La France est bien devenue un véritable « coupe-gorge »

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Ce qu’on ne mesure pas n’existe pas. Nous avons donc besoin de chiffrer. Sans la confrontation aux chiffres, nous sommes facilement portés vers ce que l’on peut appeler « l’illusion de l’égalité » : « Ce qui ne m’arrive pas n’arrive à personne », a-t-on tendance à penser.

Or, il est un domaine dont le chiffrage ne peut pas être anodin : celui de la délinquance qui sévit sur le territoire. Vendredi matin, sur CNews, Éric Zemmour a rappelé l’ampleur des violences physiques commises avec arme blanche dans l’espace public. Il y aurait, selon lui, « aujourd’hui, en France, entre 120 et 140 attaques au couteau par jour ».

Ce chiffre est le résultat d’un calcul effectué par Le Figaro, en février 2020, à partir de données tirées d’une note de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) datant de novembre 2019. Cette note compile les résultats de trois années d’enquêtes (2015, 2016, 2017). Elle décrit les violences physiques et leur gravité. Ces enquêtes estiment à 653.000 par an le nombre de victimes de violences physiques commises hors ménage. Parmi elles, « 18 % (des victimes) déclarent avoir été violentées avec au moins une arme ». Et la note de préciser, en outre, que « dans la plupart des violences armées, il s’agit d’armes blanches (37 %) ». Le Figaro, se saisissant de ces pourcentages, les a traduits en chiffres, beaucoup plus parlants : 44.000 victimes d’agressions à l’arme blanche par an représentent effectivement une moyenne de 120 par jour.

Plusieurs reproches peuvent être faits à ces statistiques. Certains peuvent ne pas les trouver assez robustes car elles sont produites à partir d’échantillons trop petits. On déplore également qu’elles n’aient pas été confirmées depuis 2020 par des études plus récentes. Pourquoi ce silence ? La question mérite d'être posée.

Disparition du dispositif d’enquête

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir demandé. Ainsi, Valérie Boyer, sénatrice des Bouches-du-Rhône, s’y est reprise à deux fois, par la voie de questions écrites adressées au gouvernement : la première le 15 juillet 2021 et la seconde le 7 juillet 2022. En vain.

En réalité, l’enquête dite de « victimation » qui avait permis d’arriver au chiffre 120... n’existe plus. Pilotée par l’INSEE, qui en assurait également la maîtrise d’œuvre (échantillonnage, organisation de la collecte, élaboration et diffusion des bases de données, etc.), elle s'appuyait sur l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, supprimé en 2020, et sur le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI, créé en 2014). Depuis 2022, une nouvelle enquête a pris le relais, celle-ci entièrement maîtrisée par les services de l’Intérieur. Son nom ? Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS). Ses premiers résultats devraient être publiés en 2023. En attendant, le silence demeure assourdissant sur ce sujet des attaques à l'arme blanche.

Mercredi dernier, Valérie Boyer a pris les devants en déposant « une demande de question orale au gouvernement afin d’obtenir des éléments sur la hausse des attaques à l’arme blanche dans notre pays ». La même question qu'en 2021 et 2022. Un trentenaire venait d'être poignardé à Marseille pour avoir défendu une jeune fille. C'était la veille du drame d'Annecy. La patience finira-t-elle par payer ?

Ces statistiques risquent de donner tort au garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti qui, en 2020, assurait crânement que « la France, ce n'est pas un coupe-gorge ».

Jean de Lacoste
Jean de Lacoste
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en master d'histoire du droit.

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Quand à l’impunité des auteurs, certains articles de presse relatent l’infiltration de l’idéologie quasi permissive de Georges Soros dans les institutions judiciaires européennes et même mondiales. Elon Musk appelle Soros père et fils à cesser de détruire la sécurité publique en faisant élire des procureurs qui refusent d’inculper des criminels violents. Beaucoup d’exemples sont cités. Et je veux bien partager cette analyse en constatant le laxisme qui règne en France.

  2. Et c’est un tel pays qui veut faire la morale au Monde entier…! ! ! L’imposture suprême est dans le gène de celles et ceux qui nous gouvernent, et rajoutent du déséquilibre à cette descente en Enfer, en informant à force de Médias à leurs bottes qu’un Homme peut être enceint ! Pas étonnant que la Majorité des Peuples avec des religions diverses bien établies nous tournent le dos dans leur BRICS.

  3. Excellente conclusion , malheureusement trop juste ;
    Quarante ans de politique pro- émigration : le ver est dans le fruit et ce n ‘est pas ce gouvernement , qui ne fait
    qu ‘ aggraver sans scrupule a situation , qui réussira à l ‘extirper , bien au contraire ; et à chaque fois , déclarations , lettres , effet de com’ mais rien ne change , tout retombe vite dans l ‘ oubli , jusqu ‘ au prochain ; faudra t il se laisser massacrer ou y aura t il enfin une réaction ? il est vrai que tant qu ‘ on ne touche pas à un proche de macron , pas grave …

  4. Je renouvelle ici mon commentaire suggérant la mise à charge financière des coupables de leurs frais d’incarcération et/ou de traitement (et séjour ) en hôpital psychiatrique

    • Comme les services médicaux, ils ont été élagués à mort, et les quelques survivants sont surpeuplés.

  5. c’est assez du ressenti, des faits : il en est hélas que de trop fréquents. La criminalité augmente comme l’impunité et la surpopulation carcérale (la première découle de la seconde). Notre société va à vau l’eau et nos politiques font des lois et encore des lois et en même temps laisse l’UE délirer dans son mirage immigrationniste et valident des accords internationaux qui mettent à mal les lois qu’ils ont fait voter. Ubu est revenu.

  6. En ce 21 ième siècle quelles sont les nouveautés en matière d’agressions qui ont pris de l’ampleur sous régime macronien ? Les coups de pieds à la tête et l’exploitation de l’arme blanche. Les coups de pieds à la tête, assurément une désacralisation de la valeur de l’humain, valeur attaquée de toute part. On le perçoit dans l’appauvrissement culturel, l’école ne jouant plus son rôle prépondérant. On le perçoit dans le travail , renoncement à l’effort. On le perçoit dans la solidarité, l’individualité priorisée. On le perçoit dans les moeurs, le trans soutenu, terrain à toutes les ouvertures. On le perçoit dans la procréation, l’enfant devenu « la charge ». Ce tout conclu par les attaques à la tête laquelle a perdu tout son intouchabilité du passé. L’exploitation de l’arme blanche ? Quel est le phénomène qui a conduit à la banalisation de son exploitation ? Vous avez la réponse. Dans le passé, la petite délinquance se limitait aux poings, à la chaine, au poing américain, en limite, à la batte . Avec le progressisme on a progressé…. Le couteau s’est banalisé, généralisé. Il fallait maintenir ce progrès. L’arme à feu de guerre apparait dans toutes les régions. La subversion est-elle programmée ? La France a dépassé le stade de la « décivilisation ». La macronie, là aussi, est en retard d’un train. Nous sommes entrés dans une période de « guerre ». Une vraie guerre qui s’appuie sur la décivilisation. Une guerre rampante, sournoise. Pas une guerre d’opérette.

  7. Décidément chaque président ont leur marque de fabrique !!
    Hollande faisait pleuvoir ce qui est des fois bénéfique
    Macron va faire disparaitre la France ,ce qui est beaucoup plus grave !

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