Le canard est un oiseau palmipède (anatidé), au bec large, aux ailes longues et pointues. Depuis le XVIIIe siècle, le terme désigne aussi un journal. Cela vient du surnom « canard » que l’on donnait aux gens trop bavards et, par la suite, aux journaux peu crédibles et à la presse en général.

La plume est sans doute l’arme de destruction politique la plus puissante. Un certain Canard le sait. Il en vit, il en mange. La mauvaise foi de ce Canard n’existe pas. Toujours en chasse, prêt à tirer.

Le Canard enchaîné a « tué » Giscard et Fillon. Cela fait beaucoup. Et, comme par hasard, un Président et possible futur président de la République, deux hommes de droite qui ont échoué à leur élection (ou réélection) présidentielle, jetés de manière lamentable par un vilain petit canard qui, sous son air innocent, est d’une grande barbarie.

C’est chaque fois le même scénario ou presque. À la fin de son septennat, Valéry Giscard d'Estaing, encore assez populaire*, est, selon les sondages, sûr de remporter sa prochaine réélection présidentielle. C’est sans compter sur Le Canard enchaîné. Comment, enfin, canarder la droite ? Par un scandale, bien sûr ! Et le grand Canard, qui se nourrit dans les ordures, sait toujours trouver un cancan… Il suffit de piocher dans la réserve. Sinon, comment Le Canard serait-il toujours vivant ?

Giscard aime l’Afrique, où il se rend souvent. Il a soutenu Bokassa, le fantasque empereur qui lui avait offert des diamants. C’est une coutume.

Bien longtemps avant, avant même d’être Président, Giscard avait reçu un échantillon de la production de l'école de taille de pierre qu'avait créée Bokassa à Bangui (Centrafrique). Un cadeau généralement réservé à ses hôtes de marque. Pas de quoi casser trois pattes à un canard.

Le cadeau datait donc de 1973. Giscard était encore ministre des Finances sous Pompidou. On saura plus tard qu’il aura rangé négligemment ces pierres sans grande valeur dans un tiroir. Mais le volatile enchaîné attend 1979 pour se déchaîner et jeter le pavé dans la mare, soit le début de la campagne présidentielle. Bokassa a été renversé du pouvoir et les relations entre les deux pays se sont dégradées. Cela sent déjà l’entourloupe, le ragot et le Canard WC à plein nez !
Il ne reste plus qu’à augmenter la valeur des diamants : « un million de francs » ! Allons-y, qu’est-ce qu’on risque ? Rien ! C’est bien ça, qui est triste. Et Giscard commet la pire erreur. Au lieu de s’expliquer, il se tait. Ça lui glisse dessus comme sur les plumes d’un canard. Il refuse de s’abaisser à ces attaques de basse-cour et persiste dans le silence. Le doute s’installe dans le peuple. Les grands médias cancanent à leur tour et donnent le coup de pied de l’âne.

Quant à François Fillon, tout le monde sait la manière dont Le Canard lui a volé dans les plumes, juste pour faire perdre un Président de droite.

Morale de l’histoire : il ne faut jamais prendre un journal sauvage pour un enfant du bon Dieu.

*NDLR : en avril 1980, un an avant l'élection présidentielle, 45 % des Français étaient satisfaits de Valéry Giscard d'Estaing (sondage IFOP). À titre de comparaison, Nicolas Sarkozy était à 28 %, en avril 2011, et François Hollande à 14 %, en avril 2016.

6741 vues

07 décembre 2020 à 11:12

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.