Julien Aubert va-t-il se contenter d’une place de gardien de musée ?

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Nous n’allons pas nous mentir, ce qu’il restait de gaullisme dans ce parti qu’on appelle Les Républicains s’est fracassé contre le mur de la réalité, cette semaine : Julien Aubert, député de Vaucluse, ne sera pas candidat à la présidence de son mouvement, faute de parrainages. Au fond, c’est peut-être mieux car, semble-t-il, compte tenu des rapports de force au sein des LR, sa défaite était probable. En même temps, c’est dommage : cela aurait peut-être été l’occasion d’un débat d’idées et de convictions intéressant. Car, reconnaissons-le, Julien Aubert a des idées. Et des convictions. Lui. C’est dommage, car la voix d’un gaullisme authentique ne sera pas entendue…

Mais, au fait, qu’est-ce que le gaullisme en 2017, presque un demi-siècle après la disparition du fondateur de la Ve République ? Une fois qu’on a dit que c’est une certaine idée de la France... Tout le monde a une certaine idée de la France, même Emmanuel Macron… Si l’on ne peut définir le gaullisme, et sans vouloir tomber dans l’anachronisme - cette maladie de notre temps -, osons déjà dire qu’il est tout le contraire du macronisme. Pourquoi ? Parce que le macronisme est la version numérisée de ce courant qui a toujours existé en France, depuis le parti des Bourguignons jusqu’aux atlantistes en passant par ceux qui souhaitaient la victoire de l’Allemagne, un courant qui trouve sa force dans le secret des coffres-forts et qui pense depuis six cents ans, au nom d’un certain pragmatisme, que la France doit se résigner. Se résigner à ce que le roi d’Angleterre soit souverain en France. À la victoire de l’Allemagne. À s’intégrer dans la machine otanienne. À déléguer puis abandonner à la Commission de Bruxelles sa souveraineté. Macron, c’est la résignation souriante. C’est le cœur, non pas serré, mais rempli de joie.

Ainsi donc, l’échec de Julien Aubert confirme, s’il en était besoin, que Rome n’est plus en Rome, que le gaullisme n’est plus qu’un monument historique au sein d’un parti qui se prétend détenteur de la vraie croix de Lorraine.

Laurent Wauquiez revendique son gaullisme. Mais comme l’a fait justement remarquer Julien Aubert, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes présente un parcours "assez chaotique". Laurent Wauquiez, un temps pro-européen – son mentor en politique a été le très européiste Jacques Barrot, dont il fut le suppléant à l’Assemblée -, fut ministre chargé des Affaires européennes sous Sarkozy. Wauquiez a voté en 2012 la ratification du traité sur la stabilisation financière au sein de l’Union européenne. Aubert, non. Laurent Wauquiez a donc "basculé", souligne Julien Aubert. Wauquiez fut, à l’époque, vent debout contre le mariage homosexuel. Il semble aujourd’hui un peu plus dans le vent. Aubert, lui, n’a pas bougé. Wauquiez répète à l’envi qu’il n’y aura jamais d’accord avec le Front national. Aubert a eu le courage, lors de la campagne des législatives, au cours d’un débat radiophonique, de refuser de se plier aux injonctions pseudo-moralisatrices du sociologue Jean Viard, candidat d’En Marche !

L’attelage, apparemment baroque, Wauquiez-Calmels, ainsi que les déclarations de Wauquiez frappant par avance d’excommunication tout Républicain qui envisagerait de discuter avec le Front national, montrent bien que les LR ont définitivement décidé d’emprunter le chemin de la résignation. Le contraire du gaullisme. M. Aubert, qui a comparé récemment son parti à un "astre mort", devrait quitter au plus vite cette planète avant qu’elle ne s’éparpille dans le néant stratosphérique. Le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie le lui commandent, me semble-t-il. Va-t-il se contenter d’une place honorifique et subalterne de gardien de musée de la vraie croix de Lorraine au sein des LR ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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