Grâce aux réseaux sociaux, la mode du wokisme permet aujourd’hui à toutes les prétendues victimes du mâle blanc occidental de connaître les « quinze minutes de célébrité » popularisées par Andy Warhol.

Miguel Shema est « étudiant en médecine, journaliste au Bondy Blog », a quatorze followers sur son blog Mediapart, un compte Instagram sur les LGBT racisés et le site Grindr, autant dire que peu de facettes de l’intersectionnalité lui échappent. Et c’est sur Brut - le média préféré de Macron pour être compris des acéphales - qu’il se répand aujourd’hui contre la médecine blanche, qui ferait rien que des misères à ses frères de couleur…

Il oublie qu’elle a éradiqué d’Afrique bien des pathologies affreuses et permis son explosion démographique. Mais soyons honnête, où notre héros l’aurait-il appris ? Probablement pas grâce à l’Éducation nationale.

Alors pour preuve du racisme ontologique de la médecine française, nos ouvrages de dermatologie, sur le psoriasis qu’il cite en exemple, ne seraient illustrés que de peaux blanches. Oubliant de préciser que cette maladie est nettement plus fréquente sur les peaux blanches (comme le rappelle Vincent Lautard dans Marianne), et donc que ce prétendu ostracisme doit plus au manque d’exemples qu’au racisme. (Et il existe, bien sûr, un groupe thématique « peau noire » à la Société française de dermatologie.) On s’étonne, au passage, que Miguel Shema ne reprenne pas la passionnante polémique de Rokhaya Diallo sur la couleur du sparadrap…

Plus intéressante est l’évocation du préjugé médical selon lequel « les patients maghrébins auraient une propension à exagérer leurs douleurs ». Il est vrai que dans certaines cultures, et non ethnies, majorer l’expression de ses douleurs ou de ses symptômes fait espérer d’être mieux ou plus rapidement pris en charge. Alors que cela ne fait qu’embrouiller le soignant et, dans les formes extrêmes, justifier la présence de vigiles aux urgences. C’est un problème qui ne pourra se résoudre que par une bonne assimilation, à condition de la vouloir.
Mais de là à assener que « pour des douleurs similaires, les patients non blancs reçoivent moins d’anti-douleurs que les patients blancs », les exposant à des « morts prématurées »… on entre dans la quatrième dimension !

Assez ébouriffante, également, l’assertion selon laquelle les services de psychiatrie « animaliseraient » les patients noirs et les assommeraient « comme des éléphants ». Peut-être trop jeune dans le métier, notre étudiant en médecine semble ignorer encore la pharmacogénétique qui étudie pour de nombreuses pathologies la variabilité individuelle de réponse aux traitements selon l’origine ethnique.

Mais pour celui qui, comme moi, a exercé trente ans dans un hôpital de banlieue, avec des confrères de toutes origines, et où les descendants de Gaulois étaient nettement minoritaires, il y a quelque chose de réellement pathétique à voir un jeune confrère se lancer dans la vie professionnelle bardé de tant de préjugés et de certitudes interprétatives, peu éloignés de ce qu’on appelle généralement la paranoïa.

Ce n’est pas du racisme, qu’il est la victime, mais de la mode woke.

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10 août 2022 à 11:15

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22 commentaires

  1. Il y a des médicaments qui n’agissent pas de la même chez les blancs et les asiatiques . L’aspirine par ex. Certains antibiotiques également . Je pense qu’il en va de même pour la race noire ( même si la race n’existe plus !) . Sur mes analyses de sang ( tous les mois pour une LLC) , je constate qu’il est mentionné que certains résultats sont différents pour les patients de race noire … C’est une réalité physique que ce jeune praticien ferait bien de ne pas négliger .

  2. Comme quoi les études en sciences médicales peuvent gravement nure à la santé.
    Paradoxe ?

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