Juan Carlos : Jean-Luc Mélenchon et son tweet révolutionnaire…

Jean-Luc_Mélenchon_2017

Le roi Juan Carlos Ier de Borbón y Borbón est à nouveau au cœur de la tourmente. Il serait en exil ! Ne nous tourmentons pas ; rien de bien grave pour notre République Ve. Nonobstant, soyons charitables, penchons-nous, quelques instants, sur le sort de celui dont l’ancêtre fut notre Roi-Soleil !

Une fois de plus, Jean-Luc Mélenchon (LFI) s’est fendu d’un tweet moralisateur : « Ces Bourbons sont indignes. L’Espagne mérite la République enfin. » N’est pas André Malraux qui veut. « L’Espoir » de notre activiste des salons dorés du palais Bourbon risque de partir en vrille. Pourquoi ? me direz-vous.

Cette sentence tribunicienne induit deux postulats. Primo, les Bourbons d’Espagne ne méritent pas leur fonction, puisqu’ils n’en sont pas dignes ; on peut aussi penser que Mélenchon les juge abjects et méprisables. Deuzio, la République serait le meilleur des régimes, dont la probité serait révélée par les turpitudes monarchiques.

Certes, Robespierre fut surnommé, sans doute avec raison, « l’incorruptible » ; son bilan politique est loin d’être « globalement positif » – pour reprendre cette excellente formule de Georges Marchais (PCF) vantant les républiques communistes en 1979. Pour nous en tenir à notre Ve, dont on qualifie parfois les Présidents de « monarques », elle a produit de beaux scandales politico-financiers. Tel maire de Paris RPR, d’origine corse, condamné pour fraude électorale en 1997. Celui qu’au RPR, encore, on surnommait « le meilleur d’entre nous », condamné en 2004 pour dissimulation d’emplois fictifs au sein de son parti ! Exilé volontaire, déjà ! Ce secrétaire d’État PS, pris de « phobie administrative » en 2014. Ce ministre du budget, PS aussi, condamné pour fraude fiscale en 2018. Avons-nous oublié, dans un même registre, les ennuis judiciaires récents du très sérieux Fillon ? Attendons les suivants…

Que ces exemples partiels nous remémorent simplement que la crapulerie politique n’a ni frontières ni couleurs politiques ni régime particulier, hélas ! Dans ce domaine flou, la République tient bien son rang.

Évidemment, Juan-Carlos Ier semble un seigneur en la matière : chasses privées au Botswana, au bras d’une maîtresse, en 2012 ; soit. Le safari n’était-il pas, pour notre Giscard d’Estaing, une façon de tenir son rang présidentiel ? Plus ennuyeux, le vieux roi retraité se trouve maintenant empêtré dans une vaste affaire de corruption : 100 millions de dollars reçus du roi d'Arabie saoudite, dissimulés en Suisse ou reversés à sa maîtresse.

Bon, la vie de Juan Carlos Ier « l’indigne » va finir comme elle a commencé : en exil. Exit, Sa Majesté !

Mais quelle est la légitimité morale d’un Mélenchon pour jeter l’anathème collectif ? Jusqu’à preuve du contraire, Philippe VI n’a, à ce jour, aucunement démérité dans sa fonction fédératrice d’une Espagne fragilisée par des crises multiples ! L’indignité n’est-elle pas, alors, de condamner injustement, à l’aveugle, en idéologue dogmatique ou par démagogie pure ?

Pire : « Deuil affligé après la mort du chauffeur de bus bordelais. » Voilà ce que tweetait, tardivement, du bout du doigt, le chef de La France insoumise, ce 10 juillet 2020. Pauvre Philippe Monguillot ! Ce Bayonnais, cet homme du peuple, mort à son poste, méritait-il, lui aussi, une telle indignité ? Méritait-il que sa mémoire fût à ce point méprisée par cuistrerie électoraliste ? Sordide image de ces politiciens indifférents à la peine des hommes, prêts à toutes les bassesses pour exister dans l’opinion.

Est-ce cela, la République ? Est-ce cette République des accapareurs de souffrances que nous méritons ?

Pierre Arette
Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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