La municipalité de Strasbourg, dirigée par des écologistes et soutenue par l’ensemble de la gauche, entend subventionner, à hauteur de 2,5 millions, une association pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan. Cette mosquée est présentée comme la plus grande d’Europe, pour un coût total estimé à 32 millions d'euros. Manifestement, cette édification constitue, pour le président Erdoğan, un formidable levier d’influence afin de propager sa propagande antifrançaise à destination de la communauté turque, très nombreuse en Alsace. N’oublions pas que le président turc considère (je cite) « que l’assimilation est un crime contre l’humanité ».

Face à cette offensive islamiste d’ampleur, le conseil municipal de Strasbourg, non seulement se soumet à la demande d’une association clairement islamiste, mais en rajoute en s’en prenant à la doctrine de l’Église catholique et en refusant de voter une résolution européenne dénonçant l’antisémitisme (Dernières Nouvelles d'Alsace, 25 mars). Ainsi, cette majorité municipale de gauche a choisi son camp : celui d’abaisser une religion pour en soutenir une autre, comme le souligne très justement l’archevêque de Strasbourg Mgr Ravel. Circonstance aggravante : les élus strasbourgeois semblent ignorer les tensions diplomatiques entre Paris et Ankara.

Face à ce positionnement politique, clairement contraire aux intérêts supérieurs de la France, l’arsenal juridique dont dispose notre pays apparaît malheureusement insuffisant pour s’opposer à la délibération envisagée. En effet, la mairie peut invoquer son bon droit, puisque l’Alsace, pour des raisons historiques, échappe à l’application de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l'État et continue à être régie par le concordat napoléonien de 1802 qui permet aux collectivités locales de cette région d’accorder de larges subventions pour la construction de lieux de culte musulman. D’ailleurs, ces collectivités ne s’en sont pas privées, dans le passé. À titre d’exemple, la municipalité de Mulhouse, dirigée d’abord par des centristes, puis par des LR, a accordé des dons significatifs pour l’édification de la mosquée An-Nour, liée aux Frères musulmans.

Il est vain, par ailleurs, de penser que le projet de loi dit « confortant les principes républicains », à l’étude actuellement au Sénat, permettrait de s’opposer à ce type de délibération. D’une part, dans le cas présent, il ne s’agit pas de contrôler des financements étrangers, d’autre part, le contrat d’engagement républicain, prévu par ladite loi, est trop vague et imprécis pour s’opposer au versement de la subvention critiquée.

Dans ces conditions, l’intervention musclée du ministre de l’Intérieur ne constitue qu’une énième gesticulation sans conséquence. S’il souhaite réellement combattre l’influence de l’islamisme politique, promu par l’association Millî Görüş, il est nécessaire d’arrêter le double discours, à savoir celui de la fermeté à Paris et celui du déni et de l’abstention des conseillers municipaux LREM à Strasbourg.

Ensuite, il convient de s’interroger sur le sort d’une association, liée à la République turque et travaillant à la défense de ses intérêts, qui récuse dans son principe la loi sur le séparatisme et qui refuse d’adhérer à la charte d’inspiration républicaine et laïque proposée par le recteur de la grande mosquée. Enfin, la lucidité consisterait à condamner les comportements électoralistes de trop nombreux élus de gauche, et même parfois de droite, conduisant à accepter des accommodements communautaristes. Mais ici, c’est certainement trop demander au ministre de l’Intérieur.

Ainsi, plus que jamais, il devient urgent d’utiliser le bulletin de vote, lors des prochaines échéances électorales régionales et départementales des 13 et 20 juin, pour désigner les candidates et les candidats qui s’opposent résolument à cet islamisme politique, dont l’idéologie est si contraire aux valeurs de la France et qui, chaque jour, s’infiltre un peu plus dans notre société.

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27 mars 2021 à 15:30

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