L’appel du 18 juin : un héritage manuscrit transmis aux Archives

Le 18 juin 1940, un jour après que le maréchal Pétain avait annoncé, « le cœur serré », qu’il fallait cesser le combat contre les Allemands, une autre voix surgit au-delà de la Manche : un appel dont l’auteur méconnu alors, le général de Gaulle, fit naître l’esprit de la Résistance et entra dans l’Histoire de France. Quatre-vingt-cinq ans après cet événement, les petit-fils du général de Gaulle ont officiellement déposé le manuscrit original de cet appel aux Archives nationales, accompagné de près de 300 autres documents historiques, enrichissant ainsi par ce don exceptionnel notre patrimoine national.
La lutte continue
Afin que le monde ne dise pas que la France s’est humiliée en acceptant la défaite, le général de Gaulle, avec le soutien du Premier ministre Winston Churchill, décide, le 18 juin 1940 à 22 heures, de s’adresser à la France et aux Français pour proclamer que la victoire de l’Allemagne n’est pas inéluctable tant que des hommes sont prêts à lutter : « Le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! »
De Gaulle rappelle également que, si la France métropolitaine est tombée, une autre France subsiste, celle des colonies, en Afrique, en Asie et dans d’autres régions du monde, prête à poursuivre la lutte avec ses alliés : « Rien n'est perdu pour la France […] Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limite l'immense industrie des États-Unis. »
La construction de la Résistance
L’homme du 18 juin exhorte également à l’organisation d’une résistance structurée autour de lui, depuis Londres : « Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français […] les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement […] à se mettre en rapport avec moi. » Cependant, cet appel ne connaît qu’une diffusion limitée dans l’immédiat. Néanmoins, la force de ce message lui permet de se répandre rapidement à travers toute la France, où beaucoup sont prêts à reprendre la lutte : « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. »
Le 22 juin, de Gaulle s’adresse à nouveau aux Français et réitère son appel à le rejoindre à ceux qui veulent continuer le combat. Ces premières recrues viennent alors de toutes les régions, de la France occupée comme non occupée et de tous bords politiques, des membres de l’Action française aux communistes, car quelle que soit leur opinion, une seule chose comptait : poursuivre la lutte pour libérer la France.
Un appel rentré dans l’Histoire et les Archives
Dès 1942, de Gaulle comprend l’importance de cette date du 18 juin et décide d’en faire le jour fondateur de la France libre. Après la Libération, le 18 juin est choisi pour inaugurer, en 1960, le Mémorial de la France combattante au mont Valérien. Enfin, par un décret en 2006, il devient une « journée nationale commémorative », un rendez-vous solennel et désormais institutionnalisé.
Cependant, l’histoire de l’appel du 18 juin continue de s’écrire encore aujourd’hui. En effet, le 12 juin 2025, Pierre de Gaulle, l'un des fils du défunt amiral Philippe de Gaulle, a remis aux Archives nationales l’original manuscrit de l’appel, jusqu’alors conservé dans la sphère privée.
Pierre de Gaulle a néanmoins remarqué que « ni Madame Dati, ni aucun membre du gouvernement n'ont jugé utile d'être présents ». Il a alors déclaré : « Sans doute que cet événement n'était pas suffisamment rutilant pour eux. L'histoire de France ne les intéresse pas. »
Ni Madame Dati, ni aucun membre du gouvernement n'ont jugé utile d'être présents. Sans doute que cet événement n'était pas suffisamment rutilant pour eux. L'histoire de France ne les intéresse pas.https://t.co/6qbPieBF8s
— Pierre de Gaulle (@PierredeGaulle) June 13, 2025
Ce dépôt d'archives familiales comprend pourtant près de 300 autres lettres, documents et correspondances du général et de son entourage. Le manuscrit original du 18 juin est également exposé à partir du 18 juin 2025 au musée des Archives nationales, à l’hôtel de Soubise à Paris, et ce, jusqu’au 1er septembre, afin de célébrer ce don unique fait par la famille de Gaulle.

Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

24 commentaires
Le 18 juin, c’est aussi l’anniversaire de Waterloo. Je dis ça je ne dis rien.
» Ces premières recrues viennent de tous bords politiques, de l’Action française aux communistes, » Fake new. En vertu du pacte germano-soviétique, les cocos sont restés alliés avec Hitler jusqu’au 21 juin 1941, opération Barbarossa.
Le Général a ramassé l’honneur de la France dans le caniveau. Mais il n’a pas Été assez vigilant, car l’honneur de la France est maintenant invisible.
C’ est beaucoup plus complexe que ça… et pourquoi le nomme t on du 18 juin alors qu’ il est du 22? Il était plus facile de résister depuis l’ Angleterre qu’ en France… quand tous les membres du gouvernement se sauvaient sur le Massilia etc… il faudrait arrêter de se bercer de légendes et avoir le courage d’ examiner les faits objectivement.
Ce que vous dites en commençant votre contribution est inexact Le premier appel du Général De Gaulle est bien du 18 juin mais celui-ci n’avait pas été enregistré par la BBC. La seconde prise de parles du 22 juillet est souvent prise pour l’appel lui-même mais c’est inexact.. Quant à la seconde partie de votre texte elle est, à la fois un mélange de persiflage et d’inexactitude.
L »‘appel du 18 juin est un mythe. Il a eu lieu le 22 avec une phrase rajoutée sur le manuscrit du 18 : « Un gouvernement de rencontre qui a capitulé, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude ». Churchill qui négociait alors avec le Mal Pétain ne voulait pas être gêné.
Votre contribution est, disons du même tonneau, que celui de Kiouchon ci-dessus. Ma remarque à ce dernier est également valable pour vous.
Les gauchos n’aiment pas cette histoire, car ce fût la droite, voire l’extrême droite qui constitua les fondements de la France Libre.
Dans le même temps, le Parti Communiste était allié avec les nazis et le gouvernement de Vichy, à deux étoiles prés était socialiste et radical.
Rien d’étonnant quand on sait que l’éducation nationale n’enseigne plus l’histoire de la France sauf celle de ceux qui battent leur coulpe en crachant sur la patrie. Et nos gouvernants qui s’agitent, analysent à chaud sans recul, comme notre président, sans vision à long terme, un mélangeant tout et son contraire dans un infâme gloubiboulga. Leur réussite, ils nous assuren la risée du monde.
Pierre de Gaulle, P. de Villiers, Dupont Aignan. Quelle belle brochette pour notre futur gouvernement!…Et tous ces autres incorruptibles, discrets et intègres dont on ne parle jamais.
Bel emballement dans cet article dont il me semble que le sujet est passé inaperçu à l’époque, très peu de gens ayant la possibilité d’écouter Londres déjà, pour commencer. Et en plus , en pleine débâcle ! Pour autant, on va avoir besoin de ce genre de littérature empreinte de lyrisme patriotique car on va devoir remonter de très très bas !
Bien vu! Nous sommes dans un tel état que même les légendes sont bien venues !
Je comprends que les responsables politiques, LR compris, n’aient pas envie d’apparaître au côté d’un stipendié de Poutine
Pierre de Gaulle, puisque c’est lui auquel vous faites référence, a parfaitement le droit de souhaiter un rapprochement avec la Russie, comme son illustre grand-père d’ailleurs qui évoquait « une Europe de l’Atlantique à l’Oural »
Ça ne fait pas de lui un « stipendié » de Poutine, pas plus que Charles de Gaulle fut un stipendié de Staline …
Quant à LR, ils sont devenus des nains politiques sans culture ni convictions.
LR s’est une fois de plus déconsidéré en ne participant pas à l’hommage de l’Appel du 18 Juin!
Vous semblez bien connaitre les gens que vous évoquez …
La France n’a pas d’histoire dixit Macron, tout est dit !
Moi je suis passionnée d’histoire même s’il y a eu des périodes pas trop glorieuses
Et si la honte les paralysait ?
Pour faire une carrière politique dans la France actuelle, il est impératf d’être vacciné contre la honte, et plusieurs fois si possible.
Merci pour ce très bel article et Merci à la Famille De GAULLE. Vous m’avez incité à relire les épisodes que mon Père a connu à Jeunesse et Montagne dans le Massif de l’Oisans.
Vous écrivez : « Ces premières recrues viennent alors de toutes les régions, de la France, occupée comme non occupée, et de tous bords politiques, des membres de l’Action française AUX COMMUNISTES… ». Quel emballement ! Si J’ignore ce qu’il en est de « l’action Francaise », encore que je sache que les premiers à rejoindre étaient en majorité de droite, et si je ne doute pas que DES communistes (mais l’etaient-ils vraiment ?) aient suivi De Gaulle dès le départ, LES communistes dans leur majorité attendaient les ordres de Moscou (où s’etait réfugié leur secretaire général MauricecThorez…) et n’ont commencé à résister qu’en 1941, après la rupture du pacte germano-sovietique… C’est sans doute pour faire oublier ce « retard au demarrage » qu’ils se sont institués le parti des 75 000 fusillés (plus résistant que moi, tu meurs) quand les historiens d’aujourd’hui font tourner ce chiffre autour de 4 000…
mise au point nécessaire pour les ignares ( et menteurs coco)
« Ces premières recrues viennent alors de toutes les régions, de la France occupée comme non occupée et de tous bords politiques, des membres de l’Action française aux communistes ». La très grande majorité des communistes n’ont pas bougé le petit doigt jusque, au mieux, 1941 et la fin du pacte germano-soviétique. Alors, de grâce, arrêtons de dire que les communistes sont entrés en résistance dès juin 1939 !
La presence des nullités macronistes aurait ete insignifiante. Merci infiniment a la famille de gaulle d offir aux Français ce manuscrit qui est entré ds l Histoire
Merci.