Avec les différentes informations en provenance à la fois de Colombie, des États-Unis et de Caracas, il apparaît de plus en plus clairement que l’opération militaire baptisée « Gédéon » visant à « envahir » le Venezuela ressemble à une opération de barbouzes particulièrement mal organisée.

Les hommes du commando, tout d’abord, recrutés sous l’égide de la société américaine Silvercorp USA Inc. spécialisée dans la sécurité : un conglomérat hétéroclite composé de deux anciens des forces spéciales américaines, les Américains Luke Alexander Denman et Airan Berry, le fils du général Raúl Isaías Baduel, 63 ans, l’ancien ministre de la Défense de Chávez emprisonné depuis 2009, Javier Nieto, un ancien officier militaire vénézuélien, un déserteur de la GNB, le capitaine Robert Colina Ibarra et une vingtaine de mercenaires...

Quant aux moyens logistiques de ce commando, saisis par l’armée vénézuélienne, ils laissent rêveur sur leur puissance de feu : dix fusils, un pistolet Glock 9 mm et deux mitrailleuses 7,62 millimètres, un hors-bord, deux cahiers avec des détails sur l'opération, des téléphones satellites, des cartouches de différents calibres !

À moins d’avoir envisagé une opération de diversion qui n’a jamais eu lieu, le commando s’est donc fait intercepter dans la nuit de dimanche à lundi, à 3 heures du matin, sur les côtes de Macuto, dans le nord-ouest du Venezuela, où un comité d’accueil au complet constitué des forces spéciales de la FNAB (forces armées vénézuéliennes), de la DGSIM (direction générale du renseignement militaire), du SEBIN (service de renseignement bolivarien), etc., les attendait... Bilan : huit mercenaires tués pendant le combat qui a suivi et une quinzaine d’arrestations, d'après France 24. Nicolás Maduro a même tenu à préciser, lors de sa conférence de presse : « Nous savions tout, ce dont ils parlaient, ce qu'ils mangeaient, ce qu'ils ne mangeaient pas, ce qu'ils prenaient, ce qu'ils ne buvaient pas, qui les finançait ! »

On imagine, alors, sans peine la qualité de l’organisation, la sélectivité du recrutement, la discrétion des préparatifs qui rappellent celles qui étaient en cours sur un autre continent, à une autre époque, celle de monsieur Bob, où les débriefings étaient peaufinés dans les clandés de Kinshasa... En l’occurrence, c’est plutôt à Miami, dans le quartier de Little Habana, un petit Cuba à lui tout seul, que les premières indiscrétions ont certainement dû fuiter.

Qui étaient les commanditaires ?

Vu les moyens employés, s’il est difficile de croire à une invasion du Venezuela, on peut sans doute estimer que l’objectif était d’attenter à la vie de Maduro. Interviewé par la presse vénézuélienne et américaine, Jordan Goudreau, ancien béret vert et patron de la société Silvercorp USA Inc., a reconnu la signature d'un contrat avec « un groupe de Vénézuéliens » pour préparer un plan d'envahissement sous la houlette du général de division vénézuélien à la retraite Clíver Alcalá Cordones.

Patricia Poleo, une journaliste vénézuélienne basée à Miami, a publié, il y a deux jours, un document qui serait la copie du contrat avec la société Silvercorp USA Inc. pour la fourniture d’un certain nombre de services dont « la planification stratégique, l’achat d'équipement, le conseil d'exécution du projet », pour un montant de 213 millions de dollars américains, dans laquelle apparaît la signature de Juan Guaidó. De plus, Patricia Poleo a l’enregistrement d’un entretien dans lequel Goudreau accuse l'opposition vénézuélienne de ne pas avoir respecté la signature du contrat en précisant que l’opération « Gédéon » s’était cependant poursuivie !

Avec, certainement, en perspective la possibilité de la récompense de 15 millions de dollars offerte par les USA pour la capture de Maduro...

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07 mai 2020 à 16:12

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