Lors d’une audition par la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, l’autoritarisme cru du général d’armée (2S) Jean-Louis Georgelin a pu choquer sur le fond comme sur la forme et susciter de vives réactions, parfois discutables car le sujet et le personnage méritent mieux.

L’architecte en chef ayant insisté sur son attachement à ce que la flèche de la cathédrale soit reconstruite à l’identique, s’est vu rétorquer : « Qu’il ferme sa gueule ». En charge également de l’éducation (!) et de la communication (!!), la même commission pouvait difficilement ne pas relever ni exprimer de réserve quant à sa capacité à « fédérer autour de ce projet d’une ampleur sans précédent les différents acteurs chargés d’entreprendre, dans les meilleurs délais, la reconstruction de ce joyau de notre patrimoine national et de respecter les compétences dévolues à chacun d’entre eux par la loi ».

De nos jours, cette brutalité peu exemplaire recalerait le général au cours de pédagogie du peloton d’élèves officiers. Car, comme l’enseignent d’autres généraux bien reconvertis au service de nobles causes : « Quand le chef est obligé de rappeler sa qualité de chef pour être obéi, c’est que son autorité n’est pas reconnue. L’exercice de l’autorité est quelque chose de naturel. Commander ne consiste pas à obtenir une obéissance formelle mais une adhésion active. » (1) Cette leçon vaut aussi pour le fameux « Je suis votre chef » de l’apprenti président Macron, qui semblait être le seul à en douter, face au chef d’état-major des armées Pierre de Villiers en juillet 2017.

On pourrait penser qu’avec l’âge, le général Georgelin retrouve sa fougue de jeune lieutenant. Si cette même liberté de ton y est pratiquée, on doit bien "se fendre la gueule" à la popote du cercle mondain parisien Le Siècle, dont il est membre depuis plus de dix ans, où des "élites" cooptées par copinage fraternel se retrouvent chaque mois pour faire bombance en devisant sur le destin du village gaulois égaré dans les affaires du monde. On imagine la scène rituelle du président inaugurant le banquet par un solennel « Popotier Georgelin, le ton, bordel ! » Dans ces festivités peu hostiles, les éclats ne sont heureusement que de rire.

Au-delà de cet incident, les questions qui préoccupent réellement les catholiques de France et d’ailleurs sont autrement plus graves et appellent, exigent, des réponses claires.

Où en est l'investigation sur les causes et les responsabilités de l’incendie du 15 avril 2019, dont certains ne croient pas au caractère accidentel, mais plutôt à l’intention criminelle d’antichrétiens ? Quand le rapport indépendant sera-t-il rendu public et les actions légales entreprises, condition pour désamorcer un possible déchaînement populaire ?

Quels sont les « enjeux de notre époque » invoqués, qui autorisent le tout et n’importe quoi des projets de rénovation de Notre-Dame de Paris, dont le ministre inculte des cultes Castaner a déclaré honteusement qu’elle « n’est pas une cathédrale » (sic) mais « notre commun » ?

Quand l’identique est synonyme d’authentique, qu’est-ce qui justifierait de violer la charte de Venise de 1964 qui « impose que l’on restaure les monuments historiques dans le dernier état connu » ? On comprend que la simple expression « à l’identique », puisse être assimilée à un retour en arrière insupportable pour un président en mode permanent de fuite en avant. Le bulldozer macronien ne dispose pas de marche arrière.

Les catholiques connaissent bien la différence entre protéger et défendre. Chaque jour, chez soi ou dans un lieu de culte comme Notre-Dame de Paris, on prie « saint Joseph, protégez-nous. saint Michel, défendez-nous. »

Le général Georgelin, qu’on croit catholique, a sûrement connu des conflits plus difficiles à remporter. On compte sur lui pour qu’il ne vende pas son âme au progressisme laïcard, ni notre cathédrale aux marchands du temple. Que sa dernière bataille ne finisse pas en débandade, encore moins en trahison.

(1) Commander ou manager, général Marc Paitier

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16 novembre 2019 à 20:33

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