Quand la France comprendra-t-elle ou, plus précisément, quand ses gouvernants comprendront-ils que l’Europe est aux prises avec un arabo-islamisme protéiforme qui arbore tous les visages, de la plus extrême violence terroriste à celui, apparemment plus avenant et mielleux, de l’homme d’affaires ou magnat du pétrole désireux de faire affaire avec notre pays ?

L’auteur de ces lignes va sans doute agacer ceux de nos « milieux », identitaires, patriotes et nationaux de toutes obédiences, plus ou moins cathos, plus ou moins païens, plus ou moins agnostiques, plus ou moins judéophiles, plus ou moins islamophiles, en réaffirmant son point de vue de toujours : les « weltanschauung », ou conceptions du monde, de chaque côté de la Méditerranée sont antipodiques, antagoniques, antinomiques, inconciliables. Si, bien entendu, des alliances peuvent être politiquement, économiquement, commercialement nouées, celles-ci ne peuvent être que temporaires, circonstanciées et limitées. S’évertuer à nier ce fait anthropologique au nom d’improbables (et éphémères) convergences de luttes ou d’idéologies revient à récuser l’essentiel, à savoir l’irréductibilité des altérités.

C’est donc à l’aune de cette donnée fondamentale que l’on doit interpréter la politique de découpe immobilière qui consiste, ni plus ni moins, à aliéner des pans importants de notre patrimoine domanial, public et privé. C’est ainsi que Le Monde nous apprend que « le Centre des monuments nationaux (CMN), qui pilote pour le compte de l’État cet hôtel particulier [Hôtel de la Marine], serait en passe de signer une convention avec le Qatar, afin que l’émirat y présente, par roulement, pendant vingt ans, en payant 20 millions d’euros, la collection d’art Al Thani, du nom de la famille régnante » (7 septembre).

Ce prestigieux bâtiment est situé dans le 8e arrondissement de Paris, place de la Concorde, autrefois appelé Hôtel des Monnaies, construit au XVIIIe siècle, connu jadis pour avoir abrité les inestimables diamants de la Couronne et qui fut le siège du secrétariat d’État à la Marine avant de devenir, plus tard, celui du haut commandement de la Marine, avant que celui-ci ne quitte ses locaux en 2015 pour rejoindre ceux du ministère de la Défense.

Au ministère de la Culture, rue de Valois, on table sur de substantielles et régulières rentrées financières, l’opération promettant d’être juteuse annuellement pour renflouer un budget plus que squelettique en matière d’entretien de nos bâtiments nationaux.

C’est bien connu, l’argent n’a pas d’odeur et celui des pétro-monarques Al Thani, du nom de la famille régnante, encore moins, visiblement, en dépit de leurs solides accointances avec l’islamisme terroriste, le président de la République ayant lui-même explicitement reconnu que « le Qatar et l'Arabie saoudite ont financé des groupements qui n’étaient pas les mêmes, mais qui ont de fait contribué au terrorisme » (Le Point, 31 août 2017). Schizophrénie ? Amnésie ? Tout simplement cynisme de la part du pouvoir qui, soufflant le chaud et le froid, est vraiment passé maître dans l’art ubiquitaire du « en même temps », marque de fabrique congénitale du « macronisme ».

Rappelons que le Qatar est, aujourd’hui, propriétaire, notamment, de l'immeuble du Figaro, boulevard Haussmann, de l'hôtel d'Évreux, place Vendôme, du Grand Hôtel, près de l'Opéra, ou encore de l'hôtel Lambert de l'île Saint-Louis (liste non exhaustive), sans oublier le club de football du Paris Saint-Germain, acquis en 2011 pour 50 millions d'euros.

Ainsi découpé et vendu à l’encan, notre pays n’est plus un fromage, mais ressemble de plus en plus à un véritable Qatar breton…

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08 septembre 2018 à 9:44

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