[Info BV] L’Arcom cherche à nouveau des poux dans la tête de CNews

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Précision ce 22 novembre à 17h : la chaîne CNews n'a pas formellement reçu de mise en demeure de la part de l'Arcom, selon CNews. Et la mesure s'applique, au-delà de la seule CNews, aux radios et télévisions, notamment aux chaînes d'information LCI et BFMTV.

Cette nouvelle règle concerne cependant par nature davantage CNews car son offre éditoriale compte essentiellement des plateaux de débats. L'Arcom n'a pour l'instant pas pu être joint. Ces précisions donnent lieu à des modifications dans le texte qui suit.

Sans bruit, en coulisses, l’autorité de régulation des médias Arcom (ex-CSA) resserre l’étau autour de la chaîne d’information CNews. Aucune communication officielle n'a pour l’instant franchi les murs de la maison. Interrogé par BV, le gendarme des médias n’a pour l'instant pas répondu. De son côté, CNews fait profil bas : « On ne communique pas pour le moment. On essaie de régler le problème avec l’Arcom », glisse une porte-parole.

Selon nos informations, CNews est contrainte de classer en temps de parole politique (donc limité et équilibré entre les partis) les propos tenus à l'antenne d'une dizaine de personnalités habituées de ses plateaux. Cette nouvelle règle s'applique aussi à ses concurrentes LCI et BFMTV, mais les deux chaînes proposent moins de plateaux de débats et sont donc moins concernées a priori. La nouvelle règle s’appliquerait à compter du 14 novembre. La mesure pourrait aboutir à écarter certaines personnalités de l'antenne. Furieuses, elles commencent à s’exprimer.

« Un homme politique d'un genre nouveau »

Tour à tour, l’économiste, haut fonctionnaire et polémiste Jean Messiha et le politologue Guillaume Bigot, président du mouvement France souveraine, se sont défendus. Jean Messiha a ainsi publié sur X une vidéo, le 20 novembre à 18 heures, à sa sortie du siège de la police judiciaire de Paris où il était convoqué dans le cadre de l’affaire de la cagnotte au policier auteur du tir fatal sur le jeune Nahel. Entouré de ses deux avocats, il évoque incidemment les exigences de l’Arcom. « Je découvre […] qu’il y a deux jours, l’Arcom a décidé de me classer comme personnalité politique de droite !, tempête Messiha. Et de décompter mon temps de parole d’un courant de droite virtuelle, ce qui revient à faire de moi un homme politique d’un genre nouveau, sans parti politique, sans mandat électif et sans aucune candidature à aucune élection. »

Le président du cercle de réflexion Vivre français reste un politique, estime l’Arcom : son temps de parole doit être décompté de celui des élus divers droite. « La conséquence de tout cela, c’est que, classé à droite, je ne peux plus parler, estime Jean Messiha. C’est une censure, un musellement ou, en tout cas, une tentative : mes plateaux (sur CNews) sont annulés jusqu’à nouvel ordre. » Pour lui, c’est simple : « On cherche à me faire taire. »

Même son de cloche chez Guillaume Bigot, furieux lui aussi. Parmi la dizaine de noms problématiques sur la liste de l’Arcom, « certains ont accepté de donner un coup de main juridique à un véritable parti politique il y a plus de dix ans, admet Guillaume Bigot dans une communication diffusée sur X, mais cela suffit pour l’Arcom à faire d’eux des porte-drapeaux de ce parti politique ». Dans cette liste, « on compte également des élus municipaux sans étiquette, mais on doit veiller au temps de parole du "sans-étiquetisme", c’est original, c’est une percée conceptuelle, persiffle l’éditorialiste de CNews. Décidément, la Macronie ne déçoit jamais. » Et pourtant… son mouvement France souveraine « n’est pas du tout dans un processus électoral pour l’instant », précise Guillaume Bigot, qui a choisi de se soumettre. Élu en septembre 2021 à la présidence de France souveraine, il a donné sa démission pour rester éditorialiste et politologue à CNews.

Menaces

Une énième tracasserie mise en travers d’une chaîne qui monte, bat ses propres records d’audience et dérange le gouvernement. Dans une intervention sur France Inter, le 9 février dernier, le ministre de la culture Rima Abdul-Malak avait carrément menacé CNews et sa soeur C8, les deux chaînes gratuites du groupe Bolloré, de supprimer leur fréquence, C8 cumulant plusieurs amendes de 3 à 4 millions d’euros chacune : « C'est le rôle de l'Arcom, au moment de faire le bilan de ses obligations, de vérifier qu'elles ont bien été respectées pour pouvoir ensuite évaluer si la reconduction de cette fréquence est justifiée ou pas. » Une menace de fermeture de l'antenne pour réattribuer l'exploitation, le cas échéant, à un autre propriétaire. Dans Le Monde, mi-janvier, le ministre avait déjà invité l'Arcom à « regarder comment [C8 et CNews] ont respecté [leurs] obligations » au moment de l’analyse de leur bilan en 2025 pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion. L’affaire des menaces ministérielles avait atteint les bancs de l’Assemblée. Le 14 février, le député de l’Ain et conseiller régional (LR) Auvergne-Rhône-Alpes Xavier Breton lançait au ministre en séance : « De très nombreuses personnes ont été choquées par les menaces que vous avez formulées à l’encontre des chaînes C8 et CNews. » CNews et C8 le savent : elles sont sur la sellette. Rien ne leur sera pardonné.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

122 commentaires

  1. Pourquoi donc s’obstiner à classer les lecteurs, auditeurs ou éditorialistes en droite ou gauche? Je rêve pour commencer de placer les parlementaires dans les hémicycles par ordre alphabétique en tirant au sort la première lettre (voilà une idée à soumettre aux présidents des deux chambres pour un meilleur fonctionnement du système). Ce n’est pas en imposant ces obligations de temps de parole dans les medias que l’on va augmenter le taux de participation aux prochaines élections.

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