Interdiction de Millésime K : on imagine que pour le monde de la culture, le rap doit rester une musique de racailles

Capture d’écran 2023-03-17 à 16.12.43
La gauche croit encore être le camp de la modernité. Cela en devient gênant, à la manière d'une octogénaire en string qui se promènerait au bord d'une plage en se prenant pour Ava Gardner. On ne sait pas bien comment lui dire que c'est fini, maintenant, et qu'il faut rentrer. Voyez la culture, par exemple : la gauche continue à trouver subversif de donner du prix à la laideur. Scotcher des bananes sur un mur : sublime ! Composer de la musique avec des robinets : grandiose ! Ça fait un siècle que le message a remplacé la beauté. On connaît très bien ces nouvelles formes d'art, qui permettent à des profiteurs de spéculer sur des imposteurs. Et pendant ce temps, les veaux paient leur ticket pour aller au musée, s'esbaudir devant des excréments.
Dans cet art dit « mineur » qu'est la chanson (souvenez-vous de l'altercation célèbre entre Serge Gainsbourg et Guy Béart sur ce sujet), c'est pareil. La gauche continue à penser que ses grilles de lecture, qui ont toutes au moins quarante ans, sont opérantes. C'est elle qui explique, ou pense expliquer, à quoi correspond précisément chaque genre musical. La « variété française » ? Il faut que ce soit de la soupe, avec des messages simples, chantés par des femmes blanches privilégiées (le wokisme est un plus). Le R'n'B ? Il faut des mélodies narcotiques, des rythmes lourds mais simples, chantés par des femmes noires peu vêtues (l'obscénité est un plus).
Et le rap ? C'est moins linéaire, car le rap est désormais une vieille musique. Il y a aussi loin du premier album d'IAM au dernier album de Médine (quoi que ce dernier en pense) que d'un big band des années 1920 à un album de jazz électro de Miles Davis. Toutefois, pour le monde des gens bien, le rap doit absolument rester une sous-culture : un rappeur, c'est un « jeune » (issu, pléonastiquement, de la « diversité ») qui porte un survêtement, ne sait pas chanter (mais sera corrigé à l'Auto-Tune™) et parle d'un petit nombre de sujets : l'argent facile, le trafic de drogue, les grosses voitures, les filles faciles, la haine de la France et de la plupart de ses symboles. Pour ajouter une pincée de harissa, on ajoute quelques mots d'arabe et même des références à l'islam. Et hop, ça part dans les bacs, comme on disait autrefois.
Dans ces conditions, les élèves de 5e du collège Sophie-Germain de Strasbourg ont tout compris. Dans le cadre de leurs « vacances apprenantes », ils ont réalisé, avec un surveillant, un clip tourné dans leur établissement. Ils cassent des tables, se mettent en scène en reprenant les codes du rap contemporain et parlent de flingues prêts à servir et de shit à découper, sous l'œil des guetteurs. Leurs voix d'adolescents, enfantines, mal assurées, en pleine mue, rendent ce chef-d'œuvre particulièrement choquant : alors c'est ça, le collège public ? Sont-ce vraiment des « vacances apprenantes » que celles qui consistent à approuver la « culture urbaine » dans ce qu'elle a de plus caricaturalement délinquant ? Les mamans, visiblement issues de cette fameuse diversité, n'en reviennent pas. Mais bon, ça correspond à l'idée que l'on se fait du rap à gauche.
De manière assez amusante, la même semaine, le rappeur Millésime K doit se produire à Marseille. Si vous ne le connaissez pas, allez donc voir ce qu'il fait. Toujours en costume, ce jeune homme blanc, qui se tient loin (et c'est heureux) de la « culture » racaille, n'en possède pas moins un flow impressionnant, notamment sur ce qu'on appelle de la drill, pour ceux qui connaissent. Hélas ! Millésime K est patriote, il aime la France, il déteste les racailles, il connaît notre Histoire... et il le dit. Il n'en fallait pas plus pour que les écologistes marseillais demandent son interdiction - son annulation, pour reprendre le langage wokiste. Selon que vous serez...
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Bon, je n’aime toujours pas le rap et les musiques composées au kilomètre par un ancêtres de chatGPT.
    La France est d’ailleurs devenu une exception culturelle, comme on le souhaitait, mais pas vraiment dans le bon sens.
    Écoutez les radios étrangères et vous comprendrez qu’il n’y a plus qu’en France que le rap est à la mode.
    Mais j’ai écouté Millésime K suite à cet article et il faut reconnaître qu’il vol très au dessus de la mêlée des autres rappeurs.
    Déjà, il maîtrise la grammaire, en suite, il a plus de 200 mots de vocabulaire et enfin, ses paroles sont intéressantes.
    Par contre, il a aussi cette tendance à ne pas arrêter de parler de lui et de son succès avec un gros égo comme le font les autres.

  2. Même si n’appréciant toujours pas ce style de musique, je me dois de reconnaitre que le clip de « Millesime K » est bien loin des horreurs que l’on entend d’habitude. Mais effectivement, prôner les valeurs rurales de travail et de convivialité sont à l’opposé du chaos que « l’intelligentsia » veut imposer. Comme d’habitude, cette gauche morale qui n’a que « liberté » à la bouche montre bien son entre-soi et sa détestation de l’autre.

  3. Le Rap ? vous alignez dix mots , répétez à souhait , accompagné par un tam-tam , et voilà l’affaire est entendue !!! Hélas si cette musique dépravée n’était écoutée que par des simples d’esprit , mais voilà que notre jeunesse s’en gave , et là c’est plus problématique .

  4. Merci de nous (en tout cas à moi) avoir fait découvrir Millesime K. Je suis un rural, je me reconnais tout à fait dans son texte (mais je n’aime toujours pas le rap).

  5. Mais quelle honte de tenir des propos pareils sans connaissance des codes et diversités qu’offrent un style musical.On ne reproche pas à millésime K ce qu’il est mais ce qu’il fait la manière dont il le fait qui est d’une médiocrité sans nom. Ses idéaux quant à eux sont simplement en contradiction avec la musique qu’il pratique ce qui interroge les auditeurs de rap et en réalité je pense cache de sa part un profond mépris de cet art qu’il emploi simplement car il n’a pas les capacités mentales pour pratiquer un autre art et qu’il pense que le rap c’est pas compliqué alors que bien au contraire c’est une discipline où si l’on veut y exceller nécessite du temps et de la passion ce qui n’est pas le cas de ce méprisable personnage

    • J’ai 67 ans et j’ai suivi, comme vous, et sans à priori , le Rap depuis son origine , un genre d’expression venu des EU qui était aussi bien dansé à travers le hip hop que débité par le « flow  » ou flux de parole qui était dfifférent d’un interprète à l’autre . On ne va pas revenir aux genèses , mais la haine des blancs ou celle de l’amérique n’était pas l’unique propos du début mais plutôt un constat de la dure vie dans les ghettos , la dénonciation des lois qui les régissaient et la fatalité de ne pouvoir en sortir . Le Rap n’est pas complètement à rejeter, mais il subit la récupération des partis politiques de gauche qui à force de démagogie ont enfermé le genre dans le ghetto des quartiers. Hors dans ces quartiers les rappeurs qui s’en revendiquent se complaisent dans la gloriole du deal ,du fric , de la haine de la patrie et accessoirement du communautarisme , alors qu’à ses début le rap avait une portée plutôt émancipatrice ! Un peu à l’image du Raï maghrébin . On sait ce qu’il est advenu de ce mouvement avec l’avènement de l’islamisme radical en Algérie !

    • Pour assimiler le rap à un style musical, il semble effectivement qu’il soit nécessaire d »avoir connaissance du code de ces litanies pour mentalement défavorisés sur fond de tam-tam. Ce Millésime K. se fourvoie, sans nul doute!

    • Allez, encore un qui se prend pour un spécialiste du rap…
      Mais quand ces grands spécialistes essaient de nous faire connaître ce qu’ils considèrent comme le Orphée de la discipline, on est pris de fou-rire en moins d’une minute.

  6. En ce qui me concerne, le RAP n’est pas de la musique, c’est une façon d’exprimer des pensées pas toujours tendres, souvent brutales, parfois odieuses, voire des appels au meurtre, comme le fait si bien Nike Conrad, quand le rock est arrivé les gens de l’époque criait au scandale, mais que dire du RAP, quand je tombe sur ce machin, j’appuie vite sur une autre touche, mon oreille est agressée par leurs « tubes », rien au niveau musical, seuls les mots changent, bref même la musique suit la dégringolade de cette société en perdition.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois