La future réforme des retraites, lancée par Emmanuel Macron, a été dévoilée par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites. Elle prévoit l'unification des régimes, le remplacement du système par annuités par un système par points : ces mesures sont déjà contestées.

Pour Boulevard Voltaire, Jacques Bichot détaille le projet du gouvernement et ses conséquences pour les retraités.

Le gouvernement vient d’annoncer ses premières intentions concernant nos retraités. Les retraités vont-ils, comme promis, subir de plein fouet la nouvelle politique d’Emmanuel Macron ?

On ne peut pas réellement dire qu’ils vont subir de plein fouet cette politique. La réalité est que le système de retraite va encore plus, à l’avenir, connaître des difficultés financières. Que l’on ait ce genre de système ou un autre, ça ne changera rien.
Ce qui est intéressant dans la réforme en question, c’est le passage aux points avec, on peut l’espérer, un système de neutralité actuarielle. Pour l’instant, néanmoins, le choix de la neutralité actuarielle ne paraît pas avoir été clairement fait.

Pouvez-vous nous détailler ce nouveau système ?

Ce nouveau système va ressembler à ce qui existe à l’AGIRC-ARRCO. La plupart des Français connaissent bien ce système, car ils y sont adhérents. C’est un système de points dans lequel, à chaque fois que vous cotisez, vous obtenez un certain nombre de points en fonction de sa valeur. On calcule, ensuite, la retraite à partir du nombre de points.
Quand on veut avoir un régime avec une neutralité actuarielle, on utilise un calcul en deux temps. Dans un premier temps, on calcule la pension comme si vous alliez partir le jour où vous avez l’âge pivot. Dans un deuxième temps, on vous applique un coefficient actuariel supérieur ou inférieur à l’unité selon que vous partez, un peu plus tard ou un peu plus tôt, pour calculer le montant exact de la pension. Il faut avouer que Delevoye n’est pas vraiment clair. Il a l’air de vouloir faire un système de bricolage comme celui de l’AGIRC-ARRCO.

Cela fait quelque temps qu’on parle de cette transition de régime de retraite.
Les générations futures seront-elles toutes égales devant ce nouveau système ?

La réforme ne sacrifiera pas de génération. En revanche, il y a une génération qui n’aura évidemment pas une bonne retraite, car elle a fait peu d’enfants. Ce n’est pas les règles en matière de retraite qui font cela. Rappelons que la génération des baby-boomers, celle qui payait les retraites de leurs parents, a fait peu d’enfants. Par conséquent, il y aura moins de cotisants, proportionnellement aux retraités.
De plus, la longévité ne cesse de s’allonger. Si on ne repousse pas de manière importante l’âge de la retraite, il y aura des difficultés.
Il y a deux manières de repousser l’âge de la retraite. Soit vous introduisez un taux pivot et vous laissez les gens faire eux-mêmes le calcul de leur retraite. Ils s’apercevront que s’ils partent avant l’âge pivot, alors ils n’auront pas assez. Soit vous mettez la contrainte de ne pas partir avant 63 ans, sinon ils auront une pénalité. Ce système semble être le préféré de Delevoye et peut-être du gouvernement. C’est un système brutal et pas sympathique par rapport à celui qu’utilisent des pays évolués comme la Suède, les États-Unis, etc.

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12 octobre 2018 à 16:15

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