L’arroseur arrosé : la France dans le collimateur de l’ONU
L’ONU, ou le « Machin », pour reprendre le jugement lapidaire du Général, nous fait décidément bien des misères.
D’un côté, le 23 avril, le Conseil de sécurité vide de sa substance un projet de résolution allemand, fortement soutenu par la France et relatif aux « femmes victimes de violences sexuelles lors des conflits ». François Delattre, notre ambassadeur, s’indigne donc : « Il est intolérable et incompréhensible que le Conseil de sécurité soit incapable de reconnaître que les femmes et les filles qui ont subi des violences sexuelles en temps de conflit et qui n’ont pas choisi d’être enceintes ont le droit d’avoir le choix d’interrompre leur grossesse. […] Les femmes doivent pouvoir disposer librement de leur corps. »
Le texte a finalement été adopté, après avoir été sérieusement amendé par les USA. En effet, Donald Trump semble avoir voulu envoyer un signal fort aux associations pro-vie, très puissantes au sein du parti républicain, et sans lesquels sa réélection pourrait se trouver compromise. Comme quoi les « grandes » causes n’empêchent en rien les petites manœuvres…
De l’autre, la France se trouve en même temps mise sur la sellette pour son « usage excessif de la force » face au mouvement des gilets jaunes. Ainsi Paris doit-il se justifier de l’utilisation des désormais fameux lanceurs de balle de défense et autres grenades de désencerclement.
Pour se justifier, l’Élysée affirme, dans un rapport remis le 11 avril dernier : « Il faut souligner que des propos, inscriptions et agressions à caractère raciste, antisémite ou homophobe ont été constatés au cours ou en marge des mobilisations. » On ne voit pas très bien le rapport avec les violences policières présumées et, à ce niveau d’enjeux, il aurait peut-être été plus opportun de confier la défense de la France à quelqu’un d’autre qu’un simple stagiaire de sous-préfecture.
En attendant, il est plaisant de voir ce gouvernement qui, à l’instar des précédents, n’a de cesse de faire la morale à la Terre entière, excipant de sa traditionnelle « vigilance » en matière de droits de l'homme, se retrouver aujourd’hui dans la légendaire posture de l’arroseur arrosé. Il y a, également, de quoi méditer sur ce que représente la tout aussi légendaire « communauté internationale » ; laquelle n’est jamais rien d’autre que l’attelage des USA et de ses affidés ; dont la France, malgré les coups de menton et les rodomontades de circonstance.
En janvier 2017, Hubert Védrine, notre dernier grand ministre des Affaires étrangères, assurait ainsi au Monde : « Pendant ce dernier quart de siècle, les Occidentaux ont cru à ce qu’avait promis George Bush père, c’est‐à‐dire à un nouvel ordre mondial sous la conduite éclairée des États‐Unis. Les conceptions étaient, certes, sensiblement différentes, plus nationalistes outre‐Atlantique, plus idéalistes chez les Européens, mais il y avait une illusion commune. Tout cela s’effondre aujourd’hui. »
Et le même d’ajouter : « D’autre part, la perte par les Occidentaux du monopole de la puissance qui était le leur depuis plusieurs siècles était déjà observable depuis un certain temps. Mais il a fallu des événements terribles, tels que la reconquête des quartiers orientaux d’Alep par le régime syrien, aidée par l’aviation russe, face à des Occidentaux impuissants, puis les négociations pour une sortie de crise en Syrie annoncées par la Russie avec la Turquie et l’Iran – mais sans les États-Unis ni la France –, pour que cette nouvelle donne sidérante devienne une évidence. »
En d’autres termes, c’est la fin d’une certaine arrogance occidentale. La fin, encore, du monde bipolaire, des certitudes issues de la guerre froide et le retour de ces nations ancrées dans une histoire multimillénaire, tels la Chine, l’Iran ou la Russie. À ce titre, il est pour le moins désolant que la France, nation tout aussi auguste et ancienne, persiste à penser le monde de demain avec des arguments d’avant-hier.
Mais il est vrai qu’Emmanuel Macron, tout comme Nathalie Loiseau, ont tellement mieux à faire. Lutter contre Marine Le Pen, par exemple.
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