La France récupère les femmes de djihadistes mais garde ses délinquants algériens

femmes djihadistes

Jeudi dernier, la France a fait revenir 40 enfants et 15 femmes de djihadistes des camps du nord-est de la Syrie. C’est le second rapatriement de grande ampleur opéré par la France depuis celui du 5 juillet dernier où 35 enfants et 16 femmes avaient été ramenés en France, dont la femme du terroriste Samy Amimour impliqué dans les attentats de Paris et de Saint-Denis. L’enquête a d’ailleurs montré qu’elle partageait totalement la ligne idéologique de son mari.

Avec ce nouveau rapatriement en France, le Quai d’Orsay semble avoir définitivement tourné le dos à la doctrine du « cas par cas » qui prévalait jusqu’en juillet dernier. Rappelons également que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné, en septembre dernier, la France pour sa lenteur dans les procédures de rapatriement des femmes et enfants de Daech : « Estimant que la France a violé l’article 3.2 du protocole 4 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui stipule que "nul ne peut être privé d’entrer sur le territoire de l’État dont il est le ressortissant", la Cour demande donc à la France de "réexaminer au plus vite" les demandes de rapatriement. "Il incombe au gouvernement français de reprendre l’examen des demandes des requérants dans les plus brefs délais en l’entourant des garanties appropriées contre l’arbitraire" » (20 minutes).

Sachant qu’il reste encore une centaine de femmes et près de 250 enfants dans les camps syriens, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a affirmé sur LCI qu’il y aurait encore « quelques mouvements de rapatriements collectifs » qui se feraient progressivement.

Dès le 20 octobre, trois de ces quinze femmes ont été mises en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placées en détention provisoire, car elles faisaient déjà l’objet d’un mandat d’arrêt. Deux d’entre elles sont aussi mises en examen pour soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l'éducation de son enfant. Les autres femmes avaient été placées en garde à vue dans les locaux de la DGSI car elles faisaient l’objet d’un mandat de recherche, selon l’AFP citant le parquet national antiterroriste. Lundi 24 octobre, dix d’entre elles ont été mises en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et écrouées. L'une d’elle faisait même l’objet d’une mise en examen pour crime contre l’humanité et génocide. On notera que, parmi ces femmes, figure aussi l'épouse d’un des terroristes du 13 novembre. Les enfants ont été confiés aux services sociaux. De bonnes Françaises, des mères exemplaires… La France est donc si bonne mère qu’elle récupère en son sein ceux-là mêmes qui veulent l’anéantir en tant que France, justement.

Par une bien mauvaise coïncidence, la même semaine, le débat des OQTF presque jamais exécutées et des délinquants étrangers si peu rapatriés de l’autre côté de la Méditerranée battait son plein. Sur BV, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, expliquait que, avec l’Algérie, « seul le rapport de force compte ».

[Entretien] Xavier Driencourt : « Avec Alger, seul le rapport de force compte »

Il ajoute dans FigaroVox que l'Algérie ne souhaitait en aucun cas rapatrier sur son sol ses ressortissants délinquants, ajoutant cela à la longue liste des humiliations subies par la France de la part des gouvernements algériens depuis 1968. Les raisons, explique-t-il, sont multiples : le trop-plein démographique d’un pays où 70 % de la population a moins de trente ans, la volonté de tenir la dragée haute à l’ancienne puissance coloniale – un des ressorts essentiels de la politique algérienne depuis plus de cinquante ans… Les OQTF en direction de l’Algérie ne sont donc pas exécutées par malignité du côté algérien (absence de laissez-passer consulaire) mais aussi, mais surtout, par manque de volonté politique forte du gouvernement français qui disposerait de plusieurs moyens de pressions : la renégociation des accords de 1968 - une urgence qui nécessiterait une grande dose de courage politique - mais aussi le blocage des visas accordés en grand nombre aux pays du Maghreb. Autant dire que cela relève pour l’instant de l’utopie, malgré les rodomontades gouvernementales.

Dans le dossier des femmes et des enfants de djihadistes rapatriés comme dans celui de nos rapports avec l’Algérie, la France montre sa faiblesse, sa passivité. Elle se contente de suivre et de subir les événements. Toujours plus loin dans l’humiliation.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

11 commentaires

  1. J’ai honte d’être française …et ce gouvernement et un président qui ouvre le bec pour dire des sottises nous rend malades .a quand leur grand départ ?

  2. Désolé le mot « rapatriés » est inadéquat dans cet épilogue montrant une fois encore le délitement du pays. Dans le mot « rapatriés » il y a l a racine « patria, soit terre des aïeux », patrie est aussi la communauté à laquelle on appartient ou à laquelle on se sait appartenir… dans aucun cas ces terroristes que l’on va chercher ne peuvent être des rapatriés !

  3. C’est une excellente opération comme sait en concocter notre gouvernement. Ces femmes qui adhérents corps et âme à la doctrine islamiste, ces combattantes qui soutenaient à fond leur mari , sont inculpées, arrêtées, mises en prison, c’est à dire nourries, logées, blanchies par les impôts de ceux qu’elles rêvent de tuer quand elles seront libérées, car ne nous y trompons pas après les quelques années de prison au bout desquelles elles seront immanquablement relâchées pour « bonne conduite ou tout simplement par le jeu des remises de peine vous croyez qu’elles vont faire quoi ? S’enfermer au Carmel de Lisieux ?

  4. Tous les djihadistes partis combattre la France dans une organisation étrangère auraient du etre déchus de la nationalité française. article 23 8 du code civil .
    Et maintenant on réintroduit sur notre sol des personnes dangereuses , qui vont devenir des héroïnes de leur communauté.
    Pourquoi cette complaisance avec cette religion dont les extrémistes tuent dans nos rues , il faut sans cesse le dire , plus de 250 morts et de 800 blessés en France depuis janvier 2015 dans des attentats islamistes.

  5. Toujours cette soumission de la part de Macron et sa bande d’incapables .Le peuple français a compris et le peuple français commencent à se rebeller. Le réveil est lent mais ça bouge dans quelques villes .Nous allons droit vers une guerre civile qui je le crains laissera de nombreuses cicatrices .Tous unis pour virer ce gouvernement serait la meilleure solution .

  6. Ne dites pas la France mais la République, il y a une différence ou il va bien falloir y remettre de l’ordre par la force si nécessaire. Mais la République est devenue tellement fainéante et égalitaire pour le monde entier qu’elle met la France en faillite.

  7. Hélas , tout est dit ! Preuve que les OQTF ne marchent que dans un sens ! Il n’y a pas pire exemple de faiblesse .

  8. En plus il faudrait cesser une fois pour toutes de parler de rapatriées au sujet de ces personnes inhumaines

  9. l’urgence pour la France serait d’abord de sortir de la CEDH qui n’est qu’un ramassis de magistrats aux ordres de Soros et de son organisme pro immigration.

  10. Une simple rupture des relations postales avec l’Algerie! Fin des mandats et autres pensions de retraite versées induement!

  11. Dans cette histoire, comment un enfant peut être sûre que le « fantôme » est sa mère ? Ces femmes sont des bombes pour l’avenir. les enfants aussi. Elles sont souvent bi-nationale. l’autre partie est généralement magrébine. Pourquoi ne sont-elles reprises par un Eden musulman ? Pourquoi ne sont-elles pas déchues de notre nationalité ? Nos gouvernants sont inconséquents.

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