La lâche désinformation de Mediapart sur les agriculteurs de Sainte-Soline

Agriculteur Sainte-Soline

« Qui sont les douze agriculteurs qui profiteront de la mega-bassine de Sainte-Soline ? » Ce 12 avril, aux alentours de midi, Mediapart promettait une « enquête » fouillée sur les exploitants agricoles raccordés à la retenue d’eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Loin de brosser le portrait précis des agriculteurs bénéficiaires du projet, le journal d’Edwy Plenel, par militantisme assumé, tombe dans les généralités et les insinuations, jusqu'à la désinformation.

Des agriculteurs aisés, vraiment ?

D’emblée, dès les premiers paragraphes, les journalistes de Mediapart entendent faire croire à leurs lecteurs que les agriculteurs de Sainte-Soline mènent grand train. « Les douze agriculteurs connectés à la mega-bassine ont une exploitation qui mesure en moyenne 147 hectares », décrivent-ils. Avant de préciser : « Des tailles d’exploitations plus grandes que la moyenne française, estimée à 69 hectares, et à la moyenne du département, qui est de 89 hectares. » L’affirmation est vraie. Emmanuel Villeneuve, l’un des douze agriculteurs, reconnaît lui-même être à la tête d’une exploitation de polyculture et d’élevage d’environ 150 hectares. Mais ce qu’oublie de préciser Mediapart est que, d’une part, « plus les exploitations sont grandes, moins elles produisent de valeur à l’hectare ». Et, d’autre part, comme le souligne la chambre d’agriculture, malgré cette superficie moyenne importante, « les exploitations du projet de Sainte-Soline ont une taille économique légèrement inférieure à celles observées dans les systèmes de grandes cultures et de polyculture-élevage de l’ex-Poitou-Charente ». Autrement dit, les irrigants de Sainte-Soline ont certes des exploitations de superficie supérieure à la moyenne française, mais les revenus qu’ils en tirent restent « légèrement inférieurs ». On est loin des agriculteurs qui « nourrissent avant tout leur portefeuille » !

Quelques lignes après, les journalistes d’Edwy Plenel vont plus loin sur le train de vie supposé de ces agriculteurs. Alors que le projet de retenue d’eau dans les Deux-Sèvres concerne 210 exploitations, ils décident de s’attarder sur le cas d’Emmanuel Villeneuve. Connu depuis son témoignage émouvant devant les caméras du Parisien, cet agriculteur de père en fils « est élu à la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres » et également « administrateur d’Océalia, un géant agro-industriel de l’ouest de la France qui a, en 2022, engrangé plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires », se plaisent à souligner les deux auteurs de l’enquête. Une nouvelle fois, sans jamais affirmer quoi que ce soit sur les revenus dudit agriculteur, ces journalistes tentent, entre les lignes, de brosser le portrait d’un productiviste aux revenus aisés. Sauf que, après vérification dans les statuts d’Océalia, il apparaît qu’Emmanuel Villeneuve ne tire aucun profit de ces activités annexes. En effet, « les fonctions des membres du conseil d’administration sont exercées gratuitement ». Seule « une indemnité compensatrice du temps consacré à l’administration de la coopérative peut être allouée aux administrateurs ». Or, l'activité de cet agriculteur ne lui permet pas de folies. Interrogé au micro de Sud Radio, l’agriculteur précise que, après quarante ans de métier, son salaire se situe « un petit peu au-dessus du SMIC ». On est loin des 7.400 euros bruts perçus par Edwy Plenel !

Un pas vers le bio

Au-delà du train de vie des agriculteurs, Mediapart, conforté par les témoignages de « spécialistes » militants, affirme que « l’objectif de réduction de 50 % des pesticides [annoncé par les promoteurs de la retenue d’eau, NDLR] ne sera pas tenu par les irrigants ». Et le média d'enfoncer le clou : « Aucune des douze exploitations n’est en agriculture biologique. » Une assertion vraie mais qui mérite d’être nuancée. En effet, « aucune exploitation irrigante n’est en bio, dans une zone où ce label ne s’est pas du tout développé (2 % des exploitations) », précise la chambre d’agriculture départementale. De plus, le président de la Coop de l’eau 79 assure que « tous les irrigants doivent réduire fortement l’utilisation des produits phytopharmaceutiques » et ce, « dès la première année ». Emmanuel Villeneuve, lui-même, promet : « Si on signe des engagements, c’est pour les respecter. »

Enfin, Mediapart accuse les douze agriculteurs du projet de vivre « sous perfusion d’argent public ». Pour rappel, 90 % des exploitations agricoles perçoivent des subventions. Sans cet argent public, nombre d’agriculteurs seraient contraints de mettre la clef sous la porte et la France devrait importer une bonne part de son alimentation. En somme, la retenue d’eau, premier pas vers la conversion biologique, permettra aux exploitants de subvenir à leurs besoins d’eau – sans l’accaparer - et, donc, de continuer à approvisionner des millions de consommateurs de la région, adeptes de produits locaux et du terroir. Mediapart devrait s’en réjouir plutôt que de placer une cible dans le dos de ces douze exploitants agricoles !

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Je suis contre ces bassines . Je réside dans la région , et il faut savoir que le niveau des nappes phréatiques encore loin d’avoir un niveau normal. Il suffit de consulter le site du BRGM pour voire que dans ma région nous sommes loin du niveau normal. Oui c’est bassines sont financées par de l’argent public et elles ne profitent qu’à un petit nombre. On av remplir ces bassines avec de l’eau qui fait déjà défaut. L’été dernier les bateliers du marais poitevin ont été obligé de limiter le nombre des passagers sur les barques . Niveau d’eau trop bas . Hé oui les nappes servent aussi à maintenir le niveau des cours d’eau et des marais. Donc , un problème qui va au delà de la simple irrigation. il faut repenser le système , utiliser d’avantage l’eau issue des stations de traitement , France 1 % Espagne 14 %. Stop au tout maïs , plante très gourmande en eau , à un moment où il y en a le moins .

    • Des millions de mètres cubes d’eau dévalent de nos montagnes et se jettent dans les mers. Sont-ils exploités ? Seule la Seine est aménagée pour à la fois éviter les inondations sur Paris et alimenter Paris en eau potable. Dans le passé, des barrages ont tété construits sur les petites rivières mais uniquement pour alimenter les canaux. Les agriculteurs s’organisent avec leurs modestes revenus. C’est à l’Etat d’agir à grande échelle. Bien des solutions existent sans puiser dans les nappes mais faut-il encore s’en donner les moyens et décider.

    • Et vous remplacez le maïs par quoi ? De l’herbe, verte en hiver mais paillasson en été. Pour supprimer le maïs il faut réduire la consommation de viande en la remplaçant par de la viande artificielle prémices de l’alimentation par croquettes colorées selon les jours. Mais il y a mieux, l’extermination de 50% de la population française et européenne afin de l’adapter à la production vivrière locale. Que l’on ne s’inquiète pas toute la population exterminée sera immédiatement remplacée par la population africaine qui ne sait pas cultiver mais sait transformer les arbres en charbon de bois. La France verte transformée en Sahara, vive le futur

  2. Surtout que pas mal d’agriculteurs même des convaincus abandonnent le bio , de plus les ecolos s’imaginent encore que les aides tombes directement dans la poche des agriculteurs ce serait super , seul chose que je trouve un peut injuste c’est que l’agriculteur principalement les céréaliers qui speculent et vendent leur production principalement à l’exportation touchent les mêmes aides que ceux qui vendent à prix fixe,

  3. Sinon, le veganisme, c’est super parce que c’est de gauche d’après Mediapart.
    C’est quoi le pourcentage de bio dans l’alimentation vegan?
    Avec un calcul complet et objectif ça doit tourner autour de 0%.
    L’agriculture vegan, donc sans engrais d’origine animale produit des « terres mortes » sur plus d’un mètre de profondeur. Dans ces champs, il n’y a plus aucune vie.
    Quand Mediapart compte-t-il s’en prendre à ses propres troupes de gauchistes?

  4. Et on s’étonne que les fractures se font de plus en plus béantes entre le monde des centres villes et celui de la ruralité , avec ce genre de papier on aggrave le ressentiment d. Quand je vois la formidable énergie dont font preuve ces héros du quotidien que sont les agriculeurs et éleveurs tout cela, entre autres , pour nous nourrir, et ces journaleux gauchistes mesquins et leurs petits articles lapidaires , il n’y a pas photo, j’ai fait mon choix car je sais que la vérité est du côté de celui qui mouille la chemise !

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