Un policier tire sur un forcené armé : une enquête est ouverte pour « meurtre »

« Meurtre ? Non ! Légitime défense ! » Les syndicats de policiers sont remontés.
© Photo de Scott Rodgerson- Unsplash
© Photo de Scott Rodgerson- Unsplash

« Inacceptable, honteux, révoltant ! » Dans la nuit du 15 au 16 juin, à Metz, un forcené armé menace les passants depuis sa fenêtre. Retranché chez lui, l’individu refuse de se rendre. La police intervient afin de protéger les riverains. « Vers 2h47, l’homme fait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue sans blesser de fonctionnaire de police, rapporte l’adjoint au procureur de la République de Metz, dans un communiqué. Il sort de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et fait feu sur les policiers présents dans le couloir. » L’un des agents de police se retrouve blessé à la main. Un de ses collègues ouvre alors le feu « à trois reprises » en direction de l’individu, « le touchant à l’abdomen et au bras ». Hospitalisé, le forcené décèdera dix heures plus tard des suites de ses blessures. Âgé de 56 ans, il avait déjà été condamné neuf fois par la Justice. « Plusieurs armes ont été découvertes à son domicile », ajoute l’adjoint au procureur de la République de Metz. Rapidement, le policier, auteur des tirs, est placé en garde à vue. Une enquête pour « meurtre » est ouverte et confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). L’objectif : vérifier les conditions légales d’usage de son arme par le policier. Une autre enquête de flagrance est également ouverte pour « tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique ».

Des syndicats scandalisés

L’ouverture d’une enquête pour « meurtre » scandalise les syndicats de police. Alliance Police nationale dénonce une décision « incompréhensible et inadmissible ». « Notre collègue n’est pas un meurtrier. Il a agi pour sauver des vies face à un danger mortel », écrit le syndicat, qui s’oppose à « une ouverture systématique d’enquête pour meurtre » dès lors qu’un policier fait usage de son arme de service. Alliance PN conclut son communiqué : « [Cette décision] envoie un message catastrophique : ceux qui nous protègent sont traités comme des criminels. » Même son de cloche dans les rangs de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) - Police. « Un policier riposte pour sauver des vies après des tirs sur ses collègues, il est en garde à vue pour meurtre, alors qu’il a agi en défense et réplique ! Inacceptable. Soutien total à lui. Non aux enquêtes automatiques pour meurtre après usage des armes par la police », réclame Axel Ronde, porte-parole du syndicat. Beaucoup auraient préféré que le parquet qualifie les faits de « violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Présomption de légitime défense

« Un policier de la BAC, grièvement blessé […] et que fait le procureur de la République ? Il ouvre une enquête pour meurtre contre son frère d’armes et le place en garde à vue. C’est quoi, ce syndrome post-Nahel ? [pour rappel, le policier qui a tiré sur Nahel en juin 2023 sera jugé pour meurtre, NDLR) », s’indigne, à son tour, Matthieu Valet, ancien policier et actuel député au Parlement européen sous l’étiquette Rassemblement national. « Ce policier a […] évité un carnage. Il mérite une médaille, pas une garde à vue. […] Avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, la présomption de légitime défense sera une réalité », poursuit-il.

Cela fait maintenant de nombreuses années que les policiers, par la voie de leurs syndicats, réclament la reconnaissance d'une « présomption de légitime défense ». Autrement dit, quand un policier fait usage de son arme en service, il n’aura plus à prouver son innocence, ce sera au juge de prouver sa culpabilité. Une proposition défendue par le Rassemblement national, Reconquête ou encore Nicolas Sarkozy, en son temps. À l'heure où un policier attend son procès pour meurtre dans l'affaire Nahel et où nombre de ses collègues n'osent plus faire usage de leur arme de service par peur de se retrouver sur le banc des accusés, cette proposition semble relever du bon sens.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

81 commentaires

  1. Quand est ce que la Justice fera bon ménage avec le bon sens ?
    Un fois de plus j’en doute…..

  2.  » selon la tournure que prendront les affaires on élargira la prison OU les prisonniers  » P.L. Courier. Nous y sommes et peut être arrivera t il un temps ou la police n’ assurera plus son rôle de défense du citoyen car susceptible de se retrouver dans le boxe des accusés. Et on pourra la comprendre.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L’islamo-gauchisme n’existe pas. Comme le grand remplacement…
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois