La tendance du moment : un visage non genré

androgyne

Des pommettes hautes, sculptées, le nez droit, ovale et taillé à la serpe, un angle mandibulaire plus marqué... Si Mesdames, en lisant ces quelques lignes, vous pensez vous reconnaître, alors bravo, vous correspondez parfaitement aux nouveaux standards de la beauté de ce XXIe siècle ! Pour les autres, il ne vous reste que la case bistouri ou, plus raisonnablement, attendre patiemment que cette tendance passe, sachant qu’une « mode a à peine détruit une autre mode qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit », nous enseigne malicieusement ce cher La Bruyère.

Or, force est de constater qu’un nouveau phénomène arrive chez des jeunes femmes n’hésitant pas à recourir à la chirurgie esthétique pour obtenir un visage émacié. « Les lignes arrondies, qui sont le propre du visage féminin, s’estompent, en effet, aujourd’hui, pour laisser place à un faciès masculinisé », explique, dans Le Figaro, le Dr Jérôme Paris, chirurgien de la face et du cou. Exit, donc, les divas hollywoodiennes aux traits harmonieux et aux courbes douces, depuis quelques années déjà, le phénomène androgyne est de mise et bien visible, tant sur les podiums que dans les campagnes de publicité.

« La beauté est construite par la publicité, selon des critères de luxe. C'est une beauté imposée, qui est censée faire envie afin de créer des stéréotypes. La beauté que l'on nous propose est une beauté artificielle », prévient la styliste Agnès B. Malgré cela, certaines, plus victimes que fashion, recourent aux pratiques chirurgicales allant de l’injection de la toxine botulique ou d’acide hyaluronique à la Bichectomie (comprendre l’ablation chirurgicale des boules graisseuses de Bichat au creux des joues). Qu’importent les règles de l’harmonie, pourvu que le résultat soit naturel !

Dans une époque faisant voler en éclats les notions de masculin et de féminin et exaltant la pluralité des identités, il n’est pas étonnant de constater ce phénomène d’androgénie généralisée. En outre, payer pour un physique amaigri quand vingt millions de personnes dans le monde sont menacées par la famine en dit long sur notre société égocentrée, riche et malheureuse, encore loin de toute forme de sobriété...

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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