Isidore nous prend au mot… effort

Pas de réussite sans effort, c’est mathématique ! Et en maths, la France a le bonnet d’âne. Dernière d’Europe et du monde*.

Selon le dictionnaire, l’effort désigne la volonté de mobiliser ses forces physiques, intellectuelles, morales pour vaincre une résistance, résoudre une difficulté, qu’il s’agisse de soulever un fardeau, apprendre, comprendre, progresser, etc.

Il est étonnant de voir comme le culte de l’effort est salué, vanté, aimé à l’unanimité quand il s’agit de sport ; mais dénigré, dépassé, démodé quand il s’agit de l’école.

Un sportif qui souffre à l’entraînement, c’est beau, c’est bien. Un écolier qui souffre en apprenant, c’est de la maltraitance. L’effort mental serait-il devenu mauvais pour la santé de nos enfants ? C’est sans doute que les écoliers sont trop jeunes. Un peu comme pour le vin, interdit aux enfants, réservé aux adultes.

Non, Il faut vraiment que le ministre des Sports et celui de l’Éducation nationale se parlent. Pauvres pédagogistes et autres spécialistes de l’instruction ! Par tous les moyens, ils tentent de faire de l’apprentissage scolaire un jeu. D’instaurer le tout ludique.

Ils se sont, aussi, mis en tête de simplifier l’orthographe et la grammaire, lesquelles ont une influence directe sur la compréhension des maths. Il faut que quelqu’un leur dise d’arrêter. Si notre langue est si riche, n’est-ce pas autant de richesses pour l’esprit de celui qui l’apprend. Ce français nous a permis d’avoir, pendant longtemps, une des meilleures instructions du monde. Et les meilleurs résultats dans la vie économique, scientifique et sociale. Mais ça, c’était avant.

Nos vieux parents nous avaient bien dit que le bonheur passait par le culte de l’effort. Ils auraient tout faux, aujourd’hui ? Et si c’était la faute au progrès - pardon, la faute du progrès - qui installe partout le confort ? N’est-ce pas lui qui aurait insidieusement donné au culte de l’effort un sens archaïque, désuet… réactionnaire ?

Nos sociétés modernes suppriment, en effet, les tâches répétitives ou pénibles. On voit même les professionnels du marketing chercher, en permanence, le nouveau produit qui éliminera un à un tout ce qui demande un effort. Après la télécommande, les rideaux automatiques, ce sera bientôt le robot qui viendra vous servir l’apéritif dans votre canapé. Attention, quand même, aux escarres.

À quand la tablette connectée sur le cerveau ? Greffée, même. On y va tout droit. Génial ! Plus rien à apprendre, puisque Google nous dira tout. Et moi, ringard, qui regrette encore le temps des poésies et de l’apprentissage par cœur. J’aurais tant aimé que ça dure, au moins jusqu’au baccalauréat.

Revenons à l’école. Ajoutons au tout ludique l’éducation de l’enfant roi à qui rien n’est refusé. Le cocktail était d’avance explosif. Il a explosé ! La vie de combien de parents est devenue un enfer ! De l'enfant gâté à l'enfant tyran, toutes les étapes ont été franchies.

Entre la théorie de l’enfant qui est une personne à qui il faut laisser choisir et décider ce qu’il veut apprendre sans le brusquer et le « jouissez sans entraves » de Mai 68, les dégâts sont là. Catastrophiques !

Psychologues et psychanalystes l’affirment : « Loin d’être une preuve d’amour, cette forme d’éducation s’est révélée un aveu de faiblesse ressenti par l’enfant lui-même qui le fait payer très cher et sans tarder. » Tous les spécialistes sont, désormais, d’accord aujourd’hui sur ce point : l’enfant doit apprendre la frustration et l’obéissance, et cultiver le sens de l’effort dès son plus jeune âge.

« Mais on revient en arrière, c’est conservateur », continueront à hurler les progressistes. Progresser, n’est-ce pas, aussi, savoir se remettre en cause, revenir à une ancienne méthode qui a fait ses preuves. C’est, pourtant, la seule solution si on ne veut pas faire de ces petits des tyrans incultes, puis des adultes invivables et associables.

Selon la majorité des témoignages, les parents exigeants (à condition d’être attentifs et affectueux) sont souvent récompensés plus tard par des enfants respectueux, aimants et fidèles, à l’inverse des enfants gâtés.

Disons-le tout haut aux fonctionnaires de l’Instruction nationale (instruction et pas éducation, et pas rééducation non plus, s’il vous plaît !) : vive le culte de l’effort ! Car, dit-on, « quand l’effort est fait, l’effet est fort ».

* Selon plusieurs études internationales récentes (dont TIMMS), les élèves français en classe de CM1 et en 4e sont, en maths et en sciences, parmi les moins bons de l'Union européenne, mais aussi dans le monde.

Isidore
Isidore
Chroniqueur

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