "Selon une lettre d’anciennes serveuses à l’inspection du travail, le directeur utiliserait l’étage pour y placer “les clients pas assez beaux pour le rez-de-chaussée”. D’après elles, on y trouve “les vieux, les moches, les gros, les touristes asiatiques”" (Les Inrockuptibles).
Fort logiquement, les musulmans étant victimes de ladite discrimination, cette affaire commence à prendre des proportions auxquelles il fallait s’attendre : Jacques Toubon, Défenseur des droits, a déclaré "se saisir d’office afin d'enquêter sur cette situation" et Hélène Bidard, adjointe communiste à la mairie de Paris en charge de la lutte contre les discriminations, "a elle aussi fait part de sa colère" et adressé un courrier "au procureur de la République de la capitale, François Molins, pour demander l’ouverture d’une enquête" (Le Huffington Post).
Maintenant, pour l’avoir souvent constaté dans Paris, les femmes voilées, ainsi que leurs coreligionnaires masculins portant barbe interminable et qami, mettent autant les touristes que la clientèle locale mal à l’aise quand, par exemple, les femmes indiennes en tenue traditionnelle ne suscitent pas les mêmes craintes. Aussi, en lieu et place d’un racisme quelque peu fantasmé, on pourrait voir cela comme une appréhension à l’égard de signes religieux associés à un islam qui peut poser problème quant à lui.
Cela étant dit, les méthodes du directeur de L’Avenue, si elles sont avérées – ce dont l’intéressé se défend –, relèvent d’un comportement inqualifiable et participent de cette trop célèbre obsession du paraître parisien, vantée d’ailleurs par les boutiques de luxe des alentours, où tout doit être aussi lisse que le papier glacé des magazines de mode.
Enfin, rappelons que les cafés excluant les femmes dans certaines banlieues participent de la même discrimination. Mais puisque c’est le fait des nouveaux damnés de la Terre, ce n’est pas aussi grave !
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