« Philosophiquement, ce sont deux projets de société qui vont s'affronter. » La députée du Var Laure Lavalette (RN), jointe par téléphone, a conscience de la violence de la lutte qui va déchirer le palais Bourbon. C'est le boulet que portent les députés de la majorité et c'est un chemin de croix sans cesse repoussé pour Emmanuel Macron. Entre atermoiements, rendez-vous ratés, couacs et situation sociale explosive, la bataille pour la réforme des retraites démarre de manière chaotique. Annoncée en 2022, cette réforme sera finalement débattue cet hiver 2022. Et ce sera tendu. Déjà, la gauche et les partenaires sociaux préchauffent le macadam et prévoient des mobilisations massives sur tout le territoire. Pour la patronne d'EELV Marine Tondelier comme d'autres figures de l'opposition, c'est par la mobilisation « dans la rue » qu'il sera possible de « faire reculer » cette réforme.

Des débats tendus et attendus

Si la NUPES prévoit d'occuper la rue, le RN tient quant à lui à occuper les rangs de l'Hémicycle. Laure Lavalette prévient : « Notre place est à l'Assemblée. Même si nous comprenons la colère qui s'exprimera dans la rue, notre combat sera, d'abord et avant tout, en séance. » La députée varoise et porte-parole du groupe sera aussi la référente RN sur ce sujet retraite en binôme avec le député du Loiret Thomas Ménagé. Dans les faits, le Rassemblement national sait qu'il a peu de chance d'être entendu dans la rue. L'exemple des gilets jaunes n'est pas loin. Jacline Mouraud se souvient et confie à BV : « Le mouvement a été très vite phagocyté par l'extrême gauche. » Celle qui fut l'une des figures du mouvement avertit néanmoins les politiques : « Il n'y aura plus de récupération politique possible de cette colère [...] Je pense qu'on s'oriente vers un mouvement qui dépassera largement les gilets jaunes et qui concernera le peuple français tout entier », conclut celle qui a brièvement rejoint Éric Zemmour. Pour sa part, Jean-Luc Mélenchon avait tweeté : « Ça va chauffer en janvier. » Pas une raison pour le parti à la flamme de baisser pavillon. Marine Le Pen s'y était engagée pendant la campagne présidentielle. Elle est opposée à la réforme des retraites et entend bien la supprimer si cette dernière passe et que le RN prend le pouvoir.

Dialogue impossible

Attendue dans une dizaine de jours, la réforme des retraites peut-elle être le fruit d'un compromis social ? Dans la lettre Les 4 vérités, le député RN Jean-Philippe Tanguy s'était énervé : « Il faudrait déjà écouter les partenaires sociaux. […] Le gouvernement prétend négocier, mais il ne négocie rien puisqu’il dit qu’il a déjà choisi l’âge de départ à la retraite, voire une augmentation du temps de cotisation. On ne sait pas trop ce qu’il y a à négocier. » Contacté par BV, le RN Thomas Ménagé abonde : « On a assisté à une fausse concertation mais à une vraie opération de communication. »

« On devait avoir trois concertations préalables et on n'en a eu que deux », fustige Laure Lavalette qui, avec Thomas Ménagé, s'est rendu au ministère du Travail. « Une première fois, on nous a présenté les documents le jour même, donc impossible d'en prendre connaissance avant les discussions, et la deuxième fois, nous les avons obtenus la veille à 18 heures ! » Pour le RN, la raison de cet empressement est clair : le calendrier européen. Emmanuel Macron l'a annoncé lors de ses vœux aux Français. Thomas Ménagé dénonce « cette réforme qui vise à assurer l'équilibre de notre système » et dont « les nouvelles règles s'appliqueront dès la fin de l'été 2023 ». En cause, « la nécessité pour Emmanuel Macron de donner des gages à l'Union européenne pour bénéficier du plan de relance de l'UE ».

Un dénouement couru d'avance ?

Comment la Macronie s'y prendra-t-elle ? 49-3 ? Compromis ? Si la majorité relative et ses alliés voteront bien ce texte, la NUPES et le RN seront vent debout. Comme souvent depuis le début de ce mandat, le mot de la fin reviendra à LR. En décembre dernier, le président du parti Éric Ciotti a signifié que LR « ne soutiendrait pas la réforme des retraites à n'importe quel prix », écartant un relèvement « brutal » de l'âge de départ à 65 ans, mais on sait d'ores et déjà que certains députés LR comme Aurélien Pradié ont l'intention de ne pas la voter. Ménagé soupire : « Avec LR, on sait à quoi s'attendre. Ils ne seront pas massivement pour et ne voteront pas de motion de censure s'ils sont contre. » La conclusion de cette lutte politique n'est pas écrite.

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02 janvier 2023 à 19:22

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45 commentaires

  1. Le sujet de la durée de cotisation reste toujours caché derrière l’âge, et pourtant…
    L’objectif de cette réforme est que jamais personne ne puisse toucher sa retraite à taux plein…
    Que les syndicats se réveillent et s’attaquent aux vrai sujet !

  2. Cette réforme souffre d’un déficit d’informations ! Concerne -t – elle le privé mais aussi tous les privilégiés du public ,des régimes spéciaux,les hommes politiques au niveau national et européen .L’effort de cotisations sera t il harmonisé ? Il ne faut rien cacher aux français comme on l’a fait avec la sncf , EDF…Il faut en profiter pour gommmer certains privilèges abusifs. Tout le monde est dans le même bateau. Ensuite il faut mettre toues les prévisions sur la table catégorie par catégorie : 1) si on fait rien ,2)si on allonge pour tout le monde jusqu’à…mettant en face les hypothèses de travail . Probablement que cela existe quelque part mais avec bien des raisons de cacher quelque chose. Alors ça ne marchera jamais. Le français veut savoir s’il est traiter comme tout le monde.Dans ce domaine 2 +2 n’en feront jamais 5 comme dans Orwell sauf coup d’état ! Attention…. Les français veulent comprendre

  3. Macron, chemin de croix…mort de rire, roulé parterre même… Il va rigoler à coup de 49-3 et jubiler de nous pourrir la vie…

  4. Mme LE premier ministre Borne recule déjà en annonçant que les 65 ans n’étaient pas un « totem ».

  5. Je suis en désaccord sur tout avec Macron et ce gouvernement, mais il n’empêche que notre système de retraite va droit dans le mur. Le nier est de la démagogie : la durée de vie augmente et le nombre de cotisants par retraité diminue. Il faudra bien traiter le problème et le plus tôt sera le mieux.

    1. C’est simple: au lieu de demander aux vieux de travailler plus longtemps, il y a qu’à demander aux jeunes de travailler plus tôt !
      Envoyer cotiser tous ceux qui encombrent les facs et qui y « glandent » sans grande motivation, leur permettrait de partir plus tôt à la retraite, et en plus résoudrait le problème des fameux « emplois sous tension », non?

      1. Eh oui…il y a 25 ans, un enseignant Certifié (prof dans le secondaire) avait son CAPES à bac+4,faisait une année de stage (déjà fonctionnaire), et donc, commençait à cotiser pour sa retraite 4 ans après le bac, soit à 22 ans en moyenne, après quoi il obtenait une première affectation en tant que titulaire à 23 ans. Et pouvait prendre sa retraite à taux plein à 60 ans, avec 37 annuités 1/2 de service.
        Depuis quelques années, il faut bac+5 ; mais l’âge moyen en 1ère affectation est passé non à 24, mais à 30 ans ! Pourquoi ? redoublements, réorientations, années sabbatiques…
        A 60 ans, ils n’enseignent donc « que » depuis 30 ans. Certes, plus dans les mêmes conditions !!! N’empêche que, d’un point de vue strictement comptable…

  6. Avant de remanier toujours les mêmes retraites qu’ils commencent par modifier celles des fonctionnaires ou qu’ils aligent celles du public sur les fonctionnaires .Et surtout revoir les retraites des élus et ex élus qui sont indécentes vu la conjoncture actuelle .Ne pas oublier la chasse aux fraudes dans Tous les pays .Arrêter d’accorder des retraites à des étrangers qui n’ont jamais cotisé ni contribué à l’essor de ce pays . Mais il est tellement plus simple de toujours spolié le français moyen qui n’a pas les moyens de faire grève mais qui en a marre d’être le dindon de la farce . Mais ce français moyen est à bout et la révolte n’est pas loin .

    1. Et si « on » nous donnerait les informations au sujet de ce qu’avait mis en place Jospin ? ! … Et pourquoi le « gouverne-et-ment » veut mettre la main sur les caisses AGIR-ARCO ? … Les fonctionnaires ont des « salaires de base » et des primes en tous genres … Mais qu’en est-il des « hors cadres », des sénateurs et des « députés » du genre de patriat et tellement d’autres qui sont dans la sphère régionale, départementale et locale ? …
      Il faut « sortir » le karcher démocratique très vite avant que « tout ne s’embrase » ! … Car l’HISTOIRE DES PEUPLES dit précisément que la faim, le froid ont toujours « débridés » des colères qui ont fait des dégâts … En plus, la récession arrive tel un tsunami malgré ce que veut ignorer les coucous de la macronie …
      Le pull à col roulé et les bougies seront les « bonifications » à distribuer à toute la macronie quand ils seront en prison ! …
      Destitution et Frexit …

  7. c’était déjà dans les recommandations de l’UE en 2018, effectuer une réforme totale des différents régimes de retraites permettra d’économiser 10 milliards annuels (gopé 2018 pour la France) d’ou le projet de faire transiter les cotisations AGIRC-ARRCO par l’URSSAF qui se servira au passage pour boucher ses déficits et versera le reste aux caisses complémentaires, une vaste escroquerie aux cotisations.
    Le rallongement de l’âge de départ en retraite est un impôt déguisé pour ceux qui seront nés après 1962, tout comme l’est encore la journée de solidarité qui est travaillé dont on encaisse pas le salaire et qui est imposée, les salariés concernés et les retraités doivent se battre pour le futur, que les nantis crachent au bassinet.

    1. Toucher à l’AGIRC-ARRCO s’est volé ceux qui ont cotisée .Inadmissible si cet organisme laisse le gouvernement prendre les rênes .

  8. L’argent n’est rien, et l’économie finit toujours par se venger. Il vaut mieux garder un certain bon sens et ne pas trop solliciter le « quoi qu’il en coûte ». Le problème, est qu’il n’y a plus beaucoup de bon sens résiduel et personne n’est plus choqué, même par les taux d’intérêt négatifs ou les excès de la théorie du genre. On va aboutir à l’anarchie et à la révolution. C’est bien ce que cherche la NUPES et cela nous rafraîchira les idées sur ce qu’était réellement la grande Révolution Française que le monde entier nous envie. Même Macron est préférable à cela … C’est dire ! Il en joue et c’est sa seule chance de rester sur le cimetière de la civilisation Française !

  9. « Comment la Macronie s’y prendra-t-elle ? 49-3 ? Compromis ? »
    Quelle question!
    Ce sera un 49-3 sur l’ensemble de la loi!

  10. Les LR ne feront rien pour voter contre. Au cours d’une réunion électorale, j’ai entendu monsieur Retailleau avouer qu’ils ne voteraient jamais une motion de censure qui risquerait, si elle etait adoptée, d’entraîner une dissolution et, en cas de nouvelles élections, que les LR auraient moins de députés. Ces gens préfèrent laisser la France s’enfoncer plutôt que de risquer de perdre leur place. Leur fauteuil est plus important que les Français… Et la réforme des retraites passera.

  11. Les LR ne feront rien pour voter contre. Au cours d’une réunion électorale, j’air entendu monsieur Retailleau avouer qu’ils ne voteraint jamais une motion de censure qui risquerait, si elle etait adoptée, d’entraîner une dissolution et, en cas de nouvelles élections, que les LR auraient moins de députés. Ces gens préfèrent laisser la France s’enfoncer plutôt que de risquer de perdre leur place. Leur fauteuil est plus important que les Français.

  12. Bizarre … Ou serais-je un peu sourde ? En tout cas, j’entends parler de retraite à 65 ans. Point c’est tout. Cela veut donc dire 65 ans pour TOUT le MONDE ! Il est donc évident que les privilèges des régime spéciaux c’est fini ? A moins que ce gouvernement ne soit une fois de plus en train de nous prendre pour des billes ? Que trop soucieux de ne pas toucher aux privilèges de cette classe politique nantie au point d’être complètement déconnectée de la réalité, ces décideurs font semblant d’oublier qu’il existe 37 régimes de retraite différents au pays de l’égalité et de la Révolution, 37 régimes de privilégiés dont la seule gestion coûte un pognon de dingue au contribuable spolié !

  13. Je ne sais qu’une chose : je me suis beaucoup investi entre 1974 et 2014. Deux métiers commerciaux difficiles avec beaucoup de contraintes et de stress. 40 ans donc. Il m’aurait été impossible de rester plus longtemps. Cette réforme est orduriaire, totalement injuste et anti sociale surtout dans un pays où à l’âge de 40 ans on ne veut plus de vous si vous cherchez du travail.

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