C'est amusant, tout de même, dans l'art, ces phénomènes de mode. Au cinéma comme en peinture, comme en musique, il y a des cycles. La seule constante, depuis, disons les années 60, la seule injonction, c'est de faire un truc engagé. Ça peut être moche, raté, paresseux, mais il faut que ça véhicule un message. Aujourd'hui, le message, dans le monde du cinéma, c'est « feu sur les hommes ». Retour de balancier, sans doute, après des années de castings scabreux et d'actrices qui couchaient pour réussir. Si l'on veut. Mais, surtout, participation à la curée générale contre un patriarcat plus ou moins fantasmé et des « violences-faites-aux-femmes » souvent difficiles à établir. Toute la Croisette bruisse de la pétition d'Adèle Haenel : ces dames fouleront le tapis rouge en robe fendue et tous bijoux dehors, mais surtout pas pour plaire aux hommes, hein, attention. Salauds !

Maïwenn, elle, a réalisé un beau film (à en juger par la bande-annonce), Jeanne du Barry, dans lequel elle interprète le rôle éponyme, et Johnny Depp Louis XV. Objectivement, c'est une bonne idée d'avoir choisi un acteur cabotin, au visage marqué par l'excès, pour jouer le Bien-Aimé. Elle-même, dans le rôle de cette fille partie de rien, aussi belle qu'intelligente, amoureuse du plaisir et de la vie, semble tout à fait crédible. Oui, mais voilà, Konbini, mètre étalon de la bêtise crasse et de la soumission woke, a décodé le film pour nous. Des « Décodeurs » du Monde aux commentateurs de Konbini, c'est une manie, décidément, de nous dire ce qu'il faut penser. D'abord, l'intrigue, qui montre une femme jouant de ses charmes pour se tailler une place au soleil, serait « puante ». Ben voyons ! Protégée par des hommes plus âgés, multipliant les amants, elle finit par être présentée au roi. Bon. Et si cette vie, que des esprits étroits jugeraient dissolue et ambitieuse, était son choix ? L'auteur de l'article ne s'est pas posé la question. D'ailleurs, cet homme qui écrit pour Konbini, Arthur Cios, n'ayant pas d'utérus, peut-il avoir une opinion sur les femmes ? Quel théorème gauchiste l'emporte, dans ce cas précis ? On ne sait pas. On attend Les Décodeurs.

Plus grave : en 2022, Johnny Depp a été accusé de violences conjugales par son ex-femme, Amber Heard. Il s'est avéré que cette actrice, manipulatrice, ultra-violente elle-même, était loin d'être une oie blanche - mais c'est une femme, donc ce n'est pas pareil, sans doute. C'est ça, la parité : c'est quand les femmes ont toujours raison a priori. Maïwenn, elle, a mis une taloche à Edwy Plenel (BV en a déjà parlé), pour des raisons qui lui appartiennent, et ce dernier a d'ailleurs porté plainte contre elle. Bref, ce film n'est pas seulement nauséabond dans son intrigue, il est également joué par des gens violents. Bon, d'accord. Et à part ça, c'est un bon film ? Du bout des lèvres, Konbini doit bien reconnaître que oui. C'est tout ce que l'on voulait savoir.

L'histoire de Jeanne du Barry commence comme une comédie de Labiche et se termine comme une tragédie de Sophocle. Ses derniers moments (« Encore un moment, monsieur le bourreau ! ») sont bouleversants, tandis que sa légèreté et son goût de la vie sont bien français, pour le meilleur et pour le pire. Contrairement à tant d'anciennes gourgandines, elle n'a jamais joué à la puritaine : comportement dont certaines actrices pourraient utilement s'inspirer. Contrairement à tant de gens du sérail, à la Cour en 1768 comme au cinéma en 2023, elle est arrivée toute seule aux marches du trône parce qu'elle était jeune, belle et brillante. Autant de qualificatifs qu'on peine à trouver chez les pisse-froid du 7e art. Nous attendons avec impatience un nouveau retour de balancier, vers plus de légèreté, moins de dictature et de haine entre les sexes : un retour de l'esprit de galanterie, dans sa double acception de politesse prévenante et de séduction légère. Et bravo Maïwenn !

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17 mai 2023

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19 commentaires

  1. La gauche réformiste, tu parles, progressiste, tu parles, sectaires, assurément, mais qu’elle dégage on étouffe, vive la liberté mais sans elle!

  2. Kombini un ramassis d extrémiste wokistes islamo fascistes nauséabond crétins imbéciles tartuffes qui ne représente rien sinon une idéologique de débiles mentaux

  3. Maïwenn a tiré les cheveux d’Edwy Plenel. Le pauvre chéri a porté plainte. Dans les temps obscurs, ça se serait réglé à l’aube, sur le pré, à l’épée ou au pistolet. Aujourd’hui, on court se réfugier sous les jupes des juges. Quelle déchéance !

  4. P’tit queue de cheval et « star » quasi mutique pour Louis le bien aimé…ils ne reculent, décidément, devant rien, pauvre Johnny Depp !

  5. On devrait édifier un Panthéon de la bêtise , je suis poli, serait-il suffisamment grand pour y déposer les dépouilles de ces imbéciles notoires? J’en doute.
    Cannes, il y a longtemps que j’en suis devenu hermétique, idem les César. Une belle randonnée dans le silence et la beauté montagnarde loin de cette déchéance humaine n’a pas d’égal!

  6. Excellent article, bravo et félicitations à cette jeune femme réalisatrice et actrice,  » MaÏwenne ».

  7. Oh ! Monsieur Florac, comment à l’heure du wokisme et de la détestation des hommes par les femmes osez-vous écrire : elle est arrivée toute seule aux marches du trône parce qu’elle était jeune, belle et brillante ? Serait-ce que moi qui suis vieille, moche et terne ne pourrais réussir ? Faites-vous de la vieillophobie, de la mochophobie et de la ternophobie ? Attention à vous, certaines « féministes » veillent, vous savez celles qui sont devenues idiotes depuis quelques années et qui pensent que les droits de l’Homme les excluent, celles qui n’ont pas remarqué que les hommes sans majuscule désignent les mâles, et que les Hommes avec majuscule, les incluent.

  8. Est ce qu un jour tout ces bien pensants comprendront qu il est impossible de juger moralement les gens de l époque à l aune de la notre, si différente et de plus en plus délirante… si il avaient du vivre dans leurs conditions, peut être auraient ils fait de même, qui sait…

  9. Le 7eme art ….Netflix s’en prévaut, donc pour expliquer ce qu’est Netflix voici une synthèse :

    Le camp du bien représenté par des acteurs blacks , LGBT ( mixité raciale est un plus ..) victimes de leurs origines et de l’esclavage, toujours honnêtes , impartiaux , respectueux de lois et des autres , altruistes, travailleurs , défenseurs de la veuve ( noire ) et des nombreux orphelins
    Le camp,du mal représenté par des blancs , hétéro , fumeurs , alcooliques, racistes , xénophobes, violeurs , flics ripoux ou délinquants sans foi ni loi , religieux pédophile , parents indignes , membres de milice type kkk

  10. J’irai voir le film, ne serait-ce que pour J Deep que j ‘aime beaucoup. Et j’ espère qu’il fera un carton, pour clouer les becs de tous les gauchos progressistes qui croient pouvoir penser pour nous.

  11. Je me contenterai de ceci ;
    Le Festival du Film WOKE de Cannes !
    C’est comme les Césars, c’est NON !
    Tous ces bobo-gaucho américains ou européens qui se congratulent, quand ils ne s’insultent pas…
    Tous ces gens-là ont depuis longtemps « tué le rêve », ils récoltent aujourd’hui l’indifférence, voire le dégoût !
    Si jamais « le rêve » vient à passer, il fait les frais de leur wokisme aiguë, ils faut encore qu’ils le détruisent !
    Ces gens-là me laissent indifférent, je ne regarde que des films anciens, ou éventuellement des productions à feuilletons, telles Downton Abbey, ou cette super production chinoise sur la vie d’un empereur, de l’amour de sa vie, et de ses concubines, quelques fois meurtrières.

  12. Cannes qui était un festival authentique au temps ou Georges Simenon était président du jury lorsque la Dolce Vita de Fellini a eu la palme d’Or, est devenu un lieu de discussion sans fin et de récréminations woke et féministes .
    Donc aucun interêt .

  13. franchement, quel intérêt de parler de ce haut lieu du fric facile, de la manipulation idéologiques, de la mondialisation « woke » er financière, de l’égocentisme et des perversions morales et sociétales?

  14. Dans un autre domaine, le discours d’ouverture du festival par la fille de Catherine Deneuve, l’inévitable rappel du premier festival en 1939 à la veille de la seconde guerre mondiale ,et de la nécessité du cinéma pour dénoncer les dérives et menaces encourues par la liberté et la démocratie .
    Le milieu du spectacle comme ultime espace d’expression libre ,ben voyons, chacun sait que ces milieux sont des lieux de libertés et ne correspondent pas à des codes imposés par le politiquement correct ,comme l’analyse si bien cet article !

  15. Bravo pour cet article. Je suis une femme et j’aimerai, et meme je veux, qu’on arrête de me dire comment je dois me comporter, ce que je dois accepter … ou pas d’un homme. Je n’ai pas entendu tous ces bobo gauchistes, ces artistes féministes gauchos qui vivent dans un monde où elles ne risquent rien (à part un faux pli à la robe ou un faux cil de travers) pour m’expliquer la vie. Au lieu d’apaiser les choses, on arrête pas d’allumer des feux pour pourrir les relations entre les hommes et les femmes. Tous les hommes ne sont pas pourris et toutes les femmes ne sont pas des saintes. Sur cette terre rien n’est tout blanc ou tout noir mais s’exprime des centaines de nuances de gris. Respections les. C’est cela la vraie tolérance. Et bravo à Maiwenn pour la baffe à Plenel. Qu’est ce que j’aurais aimé en faire autant. Il devrait être content c’est ça l’égalité : une femme qui met une grande claque bien méritée à un homme mais pas parce que c’est un homme mais parce que c’est un pourri.

    1. Bravo, tout est dit. Vous resumez parfaitement le ras le bol que ressentent de plus en plus d’hommes et de femmes face aux leçons de morale de ces gauchos progressistes.

  16. S’il est vrai qu’il y a des manipulatrices fausses victimes de violences conjugales, il est également vrai que ces violences font de réelles victimes — dont j’ai fait partie dans le passé. Mais globalement, tout n’étant ni tout blanc ni tout noir, assez souvent les torts sont partagés. L’important c’est que Jeanne du Barry ait volontairement choisi cette vie et puis elle n’est ni la première ni la dernière à jouer de ses charmes pour arriver à ses fins. Et j’aime le cinéma de Maïwenn, derrière et devant la caméra.

  17. Un très grand merci, Monsieur, de ne pas avoir écrit votre article au futur comme tous vos confrères écrivains et journalistes. Nous sommes désormais dotés d’un « futur historique » devenu inévitable.
    Un tout petit reproche, néanmoins, vous ne dites pas grand chose et pour ainsi dire rien, du film dont le titre suscite une méfiance primaire

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