74 % des musulmans de moins de 25 ans font passer leurs convictions religieuses avant la République. Parmi eux, 26 % ne condamnent pas l'attentat de Charlie Hebdo. C'est ce qui ressort d'un sondage IFOP paru aujourd'hui. Cinq ans après, cette France-là est-elle toujours Charlie ?

Analyse et réaction de Joachim Véliocas au micro de Boulevard Voltaire.

 

 

L’IFOP a sorti un sondage assez intéressant en ce premier jour de procès des complices de l’attentat de Charlie Hebdo. Parmi ces données, 74 % des musulmans de moins de 25 ans font passer leurs convictions religieuses avant la République. On a l’impression que plus les musulmans sont jeunes plus ils sont radicalisés sur ces questions-là. Comment l’expliquez-vous ?

Le sondage est très intéressant. Les jeunes musulmans sont 45 % à considérer que l’islam est incompatible avec les valeurs de la société française. Ce chiffre est énorme. Les jeunes de moins de 25 ans n’ont pas exactement les mêmes convictions que leurs parents. Les mosquées sont de plus en plus radicales et le salafisme devient mainstream. L’idéologie des Frères musulmans et le salafisme sont vraiment très présents. Recep Tayyip Erdogan est le parrain des Frères musulmans. De plus, il est très aimé des jeunes musulmans. Le président turc est le héros musulman de la jeunesse musulmane. Sur internet, beaucoup plus de textes, de références et de vidéos sur des « savants » sunnites, salafistes sont visibles. Par conséquent, cela fait un pouvoir d’attraction beaucoup plus élevé que des « Dalil Boubakeur » qui passent un peu pour des vendus à la République.

En ce premier jour de procès des assassins de Charlie Hebdo, on s’aperçoit que 26 % des jeunes musulmans ne condamnent pas l’attentat contre Charlie Hebdo. Un jeune musulman sur quatre ne condamne pas les attentats de Charlie Hebdo.

Oui et encore, 12 % les condamnent tout en admettant partager certaines des motivations des terroristes. J’ai lu le sondage de l’IFOP en entier. 26 % ne condamnent pas et les 12 % qui les condamnent disent qu’ils les comprennent. Aujourd’hui, 41 % des musulmans déclarent qu’ils n’auraient pas respecté la minute de silence organisée en hommage aux journalistes victimes de l’attentat. Soit une proportion deux fois supérieure à celle mesurée chez l’ensemble des Français.
Le Monde nous dit qu’il ne faut pas surévaluer les motivations religieuses et terroristes. Un long article était réservé pour dire que les terroristes Kouachi et Coulibaly ont mal compris leur religion. Ce sondage est tout de même un démenti cinglant, d’autant qu’il est très simple de comprendre pourquoi les terroristes musulmans ont tué les journalistes. Le blasphème en islam est condamné à mort. Les textes musulmans les plus autorisés sont même en référence à la grande mosquée de Paris. Je pense notamment à l’auteur très connu du Xe siècle, Ibn Abî Zaydtrès qui fait toujours autorité. Son livre La Risâla est traduit en français. Cette épître est présente dans toutes les librairies musulmanes de France. Ce n’est pas un ouvrage pour les extrémistes. C’est l’islam traditionnel. On nous lit «  celui qui insulte l’envoyé d’Allâh sera mis à mort à titre de peine légale et son repentir n’est pas admis ». C’est très très clair. Il n’y a aucun débat chez les savants musulmans sur le fait qu’il faille tuer ou non celui qui insulte le prophète. Pour cause, du temps de son vivant, le prophète avait fait tuer des poètes qui ne le caricaturaient pas, mais qui faisait des vers de manière irrévérencieux contre lui. En 624, Abu’Afak avait été tué parce qu’il avait critiqué le prophète. C’est l’islam !

Charlie Hebdo est-il tout seul dans ce combat là ? On serait tenté de dire oui et non puisqu’on voit par exemple que le syndicat national des journalistes de France a appelé tous les directeurs de rédaction à publier les caricatures danoises à l’origine de ce déferlement de haine envers Charlie Hedo. La France est-elle encore Charlie et est-elle prête à assumer cette liberté d’expression même contre cette frange radicalisée de l’islam ?

Je ne crois pas. Les caricatures, c’est très spécial. Charlie Hebdo a fait du Charlie Hebdo. Les autres journaux ne sont pas tenus de diffuser des caricatures similaires parce qu’ils ont un autre style. Pour autant, Zineb El Rhazoui, ancienne de Charlie Hebdo qui critique très durement l’islam est quasiment toute seule. Hormis Causeur, Marianne, Valeurs actuelles et Le Figaro, qui prend la défense de cette dame-là ? Pas grand monde…
La frilosité des journalistes à critiquer l’islam est plus grande aujourd’hui qu’il y a dix ans.

4492 vues

02 septembre 2020 à 20:36

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.