La réponse de Macron aux gilets jaunes a pris la couleur gris-vert…

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La France mondialisée, alignée, soumise, méconnaissable était conviée au Vendredi noir, claironné en anglais Black Friday, afin que les Français, en bons colonisés, participent à un rite consumériste américain. Finalement, c'est le samedi qui s'est paradoxalement noirci, au propre comme au figuré, avec la deuxième mobilisation des "gilets jaunes". Fumées des feux allumés sur les Champs-Élysées, gaz lacrymogène et présence policière massive, c'était noir, ou bleu sombre.

Assez piteusement, le ministre de l'Intérieur et ses comparses ont pointé une opération montée par l'ultra-droite, et ses casseurs, accusé la présidente du Rassemblement national d'en être l'instigatrice à cause d'un tweet, et enfin reniflé la peste brune du nazisme. Cette tentative particulièrement médiocre de circonscrire politiquement la révolte, en la reléguant dans un espace unanimement maudit, a fait long feu. Les jeunes Damien et Cyril, condamnés par la 23e chambre en comparution immédiate, gagnent l'un 500, l'autre 900 euros par mois. Ils vivent chichement, n'ont aucune appartenance politique et ont été accusés de lancer des pavés.

Qu'un ministre du Budget qui n'imagine pas un restaurant à moins de cent euros, sans le vin, les traite de nazis soulève le cœur. L'exploitation politicienne vient signer une manœuvre qui a consisté à laisser pénétrer des casseurs au milieu des gilets jaunes autour de la place de l'Étoile.

Les images des violences policières commises sur des personnes âgées et visiblement inoffensives sont calamiteuses pour l'idée que les Français se font de leur police.
Il est consternant de voir les forces de l'ordre moins entreprenantes contre des casseurs qui leur lancent des cocktails Molotov que contre des couples de retraités. Thierry Paul Valette, coordinateur des gilets jaunes à Paris, faisait le récit de la journée avec une remontée bon enfant de la rue de Rivoli gâchée, à l'arrivée sur les Champs, dans le traquenard tendu sournoisement par l'apparent laisser-faire de la police.

Partout ailleurs en France, 100.000 manifestants, au bas mot, ont organisé plus d'un millier et demi de marches, de barrages filtrants, d'opérations "escargot" ou "péage gratuit", la plupart sans incident. La tentative de discrédit ayant échoué, on attendait beaucoup de la prise de parole de M. Macron, hier matin.

Il s'est contenté de peindre la France en gris pour exprimer sa compassion pour les "citoyens les plus fragiles", "les travailleurs les plus modestes", n'hésitant pas à s'émouvoir sur le sort des enfants qui respirent mal dans des passoires thermiques.

Cette habile transition énergétique lui permettait de donner un grand coup de vert sur la façade de sa politique. Le premier impératif est de se désintoxiquer des énergies fossiles, pour les déplacements, pour le chauffage. Il n'y aura plus d'inégalité devant la transition énergétique. Il n'y aura plus de centrales au charbon. Il n'y aura plus que de la géothermie, de la biomasse, de l'éolien, du solaire et de l'hydraulique, et un peu de nucléaire, mais moins. On avait cru que le Président s'adressait aux gilets jaunes et, en fait, il parlait aux Verts.

Il parla ensuite de stratégie européenne intégrée. Voulait-il parler d'un alignement des Européens sur ce projet ? Ni les limites de l'action du vent ou du soleil, ni les choix antagonistes des Européens ne donnent en effet beaucoup de crédit au discours présidentiel.

Redescendant sur Terre, M. Macron, concéda que la colère des Français dépassait la question du coût des carburants. Après cette commisération, le chef de l'État rappela que cela durait depuis des décennies et que les Français, ces simples d'esprit, voulaient à la fois payer moins d'impôts et avoir un meilleur service public. D'ici quelques mois, on pourra apporter des réponses grâce à la réflexion commune : moins d'impôts, un meilleur service public, une énergie décarbonée...

Pour l'instant, il s'agit de changer de méthode. Personne n'y avait pensé ! Évidemment, tous ceux qui attendaient des solutions concrètes et un moratoire sur les taxes en ont été pour leurs frais. Les gilets jaunes peints en vert ont le sentiment d'être marron !

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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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